Société chauvinoise de philosophie http://www.philosophie-chauvigny.org/ <div style="text-align:right;"> <strong class="spip">> > P</strong>our consulter <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique2" class="spip_in">l'agenda</a> et le détail de nos <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?breve7" class="spip_in">programmes</a>.</div> <hr class="spip" /> <p class="spip"><strong class="spip">PRESENTATION : La Société chauvinoise de philosophie</strong></p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><span class='spip_document_82 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;'> <img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/png/minerva.png' width="183" height="300" alt="Minerve (Poitiers, Ier s.)" title="Minerve (Poitiers, Ier s.)" /> </span>Formée à Chauvigny (F-86300) en 1995 par un groupe d'amis et d'étudiants, la Société chauvinoise de philosophie (<a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article5" class="spip_in">association loi de 1901</a>) a pour vocation d'accueillir et favoriser les rencontres entre spécialistes, institutions de recherche et tous publics.</p> <p class="spip">Ses activités se développent à présent autour de quatre axes principaux :</p> <p class="spip">1. Sous forme de conférences publiques ;</p> <p class="spip">2. Dans des <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique3" class="spip_in">programmes suivis de recherches thématiques</a> (orientés principalement sur les problématiques modernes et contemporaines en histoire des idées) ;</p> <p class="spip">3. Par des colloques <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique2" class="spip_in">ponctuels</a> (<a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique31" class="spip_in">> Appels à contributions</a>), en relation directe ou non avec les programmes thématiques ;</p> <p class="spip">4. La mise à disposition publique de ressources documentaires sur divers supports (dont le présent site, amené à se développer, est l'une des manifestations, avec notamment les <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique4" class="spip_in">Publications électroniques de la S.C.P.</a>).</p> <p class="spip">La S.C.P. publie également un bulletin, hors commerce, distribué aux <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article10" class="spip_in">cotisants</a>. Les matériaux des <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique30" class="spip_in">numéros antérieurs</a> sont progressivement mis en ligne.</p> <p class="spip">(<i class="spip">Illustration : statue de Minerve découverte à Poitiers (Ier s.), Musée Sainte-Croix</i>)</p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><strong class="spip">Un bref « historique »</strong></p> <hr class="spip" /> <p class="spip">Il est impossible de faire ici la liste des tous les chercheurs qui nous ont fait l'amitié de répondre à nos invitations.</p> <p class="spip">Entre 1995 et 2000 la S.C.P. organisait chaque année une série de conférences mensuelles. Ces conférences pouvaient accueillir jusqu'à vingt personnes par séances.</p> <p class="spip">A partir de 2000, un certain nombre d'adhérents ont émis le souhait d'approfondir certains thèmes, certaines notions ; c'est par le souci de répondre à cette demande que nous avons décidé d'organiser chaque semaine des cours libres et gratuits qui accueillent, à chaque séance, une dizaine de personnes. Ce cours s'est interrompu en 2005, pour prendre la forme de <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique9" class="spip_in">séminaires libres</a>.</p> <p class="spip">Parallèlement à cela nous avons organisé, depuis 1995, six colloques, les journées annuelles d'études qui viennent clore l'année de cours, depuis 2000, un cycle de journée d'études autour du thème « <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique21" class="spip_in">médecine et philosophie</a> », débuté un programme intitulé <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique10" class="spip_in">« destinées françaises du marxisme »</a>, qui se prolonge par le groupe de travail <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique36" class="spip_in">Marx 1900. « Politique, science et philosophie »</a>, et un autre sur les rapports entre <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique12" class="spip_in">« histoire de la philosophie et histoire des idées »</a> qui se poursuit dans nos rencontres annuelles sur la réception des Lumières aux <span style="font-variant: small-caps">xix</span><sup>e</sup> et <span style="font-variant: small-caps">xx</span><sup>e</sup> siècles. Nous détaillons l'ensemble de ces manifestations dans les différentes sections du présent site. Enfin, depuis 2007, nous sommes heureux de pouvoir mettre une partie de nos ressources à la disposition de groupes et d'institutions de recherche telles que la <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique20" class="spip_in"><span style="font-variant: small-caps">Société internationale Hegel-Marx</span> pour la pensée dialectique</a>, et la <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique11" class="spip_in">Société internationale <span style="font-variant: small-caps">Dom Deschamps</span></a>.</p> <p class="spip">Nous avons également le plaisir d'accueillir sur le présent site une section destinée à faire connaître les <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique18" class="spip_in">écrits et recherches de M. Jacques D'Hondt</a>.</p> <div style="text-align:center;">*</div> <hr class="spip" /> <p class="spip">Le <strong class="spip"><a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?page=plan" class="spip_out">plan du site</a></strong> est accessible au bas de chaque page, et un moteur de recherche interne est accessible à partir de la <strong class="spip"><a href="http://www.philosophie-chauvigny.org/" class="spip_out">page d'accueil</a></strong>.</p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><strong class="spip">Derniers articles publiés :</strong></p> fr SPIP - www.spip.net Société chauvinoise de philosophie http://philosophie-chauvigny.org/IMG/siteon0.png http://www.philosophie-chauvigny.org/ 200 770 Théorie de la réception : problèmes et études (recueil des actes) http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article91 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article91 2009-05-25T13:37:21Z text/html fr Emmanuel Chubilleau, Eric Puisais > Histoire de la philosophie et histoire des idées Recueils des journées d'études « Histoire de la philosophie et histoire des idées » et « Théorie de la réception : problèmes et études » (EHESS - SCP). <br />Les documents numérisés (pdf) ci-dessous reprennent les contributions réunies lors des deux séances consacrées aux problèmes d'histoire de la philosophie, d'histoire des idées, de théorie de la réception. <br />Le premier document ci-contre réunit les trois communications présentées lors de la séance de 2003 à l'E.H.E.S.S., par Éric Puisais, Jean-Pierre Cavaillé et (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique12" rel="directory">> Histoire de la philosophie et histoire des idées</a> <div class='rss_chapo'><hr class="spip" /> <p class="spip">Recueils des journées d'études « Histoire de la philosophie et histoire des idées » et « Théorie de la réception : problèmes et études » (EHESS - SCP).</p> <p class="spip">Les documents numérisés (pdf) ci-dessous reprennent les contributions réunies lors des deux séances consacrées aux problèmes d'histoire de la philosophie, d'histoire des idées, de théorie de la réception.</p> <hr class="spip" /></div> <div class='rss_texte'><div class='spip_document_130 spip_documents spip_documents_left' style='float:left;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/pdf/SCP_hphi1-2003ehess.pdf" type="application/pdf" title='PDF - 209.4 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-48x52/pdf-dist-48x52.png' width='48' height='52' alt="PDF - 209.4 ko" /></a></div> <p class="spip">Le premier document ci-contre réunit les trois communications présentées lors de la <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article7" class="spip_in">séance de 2003</a> à l'E.H.E.S.S., par Éric Puisais, Jean-Pierre Cavaillé et Dinah Ribard.</p> <div style="text-align:center;">*</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">Prochainement</div> <hr class="spip" /> <p class="spip">Le second document réunit les communications d'Éric Puisais, Iris Boiziau, Emmanuel Chubilleau présentées lors de la séance de juin 2006 à Chauvigny, et qui ont principalement trait à quelques problèmes généraux et méthodologiques de la réception philosophique.</p> <p class="spip">Le troisième et dernier document réunit les communications d'Isabelle Moreau, Nicole Gengoux et Paolo Quintili présentées lors de la même séance chauvinoise de juin 2006 et qui sont trois études de réceptions littéraires et philosophiques, centrées sur les <span style="font-variant: small-caps">xvii</span><sup>e</sup> et <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècles.</p> <div style="text-align:center;">*</div></div> G.W.F. HEGEL La Philosophie de l'histoire http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article102 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article102 2009-05-11T12:14:16Z text/html fr Secrétariat Publications de la S.C.P. et de ses membres Édition réalisée sous la direction de Myriam Bienenstock. <br />Traduction française de Myriam Bienenstock, Christophe Bouton, Jean-Michel Buée, Gilles Marmasse et David Wittmann. <br />Appareil critique de Norbert Waszek. <br />Paris, LGF « La Pochothèque », avril 2009. ISBN 2253088528 <br />« L'histoire mondiale est le progrès dans la conscience de la liberté » : cette leçon magistrale, quintessence de La Philosophie de l'histoire - le livre le plus lu, peut-être aussi le plus discuté de Hegel - sous-tend toute son œuvre. (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique5" rel="directory">Publications de la S.C.P. et de ses membres</a> <img src="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/arton102.png" alt="" align="right" width="90" height="110" class="spip_logos" /> <div class='rss_chapo'><p class="spip">Édition réalisée sous la direction de Myriam Bienenstock.</p> <p class="spip">Traduction française de Myriam Bienenstock, Christophe Bouton, Jean-Michel Buée, Gilles Marmasse et David Wittmann.</p> <p class="spip">Appareil critique de Norbert Waszek.</p> <p class="spip">Paris, LGF « La Pochothèque », avril 2009. ISBN 2253088528</p></div> <div class='rss_texte'><div class='spip_document_129 spip_documents spip_documents_center' > <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/pdf/HEGELpocho.pdf" type="application/pdf" title='PDF - 292.9 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-48x52/pdf-dist-48x52.png' width='48' height='52' alt="PDF - 292.9 ko" /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Couverture Hegel Philosophie de l'histoire</strong></div></div> <hr class="spip" /> <p class="spip">« <i class="spip">L'histoire mondiale est le progrès dans la conscience de la liberté</i> » : cette leçon magistrale, quintessence de <i class="spip">La Philosophie de l'histoire</i> - le livre le plus lu, peut-être aussi le plus discuté de Hegel - sous-tend toute son œuvre.</p> <p class="spip">Hegel donnait régulièrement des cours sur la philosophie de l'histoire, mais ne publia pas ses manuscrits lui-même.</p> <p class="spip">La nouvelle traduction française présentée ici tranche avec les anciennes éditions de l'ouvrage, qui dépendaient de compilations de notes d'origines diverses, faites après la mort de Hegel. Elle a été établie en tenant compte des recherches éditoriales les plus récentes et se fonde sur des manuscrits de Hegel et sur la copie de l'un de ses cours.</p> <p class="spip">Dans un Dossier complémentaire figurent également des extraits d'autres travaux de Hegel sur l'histoire, ainsi qu'un choix de textes rédigés par plusieurs auteurs, contemporains de Hegel mais aussi postérieurs à lui, héritiers ou au contraire adversaires.</p> <p class="spip">Cet ensemble fait de ce volume un exceptionnel instrument de travail sur la philosophie de l'histoire, discipline qui suscite aujourd'hui un net regain d'intérêt, à la mesure de nos questionnements sur l'histoire et sur la politique.</p> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">SOMMAIRE</div> <p class="spip"><span style="font-variant: small-caps">Présentation</span>, par Myriam Bienenstock</p> <div style="text-align:center;"><span style="font-variant: small-caps">Les Introductions manuscrites de Hegel</span></div> <br />— En 1822 (texte revu en 1828) <br />— En 1830-31 <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;"><span style="font-variant: small-caps">Transcription du cours de 1822-23</span></div> <p class="spip"><span style="font-variant: small-caps">Introduction</span></p> <p class="spip"><span style="font-variant: small-caps">Le parcours de l'histoire mondiale</span></p> <p class="spip">Le monde oriental <br />— La Chine <br />— L'Inde <br />— La Perse <br />— L'Égypte</p> <p class="spip">Le monde grec</p> <p class="spip">Le monde romain</p> <p class="spip">Le monde germanique</p> <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;"><span style="font-variant: small-caps">Dossier</span></div> <p class="spip">I. Textes complémentaires de Hegel. Sources et modèles</p> <ul class="spip"><li class="spip"> Dans l'Antiquité</li><li class="spip"> Dans la Bible</li><li class="spip"> Histoire moderne <br />— Hume <br />— Schiller <br />— Herder et Montesquieu <br />— <i class="spip">Principes de la philosophie du droit</i>. L'histoire mondiale</li></ul> <ul class="spip"><li class="spip"> À propos de la France et de la Révolution française (cours de 1831)</li><li class="spip"> Sur la philosophie de la religion (cours de 1831 : extrait)</li></ul> <div style="text-align:center;">*</div> <p class="spip">II Débats d'époque</p> <ul class="spip"><li class="spip"> Lessing, <i class="spip">L'éducation du genre humain</i> (1780 ; extraits)</li><li class="spip"> Kant, <i class="spip">Idée d'une histoire universelle</i> (1784 ; extrait)</li><li class="spip"> Fichte, <i class="spip">La Destination de l'homme</i> (1800 ; extraits)</li><li class="spip"> Schelling, <i class="spip">Système de l'idéalisme transcendantal</i> (1800 ; extrait)</li><li class="spip"> <i class="spip">Doctrine de Saint-Simon</i>. Exposition (1829 ; extrait)</li></ul> <div style="text-align:center;">*</div> <p class="spip">III.Trois grands critiques au <span style="font-variant: small-caps">xix</span><sup>e</sup> siècle</p> <ul class="spip"><li class="spip"> Kierkegaard : <i class="spip">Post-scriptum</i> aux <i class="spip">Miettes philosophiques</i> (1846)</li><li class="spip"> Marx : <br />— <i class="spip">L'Idéologie allemande</i> (1845 ; extraits) <br />— Introduction, <i class="spip">Critique de l'économie politique</i> (1859)</li><li class="spip"> Nietzsche : Seconde <i class="spip">Considération inactuelle</i> (1874 ; extrait)</li></ul> <div style="text-align:center;">*</div> <p class="spip">IV. Quelques positions contemporaines</p> <ul class="spip"><li class="spip"> Joachim Ritter : <i class="spip">Hegel et la révolution française</i> ([1957], 1970)</li><li class="spip"> Norbert Waszek : <i class="spip">Histoire, société civile et processus de civilisation</i> (1998)</li><li class="spip"> Christophe Bouton : <i class="spip">Le Procès de l'histoire</i> (2004)</li><li class="spip"> Bernard Bourgeois : <i class="spip">Hegel et la déraison historique</i> (1989)</li></ul> <div style="text-align:center;">*</div> <p class="spip"><span style="font-variant: small-caps">Appareil critique</span></p> <ul class="spip"><li class="spip"> Liste des abréviations</li><li class="spip"> Notes</li><li class="spip"> Index nominum</li></ul> <hr class="spip" /></div> [J. D'Hondt 1992b-fr] Le meilleur des mondes de Marx http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article100 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article100 2009-04-25T22:38:44Z text/html fr > Table des documents numérisés Le meilleur des mondes de Marx, in Albert Heinekamp, André Robinet (dir.), Leibniz, le meilleur des mondes, table ronde au domaine de Seillac (Loir-et-Cher), 7 au 9 juin 1990, Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Gesellschaft, Centre national de la recherche scientifique, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1992, pp. 271-294. <br />Document en version française (dhondt1992b-fr.pdf) téléchargeable. <br />N.B. : n'hésitez pas à nous signaler les fautes et coquilles que vous constateriez ! <br />[Extraits] <br />« Il ne s'agit donc pas, (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique28" rel="directory">> Table des documents numérisés</a> <div class='rss_chapo'><p class="spip">Le meilleur des mondes de Marx, in Albert Heinekamp, André Robinet (dir.), <i class="spip">Leibniz, le meilleur des mondes</i>, table ronde au domaine de Seillac (Loir-et-Cher), 7 au 9 juin 1990, Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Gesellschaft, Centre national de la recherche scientifique, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1992, pp. 271-294.