mercredi 11 juillet 2007
Paru dans Rousseau, die Revolution und der junge Hegel, publié par Hans Friedrich FULDA et Rolf-Peter HORSTMANN, Stuttgart, Klett-Cotta, 1991, pp. 74-93.
Document en version française (dhondt1991e-fr.pdf) téléchargeable ci-dessous.
[Extrait]
(...) L’illusion de Rousseau selon laquelle l’essence de l’homme est une liberté indéterminée se complète, ou peut-être même s’aggrave, dans l’illusion de Hegel selon laquelle les révolutionnaires français luttèrent, souvent moururent, et au besoin firent mourir les autres, pour cette liberté indéterminée, ainsi que pour une « égalité » ou une « vertu » également abstraite.
En réalité, sous les termes généraux de liberté et d’égalité, qui ne manquaient pas de signification concrète dans cette généralité même, ils ne posaient pas tous le même contenu. Chacun savait très bien ce qu’il cherchait. La liberté du roi, pour le roi, n’était pas la liberté de la noblesse, telle que celle-ci l’entendait. La liberté du financier ne ressemblait pas exactement à celle du savetier. Le paysan sentait bien en quoi précisément il désirait être libre. Le manouvrier pressentait vaguement ce que pourrait être sa liberté à lui. Beaucoup de jeunes filles voulaient surtout gagner le droit de choisir librement leur époux...
Aussi bien toutes ces libertés, et déjà dans la représentation subjective, entraient-elles en conflits, qui devinrent vite violents. Encore ne savaient-ils tous qu’à moitié ce qu’ils faisaient, ce qui permet de leur pardonner beaucoup.
Reste qu’il serait hasardeux de croire qu’ils n’étaient mobilisés que par des idées générales. (...)
N.B. : n’hésitez pas à nous signaler les fautes et coquilles que vous constateriez !