</p> <div class='spip_document_126 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/pdf/dhondt1992b-fr.pdf" type="application/pdf" title='PDF - 113.9 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/ecrire/img_pack/icones/pdf-dist.png' width='48' height='52' alt='PDF - 113.9 ko' /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>dhondt1992b-fr.pdf</strong></div></div> <p class="spip">Document en version française (dhondt1992b-fr.pdf) téléchargeable.</p> <p class="spip">N.B. : n'hésitez pas à <a href="mailto:e.chubilleau@philosophie-chauvigny.org" class="spip_out">nous signaler</a> les fautes et coquilles que vous constateriez !</p></div> <div class='rss_texte'><hr class="spip" /> <p class="spip"><strong class="spip">[Extraits]</strong></p> <p class="spip">« Il ne s'agit donc pas, chez Marx, du meilleur des mondes possibles, mais de la possibilité d'un monde meilleur. Quant à l'accès à ce monde meilleur, Marx a toujours considéré qu'il serait long, difficile, dramatique, douloureux.</p> <p class="spip">[...]</p> <p class="spip">Leibniz appelait lui aussi un progrès humain, et un avenir différent du présent : ne disait-il pas que « le présent est gros de l'avenir (<i class="spip">Die Gegenwart ist schwanger mit der Zukunft</i>) » ? Aux hommes à qui il conseillait d'unir la pratique à la théorie (<i class="spip">Theoria cum praxi</i>) il savait donner l'exemple de l'activité créatrice, novatrice, d'une manière éminente.</p> <p class="spip">À y bien réfléchir, on découvre alors une parenté peut-être plus profonde entre Marx et Leibniz. Dans chaque monde qui périt de son inconvénient propre, Marx sait lire les prémisses d'un monde meilleur. L'« inconvénient » d'un monde est la condition de possibilité de ce qu'il y aura de meilleur chez son successeur. De ce point de vue global, le monde réel qui offre au genre humain toutes les possibilités d'action et de pensée n'est-il pas en fin de compte, malgré ses tourments, ou même à cause d'eux, le meilleur possible ? Il l'est aussi en ce sens que les hommes se montrent tout-à-fait incapables d'en imaginer un autre, qui serait radicalement différent. Liés à son destin, ils font inéluctablement partie de ce monde, et leur imagination même la plus débridée ne peut puiser qu'en lui son élan et ses matériaux.</p> <p class="spip">Cette vue reste bien sûr très difficile à soutenir pour ceux qui en subissent les horreurs monstrueuses.</p> <p class="spip">Le théoricien, lui, semble les assumer, en alléguant sans doute qu'il ne peut faire autrement : mais il n'en reconnaît pas moins une bonté du mal.</p> <p class="spip">[...]</p> <p class="spip">Alors, quand nous entendons déclarer textuellement : « Plus le capital se renforce, plus se renforce aussi la classe des salariés, et plus se rapproche donc la fin de la domination des capitalistes. Je nous souhaite donc, à nous autres Allemands, un allègre développement de l'économie capitaliste, et pas du tout sa stagnation dans l'immobilité », ou encore, plus crûment : « Sans esclavage antique, pas de socialisme moderne » - alors nous nous surprenons à redouter que Marx et Engels ne finissent par entonner le cantique fameux : « O felix culpa » ... ! Ils l'avaient bien un peu accompagné, en sourdine... »</p></div> [J. D'Hondt1994c-fr] La politique de Hegel en son temps http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article101 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article101 2009-04-25T22:35:00Z text/html fr > Table des documents numérisés La politique de Hegel en son temps, in Philosophie politique, n° 5, mars 1994, Paris, P.U.F., pp. 23-40. <br />Document en version française (dhondt1994c-fr.pdf) téléchargeable. <br />N.B. : n'hésitez pas à nous signaler les fautes et coquilles que vous constateriez ! <br />[Extrait] <br />« [...] L'interprète de Hegel, ayant sagement circonscrit son aire de travail, se débarrasse - du moins momentanément - de tous les entours de l'œuvre : correspondance privée, propos recueillis par des contemporains, témoignages extérieurs, (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique28" rel="directory">> Table des documents numérisés</a> <div class='rss_chapo'><p class="spip">La politique de Hegel en son temps, in <i class="spip">Philosophie politique</i>, n° 5, mars 1994, Paris, P.U.F., pp. 23-40.</p> <p class="spip">Document en version française (dhondt1994c-fr.pdf) téléchargeable.</p> <div class='spip_document_127 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/pdf/dhondt1994c-fr.pdf" type="application/pdf" title='PDF - 126 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/ecrire/img_pack/icones/pdf-dist.png' width='48' height='52' alt='PDF - 126 ko' /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>dhondt1994c-fr</strong></div></div> <p class="spip">N.B. : n'hésitez pas à <a href="mailto:e.chubilleau@philosophie-chauvigny.org" class="spip_out">nous signaler</a> les fautes et coquilles que vous constateriez !</p></div> <div class='rss_texte'><hr class="spip" /> <p class="spip"><strong class="spip">[Extrait]</strong></p> <p class="spip">« [...] L'interprète de Hegel, ayant sagement circonscrit son aire de travail, se débarrasse - du moins momentanément - de tous les entours de l'œuvre : correspondance privée, propos recueillis par des contemporains, témoignages extérieurs, circonstances plus ou moins bien connues, conjectures. Il fait comme si rien de tout cela ne comptait, comme si l'œuvre examinée existait en elle-même et pour elle-même, dans un splendide isole­ment, bien qu'il recueille parfois accessoirement, en dehors d'elle, quelques éléments d'information complémentaire.</p> <p class="spip">Il serait certes plus téméraire d'essayer de prendre une vue entière de l'hégélianisme réel, une vue « synoptique » qui engloberait non seulement toutes les manifestations de la pensée, mais aussi la vie politique de Hegel, sauvées ensemble des confusions que leur imposaient les contraintes de l'époque. Elles ne se sont souvent exprimées qu'avec une discrétion qui confinait au secret.</p> <p class="spip">La sagesse se contente de ce qu'elle sait : « Mon siège est fait ! » Pourtant, quand on aperçoit les effets regrettables d'une limite imposée trop strictement à l'objet d'étude, comment ne pas éprouver le désir de la franchir ? La conscience du <i class="spip">comme si</i> appelle insidieusement la tentation du <i class="spip">comme c'est</i>.</p> <p class="spip">Peut-on se retenir de rechercher ce qui se cache au-delà du déjà bien connu, lorsque, même sans plaisir, on a eu vent de quelque confidence surprenante ou de quelque in­cartade inquiétante de Hegel ? Doit-on boucher ses oreilles et clore craintivement ses yeux ?Si on les entrouvre opportunément, alors la politique de Hegel paraît quelque peu différente. Différente, en tout cas, de celle que ses contemporains et ses disciples immédiats pouvaient recueillir de ses seules œuvres publiées. Ce constat aiguise le conflit des interprétations.</p> <p class="spip">[...] »</p></div> Le chaos en mathématiques http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article83 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article83 2009-04-25T17:44:00Z text/html fr Secrétariat Publications électroniques de la S.C.P. [ ; Bibliothèque de la Société chauvinoise de philosophie, ; ] [ ; 25 rue de Banfora F86000 Chauvigny ; ] [ ; * ; ] <br />[ ; Mardi 22 avril, 18h30 ; ] <br />Les mathématiciens créent peu de mots : ils préférent les emprunter ici ou là, et leur donner une définition fixée et convenue qui les arrange, c'est-à-dire qui correspond à leurs besoins du moment. La terminologie ainsi créée revient parfois dans le language courant, comme auréolée d'une rigueur nouvelle du fait de son utilisation en mathématiques, mais toujours chargée de son (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique4" rel="directory">Publications électroniques de la S.C.P.</a> <div class='rss_chapo'><hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">Bibliothèque de la Société chauvinoise de philosophie,</div> <div style="text-align:center;">25 rue de Banfora F86000 Chauvigny</div> <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;">Mardi 22 avril, 18h30</div> <hr class="spip" /></div> <div class='rss_texte'><p class="spip">Les mathématiciens créent peu de mots : ils préférent les emprunter ici ou là, et leur donner une définition fixée et convenue qui les arrange, c'est-à-dire qui correspond à leurs besoins du moment. La terminologie ainsi créée revient parfois dans le language courant, comme auréolée d'une rigueur nouvelle du fait de son utilisation en mathématiques, mais toujours chargée de son ancien sens.</p> <p class="spip">Je vais ainsi tenter d'expliquer avec des mots simples ce qu'est le chaos pour les mathématiciens, en présentant quelques exemples élémentaires. Je tenterai de bien le distinguer d'avec le hasard, avec qui il est souvent confondu, et de montrer comment il s'articule avec le déterminisme, auquel on l'oppose trop souvent et trop brutalement.</p> <p class="spip">Texte disponible au téléchargement :</p> <div class='spip_document_128 spip_documents spip_documents_left' style='float:left;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/pdf/Camille_Laurent-Gengoux_Le_chaos_en_mathematiques_-_avril_2008.pdf" type="application/pdf" title='PDF - 129.2 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-48x52/pdf-dist-48x52.png' width='48' height='52' alt="PDF - 129.2 ko" /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Camille Laurent-Gengoux Le chaos en mathématiques</strong></div></div> <div style="text-align:right;">Camille LAURENT-GENGOUX est <a href="http://www-math.univ-poitiers.fr/~laurent/" class="spip_out">maître de conférences en mathématiques à l'Université de Poitiers</a></div></div> Karl Marx | Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Épicure (2e partie) http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article95 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article95 2009-01-29T22:52:00Z text/html fr Secrétariat > > Marx et Engels [ ; Pour revenir à la PREMIÈRE PARTIE ; ] <br />[ ; DEUXIÈME PARTIE ; ] [ ; Différence, au point de vue particulier, ; ] [ ; des physiques démocritéenne et épicurienne ; ] <br />[ ; * ; ] <br />[ ; . ; ] [ ; Chapitre premier ; ] [ ; La déclinaison des atomes de la ligne droite ; ] <br />Épicure admet un triple mouvement des atomes dans le vide. Le premier mouvement est celui de la chute en ligne droite ; le second se produit parce que l'atome dévie de la ligne droite ; et le troisième est dû à la répulsion des nombreux atomes. Dans l'admission du premier (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique42" rel="directory">> > Marx et Engels</a> <div class='rss_chapo'><hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">Pour revenir à la <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article94" class="spip_in">PREMIÈRE PARTIE</a></strong></div> <hr class="spip" /></div> <div class='rss_texte'><div style="text-align:center;"><strong class="spip">DEUXIÈME PARTIE</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">Différence, au point de vue particulier,</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">des physiques démocritéenne et épicurienne</strong></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">*</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">Chapitre premier</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">La déclinaison des atomes de la ligne droite</strong></div> <p class="spip">Épicure admet un <i class="spip">triple</i> mouvement des atomes dans le vide [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-1" name="nh5-1" id="nh5-1" class="spip_note" title='[1] Stobée, Églogues physiques, I : « Épicure dit [...] que les atomes se (...)' >1</a>]. Le premier mouvement est celui de la <i class="spip">chute en ligne droite</i> ; le second se produit parce que l'atome <i class="spip">dévie de la ligne droite</i> ; et le troisième est dû à la <i class="spip">répulsion des nombreux atomes</i>. Dans l'admission du premier il du troisième mouvement, Épicure est d'accord avec Démocrite ; ce qui les différencie, c'est la <i class="spip">déclinaison de l'atome</i> de la ligne droite. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-2" name="nh5-2" id="nh5-2" class="spip_note" title='[2] Cicéron, De Nat. Deor., I, xxvi : « Qu'y a-t-il dans la physique d'Épicure (...)' >2</a>]</p> <p class="spip">On a beaucoup plaisanté ce mouvement de déclinaison. Cicéron surtout est intarissable quand il aborde ce thème. C'est ainsi qu'il écrit par exemple :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Épicure prétend que les atomes sont poussés, par leur poids, de haut en bas en ligne droite ; que ce mouvement est le mouvement naturel des corps. Mais il réfléchit ensuite que, si tous étaient poussés de haut en bas, jamais un atome n'en rencontrerait un autre. Notre homme eut donc recours à un mensonge. Il prétendit que l'atome déclinait un tout petit peu, ce qui est d'ailleurs absolument impossible. C'est de là que proviendraient les rapprochements, les copulations et les adhérences des atomes entre eux, et, de là, le monde et toutes les parties du monde et tout ce qui existe dans le monde. Outre que cette invention est puérile, Épicure n'arrive même pas à ce qu'il veut.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-3" name="nh5-3" id="nh5-3" class="spip_note" title='[3] Cicéron, De Finibus, I, vi.' >3</a>]</p> <p class="spip">Nous trouvons une autre formule chez Cicéron, au livre I du traité <i class="spip">Sur la nature des dieux</i> :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Après avoir compris que, si les atomes étaient portés de haut en bas par leur propre poids, rien ne serait en notre pouvoir, leur mouvement étant déterminé et nécessaire, Épicure inventa, ce qui avait échappé à Démocrite, le moyen de se soustraire à la nécessité. Il dit que l'atome, bien que poussé de haut en bas par son poids et la pesanteur, décline un tout petit peu. Affirmer pareille chose, voilà qui est plus honteux que de ne pouvoir défendre ce qu'il veut.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-4" name="nh5-4" id="nh5-4" class="spip_note" title='[4] Cicéron, De Nat. Deor., I, xxv. Cf. Cicéron, De Fato, I, x.' >4</a>]</p> <p class="spip">Pierre Bayle juge de même :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Avant lui (Épicure), on n'avait admis dans les atomes que le mouvement de la pesanteur et celui de la réflexion.... Épicure supposait que même au milieu du vide les atomes déclinaient un peu de la ligne droite, et de là venait la liberté, disait-il... Remarquons en passant, que ce ne fut pas le seul motif qui le porta à inventer ce mouvement de déclinaison ; il le fit servir aussi à expliquer la rencontre des atomes ; car il vit bien qu'en supposant qu'ils se mouvaient tous avec une égale vitesse par des lignes droites qui tendaient toutes de haut en bas, il ne ferait jamais comprendre qu'ils eussent pu se rencontrer, et qu'ainsi la production du monde eût été impossible. Il fallut donc qu'il supposât qu'ils s'écartaient de la ligne droite.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-5" name="nh5-5" id="nh5-5" class="spip_note" title='[5] Pierre Bayle, Dict. hist. (loc. cit.).' >5</a>]</p> <p class="spip">Je néglige, pour le moment, le caractère concis de ces réflexions. Ce que chacun pourra noter en passant, c'est que Schaubach, le critique le plus récent d'Épicure, a mal compris Cicéron, quand il dit que « <i class="spip">les atomes sont tous poussés par la pesanteur de haut en bas, par conséquent, pour des raisons physiques, parallèlement, mais que, par une répulsion réciproque, ils acquièrent un autre mouvement, d'après Cicéron (</i>De natura deorum<i class="spip">, I, <span style="font-variant: small-caps">xxv</span>) un mouvement oblique, grâce à des causes fortuites, et cela de toute éternité.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-6" name="nh5-6" id="nh5-6" class="spip_note" title='[6] Schaubach, « Sur les conceptions astronomiques d'Épicure » [en allemand], (...)' >6</a>] En premier lieu, dans le passage cité, Cicéron ne fait pas de la répulsion la cause de la direction oblique, mais, au contraire, de la direction oblique la cause de la répulsion. En second lieu, il ne parle pas de causes fortuites ; Il critique, au contraire, qu'on n'indique pas de cause du tout ; il serait d'ailleurs contradictoire en soi d'admettre à la fois la répulsion et néanmoins des causes fortuites comme cause de la direction oblique. Tout au plus pourrait-il être question, dans ce cas, de causes fortuites de la répulsion, mais non de causes fortuites de la direction oblique.</p> <p class="spip">Dans les réflexions de Cicéron et de Bayle, il y a d'ailleurs une singularité trop évidente pour ne pas la signaler immédiatement. Ils prêtent, en effet, à Épicure des motifs dont l'un supprime l'autre. D'une part Épicure admettrait la déclinaison des atomes pour expliquer la répulsion, et d'autre part la répulsion pour expliquer la liberté. Mais, si les atomes ne se rencontrent pas sans déclinaison, la déclinaison est superflue comme cause de la liberté, car le contraire de la liberté ne commence, ainsi que nous l'apprenons par Lucrèce [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-7" name="nh5-7" id="nh5-7" class="spip_note" title='[7] De Natura, II, 251 sqq. : « si tous les mouvements sont enchaînés dans la (...)' >7</a>], qu'avec la rencontre déterministe et forcée des atomes. D'autre part, si les atomes se rencontrent sans déclinaison, celle-ci est superflue comme cause de la répulsion. Je prétends que cette contradiction se produit, si les causes de la déclinaison de l'atome de la ligne droite sont prises de façon aussi superficielle et illogiques que chez Cicéron et Bayle. Nous trouverons chez Lucrèce, le seul au reste de tous les anciens qui ait compris la physique d'Épicure, un exposé qui va plus au fond des choses.</p> <p class="spip">Nous abordons maintenant l'examen de la déclinaison elle-même.</p> <p class="spip">De même que le point est supprimé [<i class="spip">Aufgehoben</i>] dans la ligne, tout corps qui tombe est supprimé dans la ligne droite qu'il décrit. Sa qualité spécifique n'importe pas du tout ici. Dans sa chute, une pomme décrit aussi bien une ligne verticale qu'un morceau de fer. Tout corps, en tant qu'il est considéré dans le mouvement de chute, n'est donc rien autre qu'un point qui se meut, un point sans autonomie qui, dans un certain mode d'être, - la ligne droite qu'il décrit, - renonce à son individualité. C'est pourquoi Aristote observe à juste raison contre les Pythagoriciens : « <i class="spip">Vous dites que le mouvement de la ligne est la surface et celui du point la ligne ; par conséquent, les mouvements des monades seront également des lignes.</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-8" name="nh5-8" id="nh5-8" class="spip_note" title='[8] Aristote, De l'âme, I, 4, 409a.' >8</a>] » La conséquence, pour les monades aussi bien que pour les atomes, en serait donc que la monade et l'atome, étant en perpétuel mouvement [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-9" name="nh5-9" id="nh5-9" class="spip_note" title='[9] Diogène Laërce, Vies, X, 43. : « Les atomes sont dans un mouvement (...)' >9</a>], n'existent pas, mais se perdent au contraire dans la ligne droite ; car la solidité de l'atome n'existe pas du tout encore, tant qu'on le conçoit uniquement comme tombant en ligne droite. Tout d'abord, si l'on représente le vide dans l'espace, l'atome est la <i class="spip">négation immédiate de l'espace abstrait</i>, donc un <i class="spip">point dans l'espace</i>. La solidité, l'intensité, qui s'affirment contre l'incohésion de l'espace en soi, ne peuvent s'ajouter que grâce à un principe qui nie l'espace dans sa sphère totale, tel que le temps l'est dans la nature réelle. En outre, ne voulût-on pas même concéder ce point, l'atome, en tant que son mouvement est une ligne droite, est purement déterminé par l'espace, un mode d'être relatif lui est prescrit et son existence est purement matérielle. Or, nous avons vu qu'un des éléments du concept d'atome est d'être une pure forme, la négation de toute relativité, de toute relation avec un mode d'être différent. Nous avons remarqué en même temps qu'Épicure se représente objectivement les deux éléments qui se contredisent, il est vrai, mais sont inclus dans le concept d'atome.</p> <p class="spip">Or, comment Épicure peut-il réaliser la pure détermination formelle de l'atome, le concept de pure individualité, laquelle nie tout mode d'être déterminé par autre chose ?</p> <p class="spip">Comme il opère dans le domaine de l'être immédiat, toutes les déterminations sont immédiates. Les déterminations contraires sont donc opposées les unes aux autres en tant que réalités immédiates.</p> <p class="spip">Mais l'existence relative qui s'oppose à l'atome, le <i class="spip">mode d'être qu'il doit nier</i>, c'est <i class="spip">la ligne droite</i>. La négation immédiate de ce mouvement est un autre mouvement, par conséquent, en représentation dans l'espace, la <i class="spip">déclinaison de la ligne droite</i>.</p> <p class="spip">Les atomes sont des corps nettement autonomes, ou plutôt sont le corps, conçu dans une autonomie absolue, comme les corps célestes. Ils se meuvent donc aussi, comme ceux-ci, non pas en lignes droites, mais en lignes obliques. <i class="spip">Le mouvement de chute est le mouvement de la non-autonomie</i>.</p> <p class="spip">Si donc Épicure représente, dans le mouvement de l'atome en ligne droite, sa matérialité, il en a, dans la déclinaison de la ligne droite, réalisé la détermination formelle, et ces déterminations opposées sont représentées comme des mouvements directement opposés.</p> <p class="spip">C'est pourquoi Lucrèce a raison d'affirmer que la déclinaison brise les <i class="spip">fati fœdera</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-10" name="nh5-10" id="nh5-10" class="spip_note" title='[10] Lucrèce, De Natura, II, 251 sqq. : « Si... par leur déclinaison, les (...)' >10</a>] [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-11" name="nh5-11" id="nh5-11" class="spip_note" title='[11] NDLE : Fati fœdera : « liens du destin ».' >11</a>] ; et, comme il applique aussitôt ceci à la conscience [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-12" name="nh5-12" id="nh5-12" class="spip_note" title='[12] Lucrère, De Natura, II, 279 : « il y a pourtant en nous quelque chose (...)' >12</a>], on peut dire de l'atome que la déclinaison est, dans son sein, ce quelque chose qui peut lutter et résister.</p> <p class="spip">Mais, quand Cicéron reproche à Épicure « <i class="spip">de ne pas même obtenir le résultat en vue duquel il a imaginé tout cela ; car, si tous les atomes déclinaient, jamais il n'y en aurait qui s'uniraient, ou certains s'écarteraient et d'autres seraient, par leur mouvement, poussés tout droit ; il faudrait donc, pour ainsi dire, assigner aux atomes des tâches déterminées et désigner ceux qui devraient se mouvoir en ligne droite et ceux qui devraient se mouvoir en ligne oblique</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-13" name="nh5-13" id="nh5-13" class="spip_note" title='[13] Cicéron, De Finibus, I, 6.' >13</a>], ce reproche trouve sa justification en ceci que les deux éléments inclus dans le concept d'atome sont représentés comme des mouvements immédiatement différents, devant, par conséquent, être attribués à des individus différents, - inconséquence qui est pourtant logique, puisque la sphère de l'atome est l'immédiat.</p> <p class="spip">Épicure sent fort bien la contradiction qui réside dans cette théorie. Aussi s'efforce-t-il de donner de la déclinaison une représentation aussi peu sensible que possible. Elle n'est <i class="spip">nec regione loci certa, nec tempore certo</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-14" name="nh5-14" id="nh5-14" class="spip_note" title='[14] Lucrèce, De Natura, II, 294 : « ni en un lieu certain, ni en un temps (...)' >14</a>], elle se produit dans le plus petit espace possible [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-15" name="nh5-15" id="nh5-15" class="spip_note" title='[15] Cicéron, De Fato, I, x : « il faut ajouter cette déclinaison infiniment (...)' >15</a>]. Cicéron [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-16" name="nh5-16" id="nh5-16" class="spip_note" title='[16] Cicéron, Ibid. : « Que c'est un mouvement sans cause, si Épicure ne le (...)' >16</a>], et, d'après Plutarque, plusieurs anciens [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-17" name="nh5-17" id="nh5-17" class="spip_note" title='[17] Plutarque, De la création de l'âme, (1015b-c) : « Ils n'accordent pas à (...)' >17</a>] font encore cet autre reproche : la déclinaison de l'atome se fait sans cause ; et rien de plus honteux, dit Cicéron, ne peut arriver à un physicien [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-18" name="nh5-18" id="nh5-18" class="spip_note" title='[18] Cicéron, De Finibus, I, iv : « En effet, c'est par une pure fiction qu'il (...)' >18</a>]. <i class="spip">Mais, d'abord, une cause physique, telle que la veut Cicéron, rejetterait la déclinaison de l'atome dans la série du déterminisme, d'où elle doit précisément nous sortir</i>. Ensuite, l'atome n'est pas du tout arrivé à l'état parfait, tant qu'il n'est pas posé avec la détermination de la déclinaison. Demander la cause de cette détermination revient donc à demander la cause qui fait de l'atome un principe, - question évidemment dénuée de sens aux yeux de celui pour qui l'atome est la cause de tout, mais est lui-même sans cause.</p> <p class="spip">Lorsqu'enfin Bayle [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-19" name="nh5-19" id="nh5-19" class="spip_note" title='[19] Pierre Bayle, loc. cit.' >19</a>], appuyé sur l'autorité de saint Augustin [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-20" name="nh5-20" id="nh5-20" class="spip_note" title='[20] Augustin, Lettres, 56.' >20</a>], suivant qui Démocrite a attribué aux atomes un principe spirituel, - autorité d'ailleurs sans la moindre importance, vu son opposition avec Aristote et les autres anciens, - reproche à Épicure d'avoir, en lieu et place de ce principe spirituel, imaginé la déclinaison, on aurait tout au plus, en parlant de l'âme de l'atome, gagné un terme, tandis que, dans la déclinaison, est représentée l'âme véritable de l'a tome, le concept de l'individualité abstraite.</p> <p class="spip">Avant d'examiner la conséquence de la déclinaison de l'atome de la ligne droite, il nous faut encore insister sur un point très important, complètement laissé de côté jusqu'à ce jour.</p> <p class="spip"><i class="spip">La déclinaison de l'atome de la ligne droite n'est pas, en effet, une détermination particulière, apparaissant par hasard dans la physique épicurienne. La loi qu'elle exprime pénètre au contraire toute la philosophie d'Épicure, mais de telle façon, naturellement, que la forme déterminée de son apparition dépend de la sphère où elle est appliquée.</i></p> <p class="spip">En effet, l'individualité abstraite ne peut affirmer son concept, sa détermination de forme, son pur être-pour-soi, son indépendance de tout mode immédiat, la suppression de toute relativité, <i class="spip">qu'en faisant abstraction du mode d'être qui s'y oppose</i> ; car, pour en venir vraiment à bout, elle serait forcée de l'idéaliser, ce dont la généralité seule est capable.</p> <p class="spip">De même donc que l'atome se libère de son existence relative, la ligne droite, en en faisant abstraction, en s'en écartant, de même toute la philosophie épicurienne s'écarte du mode d'être limitatif partout où le concept d'individualité abstraite, l'autonomie et la négation de toute relation avec autre chose, doit être représentée dans son existence.</p> <p class="spip">Ainsi, le but de l'action est l'abstraction, l'effacement devant la douleur et tout ce qui peut nous troubler, l'ataraxie [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-21" name="nh5-21" id="nh5-21" class="spip_note" title='[21] Diogène Laërce, Vies, X, 128.' >21</a>]. Ainsi le bien consiste à fuir le mauvais [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-22" name="nh5-22" id="nh5-22" class="spip_note" title='[22] Plutarque, Non posse suaviter vivi secundum Epicurum, 1091.' >22</a>], et le plaisir se réduit à éviter la peine [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-23" name="nh5-23" id="nh5-23" class="spip_note" title='[23] Clément d'Alexandrie, Stromates, livre II, 21.' >23</a>]. Enfin, là où l'individualité abstraite apparaît en sa plus haute liberté et autonomie, dans sa totalité, l'existence dont on s'écarte est logiquement <i class="spip">toute existence</i> ; et <i class="spip">c'est pourquoi les dieux évitent le monde</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-24" name="nh5-24" id="nh5-24" class="spip_note" title='[24] Sénèque, Des bienfaits, VI, iv : « La divinité n'accorde pas de bienfaits ; (...)' >24</a>].</p> <p class="spip">On a raillé ces dieux d'Épicure qui, semblables aux hommes, habitent les intermondes du monde effectif, n'ont pas de corps, mais un quasi-corps, pas de sang, mais du quasi-sang [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-25" name="nh5-25" id="nh5-25" class="spip_note" title='[25] Cicéron, De Nat. Deor., I, xxiv.' >25</a>], et, figés dans un calme bienheureux, n'exaucent aucune supplication, ne se soucient ni de nous ni du monde et sont honorés non par intérêt, mais pour leur beauté, leur majesté et leur nature excellente.</p> <p class="spip">Et cependant ces dieux se sont pas une fiction d'Épicure. <i class="spip">Ce sont les dieux plastiques de l'art grec</i>. Cicéron, le <i class="spip">Romain</i>, les persifle à bon droit [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-26" name="nh5-26" id="nh5-26" class="spip_note" title='[26] Cicéron, De Nat. Deor., I, xl : « Quel aliment choisi, quelles boissons, (...)' >26</a>] ; mais Plutarque, le <i class="spip">Grec</i>, a oublié toute conception grecque quand il dit que cette théorie des dieux supprime la crainte et la superstition, qu'elle n'accorde aux dieux ni joie ni faveur, mais nous prête avec eux les mêmes relations que nous avons avec les poissons d'Hyrcanie [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-27" name="nh5-27" id="nh5-27" class="spip_note" title='[27] NDLE : ancien nom de la Mer Caspienne, lieu inaccessible pour les (...)' >27</a>], dont nous n'attendons ni préjudice ni utilité [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-28" name="nh5-28" id="nh5-28" class="spip_note" title='[28] Plutarque, Non posse suaviter vivi secundum Epicurum, 1100-1101 : « la (...)' >28</a>]. Le calme théorique est un élément capital du caractère des divinités grecques, comme le dit Aristote lui-même :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Ce qui est le meilleur n'a pas besoin d'action, car il est à lui-même sa propre fin.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-29" name="nh5-29" id="nh5-29" class="spip_note" title='[29] Aristote, De Cælo, II, xii, 292b.' >29</a>]</p> <p class="spip">Nous allons considérer à présent la <i class="spip">conséquence</i> qui découle immédiatement de la déclinaison de l'atome. Ce qui s'y exprime, c'est que l'atome nie tout mouvement et toute relation, où il est déterminé par quelque chose d'autre comme mode particulier d'être. Et cela se représente en ce que l'atome fait abstraction de l'être qui s'oppose à lui, et s'y soustrait. Mais ce qui est contenu en ceci, <i class="spip">sa négation de tout rapport avec autre chose</i>, il faut le <i class="spip">réaliser, l'établir positivement</i>. Cela ne peut se faire que si l'être auquel il se rapporte</i> n'est <i class="spip">autre que lui-même</i>, donc également un <i class="spip">atome</i> et, puisqu'il est lui-même immédiatement déterminé, une <i class="spip">pluralité d'atomes</i>. <i class="spip">Ainsi la répulsion des atomes multiples est la réalisation nécessaire de la</i> lex atomi [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-30" name="nh5-30" id="nh5-30" class="spip_note" title='[30] NDLE : loi des atomes.' >30</a>], ainsi que Lucrèce appelle la déclinaison. Or, comme toute détermination est, dans ce cas, posée comme un mode d'être particulier, la répulsion s'ajoute comme troisième mouvement aux mouvements précédents. Lucrèce a raison de dire que, si les atomes n'avaient pas coutume de décliner, il n'y aurait eu ni répulsion, ni rencontre et que le monde n'eût jamais été créé [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-31" name="nh5-31" id="nh5-31" class="spip_note" title='[31] Lucrèce, De Natura, II, 221 sqq. : « Sans cet écart, [...] il n'y aurait (...)' >31</a>]. Car les atomes sont à eux-mêmes leur unique objet et ne peuvent se rapporter qu'à eux-mêmes et par conséquent, exprimés dans l'espace, se rencontrer que si toute existence relative, où ils seraient en relation avec autre chose, est niée ; et cette existence relative est, ainsi que nous l'avons vu, leur mouvement originel, celui de la chute en ligne droite. Ainsi donc il ne se rencontrent qu'en déclinant de cette ligne. Cela n'a rien d'une fragmentation simplement matérielle. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-32" name="nh5-32" id="nh5-32" class="spip_note" title='[32] Lucrèce, De Natura, II, 284 sqq. : « C'est pourquoi les atomes aussi (...)' >32</a>]</p> <p class="spip">Et en réalité, l'individualité existant immédiatement n'est réalisée selon son concept qu'autant qu'elle se rapporte à une autre individualité, qui est elle-même, bien que cette autre se présente à elle sous la forme d'une existence immédiate. C'est ainsi que l'homme ne cesse d'être un produit naturel que si l'autre individu, auquel il se rapporte, n'est pas une existence différente, mais lui-même un homme individuel, bien que pas encore l'esprit. Mais pour que l'homme en tant qu'homme devienne pour lui-même son unique objet réel, il faut qu'il ait brisé en lui son mode d'être relatif, la force de la passion, et de la simple nature. La <i class="spip">répulsion</i> est la <i class="spip">première forme</i> de la conscience de soi ; elle répond donc à la conscience de soi se concevant comme existant immédiatement, comme une individualité abstraite.</p> <p class="spip">Dans la répulsion est donc réalisé le concept d'atome, suivant lequel elle est la forme abstraite ; mais tout autant le concept contraire, suivant lequel elle est la matière abstraite ; car ce avec quoi l'atome entre en relation, ce sont bien des atomes, mais d'autres atomes. <i class="spip">Or, si je me rapporte à moi-même comme à quelque chose immédiatement autre, mon rapport est un rapport matériel</i>. C'est le plus haut degré d'extériorité qui se puisse concevoir. Dans la répulsion des atomes, leur matérialité, posée dans la chute en ligne droite, et leur détermination de forme, posée dans la déclinaison, sont donc synthétiquement réunies.</p> <p class="spip">Démocrite, contrairement à Épicure, transforme en mouvement forcé, en acte de l'aveugle nécessité, ce qui, pour celui-ci, est réalisation du concept d'atome. Nous avons déjà vu plus haut qu'il donne comme substance de la nécessité le tourbillon (δίνη) qui provient de la répulsion et du choc des atomes. Il n'envisage donc, dans la répulsion, que le côté matériel, la dispersion, la modification, et non pas le côté idéal, d'après lequel toute relation avec autre chose y est niée et le mouvement posé comme auto-détermination. Ceci, on le voit nettement par le fait que, de façon absolument sensible, il se figure un seul et même corps divisé en plusieurs par l'espace vide, comme de l'or brisé en morceaux [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-33" name="nh5-33" id="nh5-33" class="spip_note" title='[33] Aristote, De Cælo, I, vii, 276a : « Mais si l'univers n'est pas continu (...)' >33</a>]. C'est donc à peine s'il conçoit l'Un comme concept de l'atome.</p> <p class="spip">C'est à juste titre qu'Aristote polémique contre lui :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Leucippe et Démocrite, qui prétendent que les corps premiers se meuvent toujours dans le vide et l'infini, auraient donc dû nous dire de quelle nature est ce mouvement et quel est le mouvement adéquat à leur nature. En effet, si chacun des éléments est mis de force en mouvement par un autre, il est pourtant nécessaire que chacun ait également un mouvement naturel, auquel le mouvement forcé soit étranger ; et il faut que ce premier mouvement ne soit pas forcé, mais naturel. Autrement, la progression, s'étend à l'infini.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-34" name="nh5-34" id="nh5-34" class="spip_note" title='[34] Aristote, De Cælo, III, ii, 301a [Marx donne en note la suite du texte (...)' >34</a>]</p> <p class="spip">La déclinaison épicurienne de l'atome a donc modifié toute la construction intime du monde des atomes, en faisant prévaloir la détermination de la forme et en réalisant la contradiction comprise dans le concept d'atome. Épicure a donc été le premier à comprendre, bien que sous une forme sensible, l'essence de la répulsion, tandis que Démocrite n'en a connu que l'existence matérielle.</p> <p class="spip">Aussi trouvons-nous des formes plus concrètes de la répulsion employées par Épicure : en matière politique, c'est le <i class="spip">contrat</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-35" name="nh5-35" id="nh5-35" class="spip_note" title='[35] Diogène Laërce, Vies, X, 150.' >35</a>], et en matière sociale l'<i class="spip">amitié</i> qu'il prône comme le bien suprême.</p> <div style="text-align:center;">*</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;">Chapitre II</div> <div style="text-align:center;">Les qualités de l'atome</div> <p class="spip">Il est contradictoire au concept d'atome d'avoir des qualités ; car, comme dit Épicure, toute qualité est modifiable, mais les atomes ne se modifient pas [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-36" name="nh5-36" id="nh5-36" class="spip_note" title='[36] Diogène Laërce, Vies, X, 54. Lucrèce, De Natura, II, 861 sqq. : « tout (...)' >36</a>]. Il n'en subsiste pas moins une <i class="spip">conséquence nécessaire</i> de leur en attribuer. Car la pluralité des atomes de la répulsion, séparés par l'espace sensible, doivent nécessairement être immédiatement <i class="spip">différents entre eux</i> et <i class="spip">avec leur essence pure</i>, en d'autres termes posséder des qualités.</p> <p class="spip">Dans les développements ci-après, je ne tiens donc nullement compte de l'affirmation de Schneider et de Nürnberger, qui prétendent qu'Épicure n'a pas attribué de qualités aux atomes et que les §§ 44 et 54, dans la <i class="spip">Lettre à Hérodote</i>, chez Diogène Laërce, sont interpolés. Cela fût-il vrai, comment ôter toute valeur aux témoignages de Laërce, de Plutarque, voire de tous les auteurs qui parlent d'Épicure ? En outre, ce n'est pas dans deux paragraphes seulement que Diogène Laërce mentionne les qualités de l'atome, c'est dans dix, les §§ 42, 43, 44, 54, 55, 56, 57, 58, 59 et 61. La raison que font valoir ces critiques : « <i class="spip">qu'ils ne réussissent pas à allier les qualités de l'atome avec son concept</i> » est bien superficielle. Spinoza dit que l'ignorance n'est pas un argument (<i class="spip">Éthique</i>, I, Prop. 36, Appendice). Si chacun voulait biffer chez les anciens les passages qu'il ne comprend pas, qu'on arriverait donc vite à la <i class="spip">tabula rasa</i> !</p> <p class="spip">Par les qualités, l'atome acquiert une existence en contradiction avec son concept ; il est posé en <i class="spip">existence aliénée, différenciée</i> de son <i class="spip">essence</i>. C'est cette contradiction qui constitue l'intérêt capital d'Épicure. En conséquence, dès qu'il a donc posé une qualité et tiré ainsi la conséquence de la nature matérielle de l'atome, il contre-pose [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-37" name="nh5-37" id="nh5-37" class="spip_note" title='[37] NDLE : le terme allemand est kontraponiert.' >37</a>] en même temps des déterminations qui anéantissent de nouveau cette qualité dans sa propre sphère et font valoir au contraire le concept d'atome. <i class="spip">Il détermine donc toutes les qualités de telle façon qu'elles se contredisent elles-mêmes</i>. Démocrite, au contraire, ne considère nulle part les qualités par rapport à l'atome lui-même et n'objective pas non plus la contradiction qui s'y trouve entre le concept et l'existence. La seule chose qui l'intéresse, au contraire, c'est d'exposer les qualités par rapport à la nature concrète qui doit en être formée. Ce ne sont, pour lui, que des hypothèses lui permettant d'expliquer la variété phénoménale. Le concept d'atome n'a donc rien à y voir.</p> <p class="spip">Afin de démontrer notre affirmation, il est tout d'abord nécessaire de nous mettre au courant des sources qui semblent se contredire sur ce point.</p> <p class="spip">Dans le traité <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, il est dit : « <i class="spip">Épicure prétend que les atomes ont trois qualités : grandeur, forme, pesanteur. Démocrite n'en admettait que deux : grandeur et forme ; Épicure y ajouta en troisième la pesanteur</i>. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-38" name="nh5-38" id="nh5-38" class="spip_note" title='[38] [Plutarque], De placitis philosophorum, I, 877e : Épicure prétend que (...)' >38</a>] Le même passage figure, reproduit mot pour mot, dans la <i class="spip">Præparatio evangelica</i> d'Eusèbe [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-39" name="nh5-39" id="nh5-39" class="spip_note" title='[39] Eusèbe de Césarée, Préparation évangelique, XIV, xiv.' >39</a>].</p> <p class="spip">Il est confirmé par le témoignage de Simplicius et de Philopon, d'après lequel Démocrite n'a attribué aux atomes que la différence de la grandeur et de la forme. Directement contraire est le témoignage d'Aristote qui, dans son livre <i class="spip">Περί γενέσεως και φθοράς</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-40" name="nh5-40" id="nh5-40" class="spip_note" title='[40] Perí genéseos kai phthorás : La traduction courante de ce titre, imitée (...)' >40</a>], attribue aux atomes de Démocrite des différences de pesanteur [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-41" name="nh5-41" id="nh5-41" class="spip_note" title='[41] Aristote, De la génération et de la corruption, I, viii, 326a : « Et (...)' >41</a>]. Dans un autre passage (au premier livre du traité <i class="spip">Περί ουρανού</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-42" name="nh5-42" id="nh5-42" class="spip_note" title='[42] Perí ouranoú : De Cælo.' >42</a>]), Aristote laisse indécise la question de savoir si Démocrite a attribué ou non de la pesanteur aux atomes. Il dit en effet :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Ainsi, aucun des corps ne sera absolument léger, si tous ont de la pesanteur ; mais si tous ont de la légèreté, aucun ne sera pesant.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-43" name="nh5-43" id="nh5-43" class="spip_note" title='[43] Aristote, De Cælo, I, vii, 276b' >43</a>]</p> <p class="spip">Ritter, dans son <i class="spip">Histoire de la philosophie ancienne</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-44" name="nh5-44" id="nh5-44" class="spip_note" title='[44] Ritter, Geschichte der alten Philosophie, 1836, I, p. 602 n. (...)' >44</a>], rejette, en s'appuyant sur l'autorité d'Aristote, les données de Plutarque, d'Eusèbe et de Stobée ; quant aux témoignages de Simplicius et de Philopon, il ne s'en occupe pas.</p> <p class="spip">Voyons si ces passages sont réellement si contradictoires. Dans les passages cités, ce n'est pas <i class="spip">ex professo</i> qu'Aristote parle des qualités des atomes. Il dit, par contre, au livre H de la Métaphysique :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Démocrite pose trois différences des atomes. Car le corps fondamental, dit-il, est, au point de vue de la matière, un seul et même corps ; mais il est différencié par le ῥυσμὸς (rhusmòs) qui signifie la figure, par la τροπὴ (tropè), qui signifie l'orientation, ou par la διαθιγὴ (diathigè), qui signifie la disposition</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-45" name="nh5-45" id="nh5-45" class="spip_note" title='[45] Aristote, Métaphysique H, 2, 1042b11-15.' >45</a>].</p> <p class="spip">Il découle immédiatement de ce passage que la pesanteur n'est pas mentionnée comme une qualité des atomes de Démocrite. Les particules éparses de la matière, tenues séparées entre elles par le vide, doivent avoir des formes particulières, et ces formes leur adviennent absolument de l'extérieur, par la considération de l'espace. Ceci ressort plus clairement encore du passage suivant d'Aristote :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Leucippe et son compagnon Démocrite, prirent pour éléments le plein et le vide</i> [...] <i class="spip">Ce sont les causes des êtres, en tant que matière. Et de même que ceux qui posent une substance fondamentale unique font naître tout le reste des modifications de cette substance, en supposant comme principes des qualités la raréfaction et la densité, de même ceux-là enseignent que les différences des atomes sont les causes de toutes les autres qualités. Ces différences, disent-ils, sont au nombre de trois : ῥυσμὸς, διαθιγὴ et τροπὴ</i> [...] <i class="spip">C'est ainsi, par exemple, qu'A se différencie de N par la forme, AN de NA par la disposition, Z de N par l'orientation.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-46" name="nh5-46" id="nh5-46" class="spip_note" title='[46] Aristote, Métaphysique A, 985b4-15 : « Leucippe et son compagnon (...)' >46</a>]</p> <p class="spip">II découle avec évidence de ce passage que Démocrite ne considère les qualités des atomes que par rapport à la formation des différences dans le monde des phénomènes, et non par rapport à l'atome. Il s'ensuit en outre que Démocrite ne signale pas la pesanteur comme une qualité essentielle des atomes. Cette qualité va de soi, tout ce qui est matériel étant pesant. Pareillement, selon lui, la grandeur elle-même n'est pas une qualité fondamentale. C'est une détermination accidentelle, que les atomes ont reçue en même temps que la figure. Seules les différences des figures, car rien de plus n'est contenu dans la forme, l'orientation et la disposition, intéressent Démocrite. Grandeur, forme, pesanteur, combinées comme elles le sont chez Épicure, sont des différences que l'atome a en lui-même ; forme, orientation, disposition, sont des différences qui lui appartiennent par rapport à un autre objet. Tandis que nous ne trouvons donc, chez Démocrite, que des déterminations hypothétiques destinées à expliquer le monde phénoménal, nous aurons chez Épicure la conséquence du principe même. C'est pourquoi nous allons considérer par le détail ses déterminations des qualités de l'atome.</p> <p class="spip"><i class="spip">En premier lieu</i>, les atomes ont une <i class="spip">grandeur</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-47" name="nh5-47" id="nh5-47" class="spip_note" title='[47] Diogène Laërce, Vies, X, 44 : « Les atomes n'ont aucune qualité excepté (...)' >47</a>]. D'autre part, la grandeur est également niée. Ils n'ont pas, en effet, <i class="spip">n'importe quelle grandeur</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-48" name="nh5-48" id="nh5-48" class="spip_note" title='[48] Diogène Laërce, Vies, X, 56 : « Il n'est pas nécessaire encore, pour la (...)' >48</a>], et il ne faut admettre que quelques variations de grandeur [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-49" name="nh5-49" id="nh5-49" class="spip_note" title='[49] Diogène Laërce, Vies, X, 55 : « Il ne faut pas croire que les atomes (...)' >49</a>]. Bien mieux, on ne doit leur attribuer que la négation de la grandeur, c'est-à-dire la petitesse [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-50" name="nh5-50" id="nh5-50" class="spip_note" title='[50] Diogène Laërce, Vies, X, 59 : « Il diffère par sa petitesse de ce qui (...)' >50</a>], et même pas la petitesse minima, car il y aurait là une détermination qui serait purement dans l'espace, mais une petitesse infime, qui exprime la contradiction [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-51" name="nh5-51" id="nh5-51" class="spip_note" title='[51] Diogène Laërce, Vies, X, 58.' >51</a>]. Rosinius, dans ses annotations aux fragments d'Épicure, traduit donc inexactement un passage et passe l'autre complément sous silence, quand il dit : « <i class="spip">Mais, de cette façon, Épicure démontrait la ténuité des atomes pour leur incroyable petitesse, en disant, au témoignage de Laërce, X, 44, qu'ils n'avaient pas de grandeur.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-52" name="nh5-52" id="nh5-52" class="spip_note" title='[52] Epicuri Fragmenta librorum II [et] XI de Natura, éd. Rosinius et (...)' >52</a>]</p> <p class="spip">Mais je ne retiendrai pas que, d'après Eusèbe, Épicure fut le premier à attribuer aux atomes une petitesse infinie [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-53" name="nh5-53" id="nh5-53" class="spip_note" title='[53] Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, XIV, xxiii : « Leur dissentiment (...)' >53</a>], tandis que Démocrite avait admis les atomes même les plus grands, grands comme le monde, affirme même Stobée. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-54" name="nh5-54" id="nh5-54" class="spip_note" title='[54] Stobée, Églogues physiques, I, 17. Cf.' >54</a>]</p> <p class="spip">D'un côté, ceci contredit le témoignage d'Aristote [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-55" name="nh5-55" id="nh5-55" class="spip_note" title='[55] Aristote, De la génération, I, viii, 324b : « invisibles en raison de (...)' >55</a>], et de l'autre côté, Eusèbe, ou plutôt l'évêque d'Alexandrie, Denys, qu'il résume, se contredit lui-même ; car au même livre il est dit que Démocrite supposait comme principes de la nature des corps insécables, concevables par la raison [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-56" name="nh5-56" id="nh5-56" class="spip_note" title='[56] Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, XIV, xiv : « [Démocrite] donne (...)' >56</a>]. Mais un point est clair : Démocrite ne prend pas conscience de la contradiction ; elle ne le préoccupe pas, tandis qu'elle constitue, pour Épicure, l'intérêt principal.</p> <p class="spip">La <i class="spip">deuxième</i> qualité des atomes d'Épicure est la <i class="spip">figure</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-57" name="nh5-57" id="nh5-57" class="spip_note" title='[57] Diogène Laërce, Vies, X, 54. Cf. X, 44.' >57</a>]. Mais cette détermination contredit elle aussi le concept d'atome, et il faut poser son contraire. L'individualité abstraite est l'identité abstraite avec soi-même, donc sans figure. Les différences de figure des atomes sont donc, il est vrai, indéterminables [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-58" name="nh5-58" id="nh5-58" class="spip_note" title='[58] Diogène Laërce, Vies, X, 42.' >58</a>], mais elles ne sont pas absolument infinies [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-59" name="nh5-59" id="nh5-59" class="spip_note" title='[59] Ibid.' >59</a>]. C'est, au contraire, un nombre déterminé et fini de figures par quoi les atomes sont différenciés les uns des autres [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-60" name="nh5-60" id="nh5-60" class="spip_note" title='[60] Lucrèce, De Natura, II, 513 : « il faut nécessairement reconnaître que la (...)' >60</a>]. D'où il suit naturellement qu'il n'y a pas autant de figures différentes que d'atomes [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-61" name="nh5-61" id="nh5-61" class="spip_note" title='[61] Diogène Laërce, Vies, X, 42 : « De plus, chaque figure présente un nombre (...)' >61</a>], tandis que Démocrite admet une infinité de figures [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-62" name="nh5-62" id="nh5-62" class="spip_note" title='[62] Aristote, De Cælo, III, iv, 303b : « Mais la raison ne peut pas plus (...)' >62</a>]. Si tout atome avait une figure particulière, il devrait y avoir des atomes d'infinie <i class="spip">grandeur</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-63" name="nh5-63" id="nh5-63" class="spip_note" title='[63] Lucrèce, De Natura, II, 474-484, 491-492, 495-497 : « les formes des (...)' >63</a>], car ils auraient en soi une différence infinie, la différenciation d'avec tous les autres, comme les monades de Leibniz. L'affirmation de Leibniz qu'il n'y a pas deux objets semblables est donc renversée, et il y a un nombre infini d'atomes de même figure, ce qui implique évidemment la négation de la détermination de la figure, car une figure qui ne se différencie plus des autres n'est pas une figure. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-64" name="nh5-64" id="nh5-64" class="spip_note" title='[64] Cf. note 61.' >64</a>]</p> <p class="spip">II est enfin très important qu'Épicure mentionne comme <i class="spip">troisième</i> qualité la <i class="spip">pesanteur</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-65" name="nh5-65" id="nh5-65" class="spip_note" title='[65] Diogène Laërce, Vies, X, 44 et 54.' >65</a>] ; car c'est dans le point de gravité que la matière possède l'individualité idéale qui constitue une détermination capitale de l'atome. Dès que les atomes sont donc transportés dans le domaine de la représentation, il faut qu'ils soient également pesants.</p> <p class="spip">Mais la pesanteur est aussi en contradiction directe avec le concept d'atome ; car elle est l'individualité de la matière en tant que point idéal extérieur à la matière. Or, l'atome est lui-même cette individualité, en quelque sorte le point de gravité représenté comme une existence individuelle. Pour Épicure, la pesanteur existe donc uniquement comme <i class="spip">différence de poids</i>, et les atomes sont eux-mêmes des <i class="spip">points de gravité substantiels</i>, comme les corps célestes. Si l'on applique cela au monde concret, il résulte naturellement ce que le vieux Brucker trouve si extraordinaire [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-66" name="nh5-66" id="nh5-66" class="spip_note" title='[66] J. Brucker, Institutiones historiae philosophiae, [Leipzig, 1747], p. (...)' >66</a>] et ce que Lucrèce nous affirme [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-67" name="nh5-67" id="nh5-67" class="spip_note" title='[67] Lucrèce, De Natura, I, 1051-1052 : « Surtout ne va pas croire, cher (...)' >67</a>], à savoir que la terre n'a pas de centre vers lequel tout tend et qu'il n'y a pas d'antipodes. En outre, la pesanteur ne revenant qu'à l'atome différencié des autres, donc aliéné et doué de qualités, il va de soi que, dès que les atomes ne sont pas conçus comme une pluralité dans leur différenciation entre eux, mais uniquement par rapport au vide, la détermination de poids disparaît. Les atomes, quelque différents qu'ils soient par la masse et la forme, se meuvent donc avec la même vitesse dans l'espace vide [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-68" name="nh5-68" id="nh5-68" class="spip_note" title='[68] Diogène Laërce, Vies, X, 43 : « Les atomes sont dans un mouvement (...)' >68</a>]. Aussi Épicure ne fait-il intervenir la pesanteur que dans la répulsion et les compositions qui en résultent ; ce qui a permis de prétendre que seuls les agglomérats d'atomes, mais non les atomes eux-mêmes, étaient doués de pesanteur. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-69" name="nh5-69" id="nh5-69" class="spip_note" title='[69] Cf. chapitre III.' >69</a>]</p> <p class="spip">Gassendi loue Épicure pour le seul fait d'avoir, uniquement guidé par la raison, anticipé sur l'expérience qui montre que tous les corps, bien que très différents en poids et en masse, tombent néanmoins avec la même vitesse, lorsqu'ils tombent de haut en bas. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-70" name="nh5-70" id="nh5-70" class="spip_note" title='[70] L. Feuerbach, Geschichte der neuern Philosophie [1833], cite Gassendi, (...)' >70</a>]</p> <p class="spip">La considération des qualités des atomes nous donne donc le même résultat que la considération de la déclinaison, c'est-à-dire qu'Épicure a objectivé la contradiction incluse, dans le concept d'atome, entre l'être et le mode d'être et a créé ainsi la science de l'atomistique, tandis que, chez Démocrite, il n'y a pas réalisation du principe même, mais maintien du seul côté matériel et fabrication d'hypothèses en vue de l'empirisme.</p> <div style="text-align:center;">*</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;">Chapitre III</div> <div style="text-align:center;">ἄτομοι ἀρχαὶ et ἄτομα στοιχεῖα [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-71" name="nh5-71" id="nh5-71" class="spip_note" title='[71] NDLE : « Átomoi archaì » et « átoma stoicheîa », atomes principes et atomes (...)' >71</a>]</div> <p class="spip">Schaubach, dans sa dissertation déjà ci-dessus mentionnée sur les conceptions astronomiques d'Épicure, affirme :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Épicure a fait, ainsi qu'Aristote, une distinction entre les principes (ἄτομοι ἀρχαὶ, Diogène Laërce, X, 41) et les éléments (ἄτομα στοιχεῖα, Diogëne Laërce, X, 86). Les premiers sont les atomes connaissables par la raison et n'occupent pas d'espace [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-72" name="nh5-72" id="nh5-72" class="spip_note" title='[72] Άμέτοχα ϰενοῦ [Stobée, Églogues physiques, I] ne signifie pas du tout « ne (...)' >72</a>]. On les appelle atomes, non parce que ce sont les corps les plus petits, mais parce qu'ils ne sont pas divisibles dans l'espace. On pourrait croire, d'après ces conceptions, qu'Épicure n'a pas attribué aux atomes de qualités se rapportant à l'espace [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-73" name="nh5-73" id="nh5-73" class="spip_note" title='[73] C'est encore une conclusion erronée : ce qui ne peut être divisé dans (...)' >73</a>]. Cependant, dans la Lettre à Hérodote (Diogène Laërce, 44-45), il donne aux atomes non seulement une pesanteur, mais encore une grandeur et une figure... Je range donc ces atomes dans la seconde espèce, ceux qui sont issus des premiers, mais sont cependant considérés ensuite comme particules élémentaires des corps.</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-74" name="nh5-74" id="nh5-74" class="spip_note" title='[74] Schaubach, loc. cit., pp. 549-550.' >74</a>] »</p> <p class="spip">Examinons de plus près le passage de Diogène Laërce cité par Schaubach. Le voici :</p> <p class="spip">« <i class="spip">οἷον ὅτι τὸ πᾶν σώματα καὶ ἀναφὴς φύσις ἐστίν · ἢ ὅτι ἄτομα στοιχεῖα, καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-75" name="nh5-75" id="nh5-75" class="spip_note" title='[75] NDLE : Diogène Laërce, Vies, X, 86 : « ...par exemple que le tout est (...)' >75</a>]</p> <p class="spip">Épicure enseigne ici à Pythoclès, à qui il écrit, que la théorie des météores se distingue de toutes les autres doctrines physiques, par exemple que tout est corps et vide, qu'il y a des principes fondamentaux indivisibles. On le voit, il n'existe ici pas la moindre raison d'admettre qu'il soit question d'une espèce secondaire d'atomes [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-76" name="nh5-76" id="nh5-76" class="spip_note" title='[76] Diogène Laërce, Vies, X, 44.' >76</a>]. II semble, peut-être, que la disjonction entre <i class="spip">τὸ πᾶν σώματα καὶ ἀναφὴς φύσις</i> et <i class="spip">ὅτι ἄτομα στοιχεῖα</i> établisse une distinction entre <i class="spip">σῶμα</i> et <i class="spip">στοιχεῖα</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-77" name="nh5-77" id="nh5-77" class="spip_note" title='[77] NDLE : entre « sôma » (corps) et « stoicheîa » (éléments).' >77</a>], le terme de <i class="spip">σῶμα</i> désignant les atomes de la première espèce par rapport aux <i class="spip">ἄτομα στοιχεῖα</i>. Mais il n'y faut pas penser. <i class="spip">Σῶμα</i> désigne le corporel par opposition au vide qui pour cette raison s'appelle également <i class="spip">ἀσώματον</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-78" name="nh5-78" id="nh5-78" class="spip_note" title='[78] Diogène Laërce, Vies, X, 67 : « Mais il est impossible de concevoir quoi (...)' >78</a>]. Dans <i class="spip">σῶμα</i> sont donc compris les atomes aussi bien que les corps composés. C'est ainsi, par exemple, qu'il est dit dans la <i class="spip">Lettre à Hérodote</i> :</p> <p class="spip"><i class="spip">Τὸ πᾶν ἐστι τὸ σῶμα</i> [...] <i class="spip">εἰ μὴ ἦν ὃ κενὸν καὶ χώραν καὶ ἀναφῆ φύσιν ὀνομάζομεν</i> [...] <i class="spip">Τῶν σωμάτων τὰ μέν ἐστι συγκρίσεις, τὰ δ' ἐξ ὧν αἱ συγκρίσεις πεποίηνται ταῦτα δέ ἐστιν ἄτομα καὶ ἀμετάβλητα</i> [...] <i class="spip">Ὥστε τὰς ἀρχὰς ἀτόμους ἀναγκαῖον εἶναι σωμάτων φύσεις...</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-79" name="nh5-79" id="nh5-79" class="spip_note" title='[79] Diogène Laërce, Vies, X, 39-40-41. [NDLE : « le tout est le corps [...] (...)' >79</a>]</p> <p class="spip">Dans le passage ci-dessus cité, Épicure parle donc d'abord du corporel en général, par opposition au vide, puis du corporel en particulier, les atomes.</p> <p class="spip">La référence de Schaubach à Aristote est aussi peu probante. La distinction entre <i class="spip">ἀρχὴ</i> et <i class="spip">στοιχεῖον</i>, qui a les préférences des stoïciens [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-80" name="nh5-80" id="nh5-80" class="spip_note" title='[80] Diogène Laërce, Vies, VII, i, 134 : « Ils [les stoïciens] mettent une (...)' >80</a>], se trouve également, il est vrai, chez Aristote [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-81" name="nh5-81" id="nh5-81" class="spip_note" title='[81] Aristote, Métaphysique Γ, 1 et 3.' >81</a>] ; mais celui-ci indique tout aussi bien l'identité des deux expressions [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-82" name="nh5-82" id="nh5-82" class="spip_note" title='[82] Cf. loc. cit.' >82</a>]. Il enseigne même expressément que <i class="spip">στοιχεῖον</i> signifie surtout l'atome [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-83" name="nh5-83" id="nh5-83" class="spip_note" title='[83] Aristote, Métaphysique Δ, 3, 1014a et b : « De même ceux qui traitent les (...)' >83</a>]. De même Leucippe et Démocrite appellent <i class="spip">στοιχεῖον</i> le <i class="spip">πλῆρες καὶ κενὸν</i>. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-84" name="nh5-84" id="nh5-84" class="spip_note" title='[84] Aristote, Métaphysique Α, 3, 985b. NDLE : plérès kaí kenòn : « le plein et (...)' >84</a>]</p> <p class="spip">Chez Lucrèce, dans les lettres d'Épicure, chez Diogème Laërce, dans le <i class="spip">Colotès</i> de Plutarque [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-85" name="nh5-85" id="nh5-85" class="spip_note" title='[85] Diogène Laërce, Vies, X, 54 ; Plutarque, Contre Colotès, I, 1110 : « (...)' >85</a>], chez Sextus Empiricus [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-86" name="nh5-86" id="nh5-86" class="spip_note" title='[86] Sextus Empiricus, Contre les professeurs.' >86</a>], les qualités sont attribuées aux atomes eux-mêmes ; et c'est précisément pour cela qu'ils ont été déterminés comme se supprimant eux-mêmes.</p> <p class="spip">Mais si l'on considère comme une antinomie [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-87" name="nh5-87" id="nh5-87" class="spip_note" title='[87] NDLE : le terme allemand est bien « Antinomie ».' >87</a>] que des corps uniquement perceptibles par la raison [<i class="spip">Vernunft</i>] soient doués de qualités dans l'espace, c'est une antinomie bien plus grande que les qualités dans l'espace ne puissent elles-mêmes être perçues que par l'entendement [<i class="spip">Verstand</i>]. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-88" name="nh5-88" id="nh5-88" class="spip_note" title='[88] Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, XIV, xxiii : « [Épicure dit] que (...)' >88</a>]</p> <p class="spip">Pour justifier davantage son opinion, Schaubach cite le passage suivant de Stobée : « <i class="spip">Épicure</i> [dit] <i class="spip">que les</i> [corps] <i class="spip">primaires sont simples, mais que les corps qui en sont composés auraient cependant de la pesanteur</i> ». À ce passage de Stobée on pourrait encore ajouter les passages suivants, où les <i class="spip">ἄτομα στοιχεῖα</i> sont mentionnés comme une espèce particulière d'atomes : [Plutarque] <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, I, 246 et 249, et Stobée, Eclog. phys., I, p. 5 [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-89" name="nh5-89" id="nh5-89" class="spip_note" title='[89] [Plutarque] De placitis philosophorum, I, vii, 882a : « [Épicure] tient (...)' >89</a>]. Il n'est, d'ailleurs, nullement affirmé dans ces passages que les atomes originels soient sans grandeur, sans figure et sans pesanteur. Il n'est au contraire parlé que de la pesanteur en tant que caractère différentiel des ἄτομοι ἀρχαὶ et des ἄτομα στοιχεῖα. Mais nous avons déjà remarqué au chapitre précédent qu'il n'est question de la pesanteur qu'à propos de la répulsion et des conglomérats qui en résultent.</p> <p class="spip">L'invention des <i class="spip">ἄτομα στοιχεῖα</i> ne sert d'ailleurs de rien. Il est aussi malaisé de passer des <i class="spip">ἄτομοι ἀρχαὶ</i> aux <i class="spip">ἄτομα στοιχεῖα</i> que de leur attribuer directement des qualités. Cependant, je ne nie pas absolument cette distinction. La seule chose que je nie, c'est qu'il y ait deux espèces fixes et différentes d'atomes. Ce sont, au contraire, des déterminations différentes d'une seule et même espèce.</p> <p class="spip">Avant d'expliquer cette différence, j'attire encore l'attention sur un procédé d'Épicure. Il aime, en effet, à poser comme existences différentes et autonomes les diverses déterminations d'un concept. De même que son principe est l'atome, la méthode même de sa science est atomistique. Sans qu'il s'en doute, tout élément de l'évolution se transforme immédiatement chez lui en une réalité fixe, séparée en quelque sorte de sa connexion par l'espace vide ; toute détermination prend la forme de l'individualité isolée.</p> <p class="spip">L'exemple ci-après fera comprendre ce procédé.</p> <p class="spip">L'infini, <i class="spip">τὸ ἄπειρον</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-90" name="nh5-90" id="nh5-90" class="spip_note" title='[90] NDLE : tò ápeiron.' >90</a>], ou l'<i class="spip">infinitio</i>, comme traduit Cicéron, est parfois employé par Épicure comme une nature particulière ; bien plus, dans les passages même où nous trouvons les <i class="spip">στοιχεῖα</i> déterminés comme une substance fixe, nous trouvons aussi l'<i class="spip">ἄπειρον</i> doué d'indépendance [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-91" name="nh5-91" id="nh5-91" class="spip_note" title='[91] Cf. loc. cit.' >91</a>].</p> <p class="spip">Or, d'après les propres déterminations d'Épicure, l'infini n'est ni une substance particulière, ni quelque chose d'extérieur aux atomes et au vide, mais plutôt une détermination accidentelle. Nous trouvons en effet trois significations de l'ἄπειρον.</p> <p class="spip">Premièrement l'ἄπειρον exprime, pour Épicure, une qualité commune aux atomes et au vide. Il désigne l'infinité du tout, qui est infini par l'infinie pluralité des atomes, par l'infinie grandeur du vide [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-92" name="nh5-92" id="nh5-92" class="spip_note" title='[92] Cicéron, De Finibus, I, vi : « c'est aussi [Démocrite] de lui qu'il a pris (...)' >92</a>].</p> <p class="spip">En second lieu, l'<i class="spip">ἀπειρία</i> est la pluralité des atomes, en sorte que ce qui est opposé au vide, ce n'est pas l'atome, mais la pluralité infinie des atomes [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-93" name="nh5-93" id="nh5-93" class="spip_note" title='[93] Plutarque, Contre Colotès, 1114 : « Voilà donc deux principes de (...)' >93</a>].</p> <p class="spip">Enfin, si nous pouvons conclure de Démocrite à Épicure, l'<i class="spip">ἄπειρον</i> signifie également le juste contraire, le vide illimité, opposé à l'atome déterminé en soi et limité par soi-même [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-94" name="nh5-94" id="nh5-94" class="spip_note" title='[94] Simplicius, loc. cit., p.488.' >94</a>].</p> <p class="spip">Dans toutes ces significations, - les seules et même les seules possibles pour l'atomistique, - l'infini n'est qu'une détermination de l'atome et du vide. Il est néanmoins constitué en une existence particulière, et même posé comme une nature spécifique à côté des principes dont il exprime la détermination.</p> <p class="spip">Qu'Épicure ait donc fixé lui-même la détermination, où l'atome devient <i class="spip">στοιχεῖον</i> comme une espèce primitive et indépendante d'atomes, ce qui, d'après la prépondérance historique de l'une des sources sur l'autre, n'est d'ailleurs pas le cas, ou que Métrodore, le disciple d'Épicure, ait été, ce qui nous paraît plus vraisemblable, le premier à transformer la détermination différenciée en une existence différenciée [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-95" name="nh5-95" id="nh5-95" class="spip_note" title='[95] [Plutarque], De placitis philosophorum, I, v, 879b et c : « Métrodore (...)' >95</a>], il nous faut attribuer au mode subjectif de la conscience atomistique l'autonomisation des éléments individuels. Parce que l'on prête à différentes déterminations la forme d'existence différente, on n'en a pas, pour cela, compris la différence.</p> <p class="spip">L'atome n'a, pour Démocrite, que la valeur d'un <i class="spip">στοιχεῖον</i>, d'un substrat matériel. La distinction entre l'atome en tant qu'<i class="spip">ἀρχὴ</i> et <i class="spip">στοιχεῖον</i>, en tant que principe et élément, appartient à Épicure. Ce qui suit nous en montrera l'importance.</p> <p class="spip">La contradiction entre l'existence et l'essence, entre la matière et la forme, dans le concept d'atome, est posée dans chaque atome même, du fait qu'on attribue des qualités à celui-ci. Par la qualité, l'atome est aliéné [<i class="spip">entfremdet</i>] de son concept, mais en même temps parachevé dans sa construction. La répulsion et les conglomérations connexes des atomes qualifiés produisent ensuite le monde des phénomènes.</p> <p class="spip">Dans ce passage du monde de l'essence au monde de la phénoménalité, la contradiction incluse dans le concept d'atome atteint évidemment sa réalisation la plus frappante. Car l'atome est, selon son concept, la forme absolue, essentielle, de la nature. <i class="spip">Cette forme absolue est maintenant dégradée à la matière absolue, au substrat informe du monde phénoménal</i>.</p> <p class="spip">Les atomes sont bien la substance de la nature [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-96" name="nh5-96" id="nh5-96" class="spip_note" title='[96] Lucrèce, De Natura, I, 820-21 : « car les mêmes éléments qui forment la (...)' >96</a>], d'où tout provient, où tout retourne [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-97" name="nh5-97" id="nh5-97" class="spip_note" title='[97] Diogène Laërce, [Vies, X, 73-74 : « et toutes choses se dissolvent, les (...)' >97</a>] ; mais l'anéantissement perpétuel du monde phénoménal n'aboutit à aucun résultat. Il se forme des phénomènes nouveaux ; mais l'atome reste toujours au fond comme dépôt [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-98" name="nh5-98" id="nh5-98" class="spip_note" title='[98] Simplicius, loc. cit., p. 425.' >98</a>]. En tant que l'atome est donc conçu selon son concept pur, c'est l'espace vide, la nature anéantie, qui est son existence ; en tant qu'il passe à la réalité, il est ravalé à l'état de base matérielle qui, support d'un monde à rapports multiples, n'existe jamais autrement que dans des formes extérieures et qui lui sont indifférentes. C'est là une conséquence nécessaire, parce que l'atome, supposé comme une individualité abstraite et quelque chose de fini, ne peut s'affirmer comme force qui idéaliserait et dominerait cette multiplicité.</p> <p class="spip">L'individualité abstraite, c'est la liberté à l'égard de l'existence, non pas la liberté dans l'existence. Elle n'est pas à même de resplendir à la lumière de l'existence [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-99" name="nh5-99" id="nh5-99" class="spip_note" title='[99] Lucrèce, De Natura, II, 796 : « Les atomes ne se produisent pas à la (...)' >99</a>]. C'est là un élément où elle perd son caractère et devient matérielle. C'est pourquoi l'atome n'apparaît pas au grand jour de la phénoménalité où, s'il y apparaît, il est ravalé à l'état de base matérielle. L'atome comme tel n'existe que dans le vide. Ainsi donc la mort de la nature en est devenue la substance immortelle ; et c'est avec raison que Lucrèce s'écrie : <i class="spip">Mortalem vitam mors</i> [...] <i class="spip">immortalis ademit</i>. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb5-100" name="nh5-100" id="nh5-100" class="spip_note" title='[100] NDLE : « Une immortelle mort emporte la mortelle vie », De Natura, III, (...)' >100</a>]</p> <p class="spip">Mais le fait qu'Épicure saisit et objective ainsi la contradiction à son plus haut degré et distingue par conséquent l'atome qui, comme <i class="spip">στοιχεῖον</i>, devient la base des phénomènes, de l'atome qui, comme <i class="spip">ἀρχὴ</i>, existe dans le vide, voilà ce qui constitue, au point de vue philosophique, la différence entre lui et Démocrite, qui n'objective qu'un seul élément. C'est la même différence qui sépare Épicure et Démocrite dans le monde de l'être, dans le domaine des atomes et du vide. Mais, comme l'atome qualifié est le seul parfait, et que le monde phénoménal ne peut sortir que de l'atome parfait et aliéné de son concept, Épicure exprime ce fait en disant que seul l'atome qualifié devient <i class="spip">στοιχεῖον</i> ou que seul l'<i class="spip">ἄτομον στοιχεῖον</i> est doué de qualités.</p> <div style="text-align:center;">*</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;">Chapitre IV</div> <div style="text-align:center;">Le temps</div> <div style="text-align:right;">NDLE : <i class="spip">en préparation.</i></div></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-1" name="nb5-1" class="spip_note" title="info notes 5-1">1</a>] Stobée, <i class="spip">Églogues physiques</i>, I : « Épicure dit [...] que les atomes se meuvent parfois perpendiculairement, parfois en inclinaison, mais qu'ils sont mus vers le haut par coups et par secousses. Cf. Cicéron, <i class="spip">De Finibus</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">vi</span>, et [Plutarque], <i class="spip">De Placitis philosophorum</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xii</span>, 883a-b.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-2" name="nb5-2" class="spip_note" title="info notes 5-2">2</a>] Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxvi</span> : « Qu'y a-t-il dans la physique d'Épicure qui ne vienne pas de Démocrite ? Il a bien changé quelque chose ainsi que je le disais tout à l'heure en rappelant la déclinaison des atomes... »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-3" name="nb5-3" class="spip_note" title="info notes 5-3">3</a>] Cicéron, <i class="spip">De Finibus</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">vi</span>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-4" name="nb5-4" class="spip_note" title="info notes 5-4">4</a>] Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxv</span>. Cf. Cicéron, <i class="spip">De Fato</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">x</span>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-5" name="nb5-5" class="spip_note" title="info notes 5-5">5</a>] Pierre Bayle, <i class="spip">Dict. hist.</i> (loc. cit.).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-6" name="nb5-6" class="spip_note" title="info notes 5-6">6</a>] Schaubach, « Sur les conceptions astronomiques d'Épicure » [en allemand], <i class="spip">Archiv für Philologie und Pädagogik</i>, vol. V, 4, 1839.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-7" name="nb5-7" class="spip_note" title="info notes 5-7">7</a>] <i class="spip">De Natura</i>, II, 251 sqq. : « si tous les mouvements sont enchaînés dans la nature, si toujours d'un premier naît un second suivant un ordre rigoureux [...] d'où vient, dis-je, cette libre faculté arrachée au destin [...] ? »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-8" name="nb5-8" class="spip_note" title="info notes 5-8">8</a>] Aristote, De l'âme, I, 4, 409a.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-9" name="nb5-9" class="spip_note" title="info notes 5-9">9</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 43. : « Les atomes sont dans un mouvement continuel ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-10" name="nb5-10" class="spip_note" title="info notes 5-10">10</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 251 sqq. : « Si... par leur déclinaison, les atomes ne prennent pas l'initiative d'un mouvement qui rompe les lois du destin, pour empêcher la succession indéfinie des causes... »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-11" name="nb5-11" class="spip_note" title="info notes 5-11">11</a>] NDLE : <i class="spip">Fati fœdera</i> : « liens du destin ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-12" name="nb5-12" class="spip_note" title="info notes 5-12">12</a>] Lucrère, <i class="spip">De Natura</i>, II, 279 : « il y a pourtant en nous quelque chose capable de combattre et de résister ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-13" name="nb5-13" class="spip_note" title="info notes 5-13">13</a>] Cicéron, <i class="spip">De Finibus</i>, I, 6.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-14" name="nb5-14" class="spip_note" title="info notes 5-14">14</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 294 : « ni en un lieu certain, ni en un temps fixé ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-15" name="nb5-15" class="spip_note" title="info notes 5-15">15</a>] Cicéron, <i class="spip">De Fato</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">x</span> : « il faut ajouter cette déclinaison infiniment petite, ἐλάχιστον, dit Épicure ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-16" name="nb5-16" class="spip_note" title="info notes 5-16">16</a>] Cicéron, <i class="spip">Ibid.</i> : « Que c'est un mouvement sans cause, si Épicure ne le déclare pas expressément, au fond il est forcé d'en convenir ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-17" name="nb5-17" class="spip_note" title="info notes 5-17">17</a>] Plutarque, <i class="spip">De la création de l'âme</i>, (1015b-c) : « Ils n'accordent pas à Épicure que l'atome décline de quelque manière, parce qu'il fait produire un mouvement par une cause qui vient du néant ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-18" name="nb5-18" class="spip_note" title="info notes 5-18">18</a>] Cicéron, <i class="spip">De Finibus</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">iv</span> : « En effet, c'est par une pure fiction qu'il donne aux atomes un léger mouvement de déclinaison, dont il n'allègue aucune cause (51), ce qui est honteux à un physicien (52), et qu'il leur ôte en même temps, sans aucune cause, le mouvement direct de haut en bas qu'il avait établi dans tous les corps. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-19" name="nb5-19" class="spip_note" title="info notes 5-19">19</a>] Pierre Bayle, loc. cit.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-20" name="nb5-20" class="spip_note" title="info notes 5-20">20</a>] Augustin, <i class="spip">Lettres</i>, 56.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-21" name="nb5-21" class="spip_note" title="info notes 5-21">21</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 128.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-22" name="nb5-22" class="spip_note" title="info notes 5-22">22</a>] Plutarque, <i class="spip">Non posse suaviter vivi secundum Epicurum</i>, 1091.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-23" name="nb5-23" class="spip_note" title="info notes 5-23">23</a>] Clément d'Alexandrie, <i class="spip">Stromates</i>, livre II, 21.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-24" name="nb5-24" class="spip_note" title="info notes 5-24">24</a>] Sénèque, <i class="spip">Des bienfaits</i>, VI, <span style="font-variant: small-caps">iv</span> : « La divinité n'accorde pas de bienfaits ; mais, calme et indifférente à notre sort, étrangère à la marche du monde [...] ; et les hommages des hommes ne le touchent pas plus que leurs outrages ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-25" name="nb5-25" class="spip_note" title="info notes 5-25">25</a>] Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxiv</span>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-26" name="nb5-26" class="spip_note" title="info notes 5-26">26</a>] Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xl</span> : « Quel aliment choisi, quelles boissons, quelles sortes de sons ou de fleurs, quels contacts, quelles odeurs employer pour inonder les dieux de volupté ? » NDLE : Marx a probablement ici à l'esprit les remarques de Winckelmann, <i class="spip">Geschichte der Kunst des Altertum</i> (Histoire de l'art antique), Dresde, 1767 : « La beauté des divinités dans leur âge viril consiste dans la combinaison de la force de la maturité avec la joie de la jeunesse [...]. Mais cela s'exprime également dans une expression de divine auto-retenue, qui n'a pas besoin des parties de notre corps qui servent pour la nourriture ; et ceci éclaire l'opinion d'Épicure à propos de la forme des dieux, auxquels il donne un corps qui n'est que l'apparence d'un corps, et du sang, mais qui semble du sang, quelque chose que Cicéron considère comme obscur et inconcevable ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-27" name="nb5-27" class="spip_note" title="info notes 5-27">27</a>] NDLE : ancien nom de la Mer Caspienne, lieu inaccessible pour les anciens Grecs.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-28" name="nb5-28" class="spip_note" title="info notes 5-28">28</a>] Plutarque, <i class="spip">Non posse suaviter vivi secundum Epicurum</i>, 1100-1101 : « la doctrine des Épicuriens dissipe, il est vrai, une certaine crainte des dieux et une certaine superstition, mais elle ne permet qu'aucune félicité ni joie ne vienne des dieux. Si elle laisse ses sectateurs exempts de trouble, elle les laisse aussi sans contentement. Ils se trouvent à l'égard des Dieux comme nous le sommes à l'égard des poissons hyrcaniens, dont nous n'attendons ni bien ni mal.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-29" name="nb5-29" class="spip_note" title="info notes 5-29">29</a>] Aristote, <i class="spip">De Cælo</i>, II, <span style="font-variant: small-caps">xii</span>, 292b.</i></p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-30" name="nb5-30" class="spip_note" title="info notes 5-30">30</a>] NDLE : loi des atomes.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-31" name="nb5-31" class="spip_note" title="info notes 5-31">31</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 221 sqq. : « Sans cet écart, [...] il n'y aurait eu nulle collision, et jamais la nature n'eût rien créé. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-32" name="nb5-32" class="spip_note" title="info notes 5-32">32</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 284 sqq. : « C'est pourquoi les atomes aussi [...] ont une autre cause de mouvement que les chocs et la pesanteur, une cause d'où nous provient le pouvoir de la volonté [...] Mais il faut encore que l'esprit ne porte pas en soi une nécessité intérieure qui le contraigne dans tous ses actes, il faut qu'il échappe à cette tyrannie et ne se trouve pas réduit à la passivité : or, tel est l'effet d'une légère déviation des atomes ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-33" name="nb5-33" class="spip_note" title="info notes 5-33">33</a>] Aristote, <i class="spip">De Cælo</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">vii</span>, 276a : « Mais si l'univers n'est pas continu et fini, comme le disent Démocrite et Leucippe, les atomes sont séparés et déterminés entre eux par le vide. La conséquence nécessaire de cette théorie, c'est qu'il n'y a plus qu'un seul et unique mouvement [...] ils n'ont cependant qu'une seule et même nature, comme si, par exemple, chacun d'eux était un morceau d'or distinct et séparé. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-34" name="nb5-34" class="spip_note" title="info notes 5-34">34</a>] Aristote, <i class="spip">De Cælo</i>, III, <span style="font-variant: small-caps">ii</span>, 301a [<i class="spip">Marx donne en note la suite du texte d'Aristote</i>] : « car ce serait aller à l'infini et s'y perdre, que de ne pas admettre qu'il y a un premier moteur naturel, et que de croire que le moteur antérieur ne donne le mouvement qu'en étant toujours mu lui-même par force.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-35" name="nb5-35" class="spip_note" title="info notes 5-35">35</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 150.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-36" name="nb5-36" class="spip_note" title="info notes 5-36">36</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 54. Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 861 sqq. : « tout cela doit rester étranger aux atomes, si tu veux asseoir la nature sur des fondements éternels et assurer son salut. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-37" name="nb5-37" class="spip_note" title="info notes 5-37">37</a>] NDLE : le terme allemand est <i class="spip">kontraponiert</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-38" name="nb5-38" class="spip_note" title="info notes 5-38">38</a>] -[Plutarque], <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, I, 877e : Épicure prétend que les atomes ont trois qualités : grandeur, forme, pesanteur. Démocrite n'en admettait que deux : grandeur et forme ; Épicure y ajouta en troisième la pesanteur. Ces corps [...] ne peuvent se mouvoir que par l'impulsion de leur gravité ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-39" name="nb5-39" class="spip_note" title="info notes 5-39">39</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangelique</i>, XIV, <span style="font-variant: small-caps">xiv</span>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-40" name="nb5-40" class="spip_note" title="info notes 5-40">40</a>] <i class="spip">Perí genéseos kai phthorás</i> : La traduction courante de ce titre, imitée du latin <i class="spip">De generatione et corruptione</i>, est « De la génération et de la corruption ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-41" name="nb5-41" class="spip_note" title="info notes 5-41">41</a>] Aristote, <i class="spip">De la génération et de la corruption</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">viii</span>, 326a : « Et cependant chacun des atomes est d'autant plus pesant, selon Démocrite, qu'il est plus gros ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-42" name="nb5-42" class="spip_note" title="info notes 5-42">42</a>] <i class="spip">Perí ouranoú</i> : <i class="spip">De Cælo</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-43" name="nb5-43" class="spip_note" title="info notes 5-43">43</a>] Aristote, <i class="spip">De Cælo</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">vii</span>, 276b</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-44" name="nb5-44" class="spip_note" title="info notes 5-44">44</a>] Ritter, <i class="spip">Geschichte der alten Philosophie</i>, 1836, I, p. 602 n. 2..</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-45" name="nb5-45" class="spip_note" title="info notes 5-45">45</a>] Aristote, <i class="spip">Métaphysique</i> H, 2, 1042b11-15.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-46" name="nb5-46" class="spip_note" title="info notes 5-46">46</a>] Aristote, <i class="spip">Métaphysique</i> A, 985b4-15 : « Leucippe et son compagnon Démocrite, prirent pour éléments le plein et le vide, qu'ils appelaient l'être et le non-être. De ces principes, le plein et le solide sont l'être ; le vide le non-être (c'est pourquoi, à leur sens, l'être n'a pas plus d'existence que le non-être, parce que le vide n'existe pas moins que le corps). Ce sont les causes des êtres, en tant que matière. Et de même que ceux qui posent une substance fondamentale unique font naître tout le reste des modifications de cette substance, en supposant comme principes des qualités la raréfaction et la densité, de même ceux-là enseignent que les différences des atomes sont les causes de toutes les autres qualités. Ces différences, disent-ils, sont au nombre de trois : ῥυσμὸς, διαθιγὴ et τροπὴ [configuration, contact et tournure]. Or la configuration, c'est la figure, le contact c'est l'ordre, et la tournure c'est l'orientation. C'est ainsi, par exemple, qu'A se différencie de N par la figure, AN de NA par la disposition, Z de N par l'orientation. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-47" name="nb5-47" class="spip_note" title="info notes 5-47">47</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 44 : « Les atomes n'ont aucune qualité excepté leur forme, taille, et pesanteur [...] D'ailleurs, ils n'ont pas n'importe quelle grandeur, puisque jamais un atome ne peut être connu par la sensation ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-48" name="nb5-48" class="spip_note" title="info notes 5-48">48</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 56 : « Il n'est pas nécessaire encore, pour la différence des qualités, que les atomes aient toutes sortes de grandeurs. Si cela était, il y aurait aussi des atomes que nous devrions apercevoir ; ce qu'on ne voit pas qui ait lieu ; et on ne comprend pas non plus comment on pourrait voir un atome. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-49" name="nb5-49" class="spip_note" title="info notes 5-49">49</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 55 : « Il ne faut pas croire que les atomes renferment toutes sortes de grandeurs [...] mais ils renferment des différences de grandeur »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-50" name="nb5-50" class="spip_note" title="info notes 5-50">50</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 59 : « Il diffère par sa petitesse de ce qui tombe sous les sens, mais il est soumis à la même analogie ; et quand nous disons que l'atome a une grandeur suivant cette analogie, nous ne parlons que de celle qui est petite »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-51" name="nb5-51" class="spip_note" title="info notes 5-51">51</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 58.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-52" name="nb5-52" class="spip_note" title="info notes 5-52">52</a>] <i class="spip">Epicuri Fragmenta librorum II [et] XI de Natura</i>, éd. Rosinius et Orellius, Lipsiæ, 1818.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-53" name="nb5-53" class="spip_note" title="info notes 5-53">53</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangélique</i>, XIV, <span style="font-variant: small-caps">xxiii</span> : « Leur dissentiment ne consiste qu'en ce que l'un [Épicure] veut que tous les atomes soient les plus petits possibles, et par là même imperceptibles ; Démocrite, au contraire, a supposé que les atomes pouvaient être de la plus grande dimension. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-54" name="nb5-54" class="spip_note" title="info notes 5-54">54</a>] Stobée, <i class="spip">Églogues physiques</i>, I, 17. Cf.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-55" name="nb5-55" class="spip_note" title="info notes 5-55">55</a>] Aristote, <i class="spip">De la génération</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">viii</span>, 324b : « invisibles en raison de leur petitesse ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-56" name="nb5-56" class="spip_note" title="info notes 5-56">56</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangélique</i>, XIV, <span style="font-variant: small-caps">xiv</span> : « [Démocrite] donne pour éléments aux êtres les corpuscules insécables, seulement conçus par la raison ». Cf. [Plutarque], <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">iii</span>, 877d.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-57" name="nb5-57" class="spip_note" title="info notes 5-57">57</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 54. Cf. X, 44.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-58" name="nb5-58" class="spip_note" title="info notes 5-58">58</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 42.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-59" name="nb5-59" class="spip_note" title="info notes 5-59">59</a>] Ibid.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-60" name="nb5-60" class="spip_note" title="info notes 5-60">60</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 513 : « il faut nécessairement reconnaître que la diversité des formes ne peut être infinie » ; Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangélique</i>, XIV, xiv : « Les formes des atomes sont indéfinissables, mais non infinies » ; Cf. [Plutarque], <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, 877e.</i></p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-61" name="nb5-61" class="spip_note" title="info notes 5-61">61</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 42 : « De plus, chaque figure présente un nombre infini d'exemplaires » ; Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 525-528 : « Et, en effet, la diversité de forme ayant ses limites, il faut ou que les éléments semblables soient en nombre sans fin ou qu'il y ait une limite pour la matière totale : ce qui n'est pas, je l'ai prouvé. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-62" name="nb5-62" class="spip_note" title="info notes 5-62">62</a>] Aristote, <i class="spip">De Cælo</i>, III, <span style="font-variant: small-caps">iv</span>, 303b : « Mais la raison ne peut pas plus admettre les théories de quelques autres philosophes, tels que Leucippe et Démocrite d'Abdère. [...] De plus, comme les corps diffèrent par leurs formes, et que les formes sont infinies en nombre, il faut aussi, d'après eux, que les corps simples soient en nombre infini. Du reste, ils n'ont pas expliqué quelle était la forme de chacun des éléments, et ils se sont bornés à attribuer la forme de la sphère au feu ; quant à l'air et aux autres éléments... »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-63" name="nb5-63" class="spip_note" title="info notes 5-63">63</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 474-484, 491-492, 495-497 : « les formes des atomes ne varient pas à l'infini. Autrement, il faudrait qu'il y eût certains atomes d'une infinie grandeur. Car dans leur commune petitesse, ils ne sont pas susceptibles d'une riche variété de formes. [...] pour peu que tu veuilles encore trouver de nouvelles figures [...], d'autres combinaisons exigeront d'autres parties à leur tour [...] Tu vois donc que la multiplication des formes entraîne l'augmentation du volume. Alors, comment serait-il possible d'admettre pour les atomes une infinie diversité de formes ? »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-64" name="nb5-64" class="spip_note" title="info notes 5-64">64</a>] Cf. note <a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb61" class="spip_ancre">61</a>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-65" name="nb5-65" class="spip_note" title="info notes 5-65">65</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 44 et 54.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-66" name="nb5-66" class="spip_note" title="info notes 5-66">66</a>] J. Brucker, <i class="spip">Institutiones historiae philosophiae</i>, [Leipzig, 1747], p. 224.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-67" name="nb5-67" class="spip_note" title="info notes 5-67">67</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, I, 1051-1052 : « Surtout ne va pas croire, cher Memmius, que toutes choses tendent vers le centre du monde, comme le disent quelques hommes ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-68" name="nb5-68" class="spip_note" title="info notes 5-68">68</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 43 : « Les atomes sont dans un mouvement continuel, [...] ils se meuvent avec la même vitesse, parce que le vide laisse sans cesse le même passage au plus léger comme au plus, pesant » ; X, 61 : « Les atomes ont tous une égale vitesse dans le vide, où ils ne rencontrent aucun obstacle. Les légers ne vont pas plus lentement que ceux qui ont plus de poids, ni les petits moins vite que les grands, parce que n'y ayant rien qui en arrête le cours, leur vitesse est également proportionnée ». Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 235-239 : « Mais à aucun corps, en nul point, dans nul moment, le vide ne peut cesser, comme le veut sa nature, de céder. Aussi tous les atomes doivent, à travers le vide inerte, être emportés d'une vitesse égale, malgré l'inégalité de leurs pesanteurs. ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-69" name="nb5-69" class="spip_note" title="info notes 5-69">69</a>] Cf. <a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh71" class="spip_ancre">chapitre III</a>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-70" name="nb5-70" class="spip_note" title="info notes 5-70">70</a>] L. Feuerbach, <i class="spip">Geschichte der neuern Philosophie</i> [1833], cite Gassendi, <i class="spip">loc. cit.</i> XXXIII, 7 : Bien qu'Épicure n'ait peut-être jamais songé à cette expérience, a pensé des atomes, conduit par la raison, cette même chose que l'expérience nous a enseignée récemment, savoir que tous les corps [...], bien que différents, tant par le poids que par la masse, ont la même vitesse lorsqu'ils chutent de haut en bas. Il a pensé aussi que tous les atomes, autant ils diffèrent en taille et en poids, ont une vitesse égale dans leur mouvement.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-71" name="nb5-71" class="spip_note" title="info notes 5-71">71</a>] NDLE : « Átomoi archaì » et « átoma stoicheîa », atomes principes et atomes éléments.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-72" name="nb5-72" class="spip_note" title="info notes 5-72">72</a>] Άμέτοχα ϰενοῦ [Stobée, <i class="spip">Églogues physiques</i>, I] ne signifie pas du tout « ne remplissent aucun <i class="spip">espace</i> », mais « ne font pas partie <i class="spip">du</i> vide » ; c'est ce que dit ailleurs Diogène Laërce : « on ne distingue pas de parties »[X, 58]. On doit entendre cette expression de la même manière dans [Plutarque] <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, I, 877d.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-73" name="nb5-73" class="spip_note" title="info notes 5-73">73</a>] C'est encore une conclusion erronée : ce qui ne peut être divisé dans l'espace n'en est pas pour autant hors de l'espace ou sans relation spatiale.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-74" name="nb5-74" class="spip_note" title="info notes 5-74">74</a>] Schaubach, loc. cit., pp. 549-550.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-75" name="nb5-75" class="spip_note" title="info notes 5-75">75</a>] NDLE : Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 86 : « ...par exemple que le tout est entièrement corporel et intangible, que les éléments sont des atomes et toutes ces sortes de choses ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-76" name="nb5-76" class="spip_note" title="info notes 5-76">76</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 44.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-77" name="nb5-77" class="spip_note" title="info notes 5-77">77</a>] NDLE : entre « sôma » (corps) et « stoicheîa » (éléments).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-78" name="nb5-78" class="spip_note" title="info notes 5-78">78</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 67 : « Mais il est impossible de concevoir quoi que ce soit d'incorporel existant en soi, excepté le vide ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-79" name="nb5-79" class="spip_note" title="info notes 5-79">79</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 39-40-41. [NDLE : « le tout est le corps [...] s'il n'y avait point de vide ni de lieu, ce qu'autrement nous désignons par le nom de nature impalpable [...] Quant aux corps, les uns sont des assemblages, les autres des corps dont ces assemblages sont formés, et ceux-ci sont indivisibles et immuables [...] Aussi ces principes sont-ils nécessairement de nature corporelle indivisible. »] -</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-80" name="nb5-80" class="spip_note" title="info notes 5-80">80</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, VII, <span style="font-variant: small-caps">i</span>, 134 : « Ils [<i class="spip">les stoïciens</i>] mettent une différence entre les principes et les éléments. Les premiers ne sont ni engendrés ni corruptibles ; mais un embrasement peut corrompre les seconds. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-81" name="nb5-81" class="spip_note" title="info notes 5-81">81</a>] Aristote, <i class="spip">Métaphysique</i> Γ, 1 et 3.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-82" name="nb5-82" class="spip_note" title="info notes 5-82">82</a>] Cf. <i class="spip">loc. cit</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-83" name="nb5-83" class="spip_note" title="info notes 5-83">83</a>] Aristote, <i class="spip">Métaphysique</i> Δ, 3, 1014a et b : « De même ceux qui traitent les éléments des corps appellent ainsi les ultimes parties en lesquelles se divisent les corps, parties qu'on ne peut plus diviser en d'autres corps d'espèce différente. [...] C'est pourquoi le petit, le simple, l'indivisible est appelé élément. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-84" name="nb5-84" class="spip_note" title="info notes 5-84">84</a>] Aristote, <i class="spip">Métaphysique</i> Α, 3, 985b. NDLE : <i class="spip">plérès kaí kenòn</i> : « le plein et le vide ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-85" name="nb5-85" class="spip_note" title="info notes 5-85">85</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 54 ; Plutarque, <i class="spip">Contre Colotès</i>, I, 1110 : « cette opinion est aussi intimement liée aux dogmes d'Épicure que la figure et la pesanteur sont, suivant les épicuriens mêmes, inséparables des atomes ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-86" name="nb5-86" class="spip_note" title="info notes 5-86">86</a>] Sextus Empiricus, <i class="spip">Contre les professeurs</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-87" name="nb5-87" class="spip_note" title="info notes 5-87">87</a>] NDLE : le terme allemand est bien « <i class="spip">Antinomie</i> ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-88" name="nb5-88" class="spip_note" title="info notes 5-88">88</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangélique</i>, XIV, <span style="font-variant: small-caps">xxiii</span> : « [Épicure dit] que les atomes sont [...] imperceptibles », et <span style="font-variant: small-caps">xiv</span> : « qu'ils ont des formes perceptibles par la raison ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-89" name="nb5-89" class="spip_note" title="info notes 5-89">89</a>] -[Plutarque] <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">vii</span>, 882a : « [Épicure] tient aussi que quatre autres êtres naturels, qui sont les atomes, le vide, l'infini et les parties semblables [<i class="spip">homœoméries</i>], sont incorruptibles. Il appelle ces dernières, indifféremment, parties semblables [<i class="spip">homœoméries</i>] et éléments. » <span style="font-variant: small-caps">xii</span>, 833a : « Épicure croit que les corps sont infinis ; que les premiers éléments sont simples, mais que les êtres composés, formés de ceux-ci, ont de la gravité ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-90" name="nb5-90" class="spip_note" title="info notes 5-90">90</a>] NDLE : <i class="spip">tò ápeiron</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-91" name="nb5-91" class="spip_note" title="info notes 5-91">91</a>] Cf. loc. cit.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-92" name="nb5-92" class="spip_note" title="info notes 5-92">92</a>] Cicéron, <i class="spip">De Finibus</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">vi</span> : « c'est aussi [Démocrite] de lui qu'il a pris cette étendue à l'infini qu'il nomme <i class="spip">ἀπειρία</i> ». Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 41 : « Or l'univers est infini à deux égards, par rapport au nombre des corps qu'il renferme et par rapport a la grandeur du vide ». NDLE : ἀπειρία [apeiría] : infinité.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-93" name="nb5-93" class="spip_note" title="info notes 5-93">93</a>] Plutarque, <i class="spip">Contre Colotès</i>, 1114 : « Voilà donc deux principes de génération que vous [Épicuriens] admettez, l'infini et le vide, dont l'un est privé d'action, impassible et incorporel ; l'autre, dépourvu d'ordre et de raison, et ne pouvant être terminé, se confond et se détruit lui-même, parce que son immense étendue n'admet ni borne ni mesure. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-94" name="nb5-94" class="spip_note" title="info notes 5-94">94</a>] Simplicius, loc. cit., p.488.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-95" name="nb5-95" class="spip_note" title="info notes 5-95">95</a>] -[Plutarque], <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">v</span>, 879b et c : « Métrodore dit [...] que la preuve qu'il existe des mondes à l'infini, c'est qu'il y a une infinité de causes. [...] Or ces causes sont les atomes ou les éléments. » Stobée, <i class="spip">Églogues physiques</i>, I, 52.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-96" name="nb5-96" class="spip_note" title="info notes 5-96">96</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, I, 820-21 : « car les mêmes éléments qui forment la terre, le ciel, la mer, les fleuves et le soleil, engendrent aussi les arbres, les moissons et les animaux ». Diogène Laërce, [Vies</i>, X, 39 : « Or le tout fut toujours tel qu'il est et sera toujours dans le même état, n'y ayant rien en quoi il puisse se changer. En effet, outre l'univers, il n'existe rien en quoi il puisse se convertir et subir un changement. [...] Le tout est corporel. » X, 41 : « Ceux-ci sont indivisibles [<i class="spip">ἄτομα</i>] et immuables, à moins que toutes choses ne s'anéantissent en ce qui n'est point ; mais ces corps subsisteront constamment dans les dissolutions des assemblages, existeront par leur nature, et ne peuvent être dissous, n'y ayant rien en quoi et de quelle manière ils puissent se dissoudre. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-97" name="nb5-97" class="spip_note" title="info notes 5-97">97</a>] Diogène Laërce, [Vies</i>, X, 73-74 : « et toutes choses se dissolvent, les unes promptement, les autres plus lentement, les unes et les autres par diverses causes de différente manière. Il est donc clair qu'Épicure déclarait les mondes périssables, leurs parties étant sujettes au changement. » Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, V, 109 sq. : « Puisse le raisonnement plutôt que l'événement apporter la preuve que le monde vaincu peut sombrer dans un horrible fracas ! » et V, 373-75 : « La porte de la mort n'est donc fermée ni au ciel, ni au soleil, ni à la terre, ni aux profondes eaux de la mer ; elle s'ouvre toute grande sur le gouffre immense et béant qui doit les engloutir. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-98" name="nb5-98" class="spip_note" title="info notes 5-98">98</a>] Simplicius, loc. cit., p. 425.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-99" name="nb5-99" class="spip_note" title="info notes 5-99">99</a>] Lucrèce, <i class="spip">De Natura</i>, II, 796 : « Les atomes ne se produisent pas à la lumière »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh5-100" name="nb5-100" class="spip_note" title="info notes 5-100">100</a>] NDLE : « Une immortelle mort emporte la mortelle vie », <i class="spip">De Natura</i>, III, 869.</p></div> Karl Marx | Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Épicure (1ère partie) http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article94 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article94 2009-01-29T11:29:55Z text/html fr Secrétariat > > Marx et Engels [ ; Avertissement de l'éditeur ; ] <br />[ ; * ; ] Nous reproduisons ici, avec quelques modifications mineures (et sans doute insuffisantes), la traduction par J. Molitor de la dissertation doctorale de Marx, parue en 1946 au tome I des Œuvres philosophiques, dans la collection qui se présentait alors comme celle des « Œuvres complètes de Karl Marx », aux éditions A. Costes. <br />Cette édition se présentait alors sans aucun appareil critique, et sans les extraits de textes, principalement grecs et latins, cités par (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique42" rel="directory">> > Marx et Engels</a> <div class='rss_chapo'><hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">Avertissement de l'éditeur</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">*</div> <div class='spip_document_123 spip_documents spip_documents_left' style='float:left;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/png/KMOP1CM.png" type="image/png" title='PNG - 399.5 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-98x150/KMOP1CM-98x150.png' width='98' height='150' alt='PNG - 399.5 ko' /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Œuvres philosophiques I (1946)</strong></div></div> <p class="spip">Nous reproduisons ici, avec quelques modifications mineures (et sans doute insuffisantes), la traduction par J. Molitor de la dissertation doctorale de Marx, parue en 1946 au tome I des <i class="spip">Œuvres philosophiques</i>, dans la collection qui se présentait alors comme celle des « Œuvres complètes de Karl Marx », aux éditions A. Costes.</p> <p class="spip">Cette édition se présentait alors sans aucun appareil critique, et sans les extraits de textes, principalement grecs et latins, cités par Marx en note avec quelques commentaires complémentaires.</p> <p class="spip">Pour faciliter la lecture et la compréhension, notamment des nombreuses références à la culture gréco-latine classique et à la culture philosophique allemande contemporaine de cet écrit, nous avons donc tenté de compléter sommairement cette édition.</p> <p class="spip">Pour différencier les notes de Marx des compléments d'informations qu'il nous a semblé utile d'apporter, ceux-ci seront signalés par le sigle NDLE (note de l'édition).</p> <p class="spip">Pour les textes grecs et latins, nous avons suivi les traductions courantes en essayant de ne pas trop nous écarter de la lecture qu'en donne Marx en allemand (laquelle correspond, avec ses particularités, à l'état des études grecques et latines de son époque), et tenté de donner des indications assez précises pour qui voudra se reporter aux originaux. Mais il sera toujours préférable de se reporter à une édition plus récente et complète (par exemple celle de Jacques Ponnier, malheureusement épuisée).</p> <hr class="spip" /> <p class="spip">La plupart des éditions rappellent que cette dissertation doctorale était conçue par Marx comme partie d'une recherche plus générale sur l'histoire de la philosophie antique, entamée depuis environ trois ans (1838-39). Le manuscrit original en a été perdu, et c'est sur une unique copie partielle, d'une main inconnue mais annotée par Marx lui-même, que reposent les différentes éditions.</p> <p class="spip">Début avril 1841, Marx soumit son travail à la faculté de philosophie de l'Université de Iena, comme dissertation de doctorat, grade auquel il fut admis le 15 avril. Il chercha ensuite, sans succès, à publier son travail. Il semble en avoir abandonné le projet au début de 1842.</p> <p class="spip">La première publication de ce texte de Marx a été réalisée en 1902 (<i class="spip">Aus dem Literischen Nachlass von Karl Marx, Friedrich Engels und Ferdinand Lassalle</i>, Bd. I, Stuttgart, 1902). Mais la première édition complète date de 1927, par l'Institut du Marxisme-Léninisme près le CC du PCUS, en 1927, dans le premier volume de la MEGA (Marx/Engels, Historisch-Kritische Gesamtausgabe, Erste Abteilung, Band 1, Erster Halbband, pp. 3-81).</p> <p class="spip">Le texte original (en allemand) est disponible <a href="http://www.zeno.org/Philosophie/M/Marx,+Karl/Differenz+der+demokritischen+und+epikureischen+Naturphilosophie" class="spip_out">ici</a>.</p> <p class="spip">On consultera encore avec profit les cahiers préparatoires de Marx sur la philosophie d'Épicure : la version anglaise est, à notre connaissance, la seule actuellement disponible en ligne) : <a href="http://www.marxists.org/archive/marx/works/1839/notebook/index.htm" class="spip_out">Marx's Notebooks on Epicurean Philosophy</a></p> <div style="text-align:right;"><i class="spip">S<sup>té</sup>.ch.phil.</i></div></div> <div class='rss_texte'><hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">KARL MARX</strong></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">DIFFÉRENCE</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">DE LA PHILOSOPHIE DE LA NATURE</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">CHEZ DÉMOCRITE ET CHEZ ÉPICURE</strong></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;">À son très cher ami paternel</div> <div style="text-align:center;">le conseiller intime du gouvernement</div> <div style="text-align:center;">à Trèves</div> <div style="text-align:center;">M. LUDWIG VON WESTPHALEN</div> <div style="text-align:center;">en témoignage d'amour filial.</div> <p class="spip"><i class="spip">Vous m'excuserez,</i> très cher ami paternel<i class="spip">, de faire figurer votre nom bien-aimé en tête d'une brochure insignifiante. Je n'ai pas la patience d'attendre une autre occasion de vous donner un faible témoignage de mon affection.</i> <i class="spip">Puissent tous ceux qui ont jamais douté de l'idée avoir, comme moi, le bonheur d'admirer un vieillard plein de force et de jeunesse, qui salue avec l'enthousiasme et la circonspection de la jeunesse tout progrès de son époque, et qui, fort de cet idéalisme profondément convaincu et lumineux, seul dépositaire de la véritable Parole devant laquelle comparaissent tous les esprits du monde, n'a jamais reculé devant les ombres des fantômes rétrogrades, ni devant le ciel souvent obscur et nuageux de son époque, mais, avec une énergie divine et un regard d'une virile assurance, n'a cessé de contempler, au travers de tous les déguisements, l'empyrée qui brûle au cœur du monde.</i> Vous, mon paternel ami<i class="spip">, vous fûtes toujours pour moi la démonstration vivante</i> ad oculos <i class="spip">que l'idéalisme n'est pas une simple création de l'imagination, mais une vérité.</i> <i class="spip">Je n'ai pas à formuler de vœux pour votre bien-être physique. L'esprit, voilà le grand médecin magique à qui vous vous êtes confié.</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-1" name="nh6-1" id="nh6-1" class="spip_note" title='[1] NDLE : Dédicace de Karl Marx à son futur beau-père.' >1</a>]</p> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">Avant-propos</strong></div> <hr class="spip" /> <p class="spip">J'aurais rédigé la présente étude sous une forme d'une part plus rigoureusement scientifique et d'autre part, pour certains développements, moins pédantesque, si mon intention première n'avait été d'en faire une thèse de doctorat. Des raisons extrinsèques me décident cependant à la faire imprimer sous cette forme. J'estime, en outre, que j'y ai résolu un problème, insoluble jusqu'ici, de l'histoire de la philosophie grecque.</p> <p class="spip">Les gens compétents savent que, pour l'objet de cette dissertation, il n'existe pas de travaux antérieurs que l'on puisse utiliser. Les radotages de Cicéron et de Plutarque, on s'est contenté, jusqu'à nos jours, de les ressasser. Gassendi, qui a libéré Épicure de l'interdit dont l'avaient frappé les Pères de l'Église et tout le moyen âge, période de la déraison réalisée, ne présente dans son exposé [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-2" name="nh6-2" id="nh6-2" class="spip_note" title='[2] NDLE : Pierre Gassendi, Animadversiones in decimum librum Diogenis (...)' >2</a>] qu'un seul élément intéressant. Il s'efforce de concilier sa conscience catholique avec sa science païenne, Épicure avec l'Église, peine perdue d'ailleurs. Cela revenait à jeter la défroque d'une nonne chrétienne sur le corps splendide et florissant de la Laïs grecque. Gassendi apprend de la philosophie dans Épicure plutôt que de pouvoir nous renseigner sur la philosophie d'Épicure.</p> <p class="spip">On voudra bien ne voir dans cette étude que l'amorce d'un travail plus important où j'exposerai par le détail le cycle de la philosophie épicurienne, stoïcienne et sceptique dans ses rapports avec toute la spéculation grecque. Dans ce nouvel ouvrage, je ferai disparaître les fautes de forme, etc., de la présente étude. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-3" name="nh6-3" id="nh6-3" class="spip_note" title='[3] NDLE : Marx n'a pas donné suite à ce projet.' >3</a>]</p> <p class="spip">Hegel, il est vrai, a caractérisé, dans les grandes lignes, l'élément général de ces divers systèmes. Mais le plan de son histoire de la philosophie, point de départ réel de l'histoire de la philosophie, était d'une grandeur et d'une hardiesse si admirables qu'il ne pouvait, d'une part, entrer dans le détail ; et, d'autre part, l'idée qu'il se faisait de ce qu'il appelait spéculatif <i class="spip">par excellence*</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-4" name="nh6-4" id="nh6-4" class="spip_note" title='[4] NDLE : Les mots ou expressions en français dans le texte sont composés (...)' >4</a>] empêchait ce penseur gigantesque de reconnaître dans ces systèmes la haute importance qu'ils ont pour l'histoire de la philosophie grecque et l'esprit grec en général. Ces systèmes sont les clefs de la véritable histoire de la philosophie grecque. Quant à leurs rapports avec la vie grecque, on en trouve une esquisse assez poussée dans l'ouvrage de mon ami Kœppen : <i class="spip">Friedrich der Grosse und seine Widersacher</i>. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-5" name="nh6-5" id="nh6-5" class="spip_note" title='[5] NDLE : Friedrich der Grosse und seine Widersacher (Frédéric le Grand et (...)' >5</a>]</p> <p class="spip">Si nous avons ajouté, en appendice, une critique de la polémique de Plutarque contre la théologie d'Épicure, c'est parce que cette polémique n'est pas un phénomène isolé, mais le représentant d'une <i class="spip">espèce</i>* : elle représente, en effet, de façon excellente le rapport entre la raison théologienne et la philosophie.</p> <p class="spip">Entre autres choses, nous n'essaierons pas, dans la critique, de démontrer la fausseté générale du point de vue auquel Plutarque se place quand il cite la philosophie devant le tribunal de la religion. N'importe quel raisonnement peut être remplacé par ce passage de David Hume :</p> <p class="spip">« <i class="spip">C'est évidemment une espèce d'injure pour la philosophie que de la contraindre, elle dont l'autorité souveraine devrait être reconnue en tous lieux, à se justifier, en toute circonstance, des conséquences qu'elle entraîne, et à présenter sa défense dès qu'elle heurte un art ou une science quelconque. Cela vous fait penser à un roi qui serait accusé de haute trahison à l'égard de ses propres sujets.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-6" name="nh6-6" id="nh6-6" class="spip_note" title='[6] NDLE : David Hume, Traité de la nature humaine. Livre I « De (...)' >6</a>]</p> <p class="spip">La philosophie, tant qu'une goutte de sang fera battre son cœur absolument libre et maître de l'univers ne se lassera pas de jeter à ses adversaires le cri d'Épicure :</p> <p class="spip">« <i class="spip">l'impie, ce n'est pas celui qui méprise les dieux de la foule, mais celui qui adhère à l'idée que la foule se fait des dieux.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-7" name="nh6-7" id="nh6-7" class="spip_note" title='[7] NDLE : Lettre d'Épicure à Ménécée, in Diogène Laërce, Vies, doctrines et (...)' >7</a>]</p> <p class="spip">La philosophie ne s'en cache pas. Elle fait sienne la profession de foi de Prométhée :</p> <p class="spip">« <i class="spip">En un mot, j'ai de la haine pour tous les dieux !</i> »</p> <p class="spip">Et cette devise, elle l'oppose à tous les dieux du ciel et de la terre, qui ne reconnaissent pas la conscience humaine comme la divinité suprême. Elle ne souffre pas de rival. Mais aux tristes sires qui se réjouissent de ce qu'en apparence la situation sociale de la philosophie ait empiré, elle fait à son tour la réponse que Prométhée fit à Hermès, serviteur des dieux :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Jamais, sois-en certain, je n'échangerais mon misérable sort contre ton servage ; j'attache plus de prix, en effet, à être rivé à cette pierre qu'à être le valet fidèle et le messager de Zeus le Père.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-8" name="nh6-8" id="nh6-8" class="spip_note" title='[8] NDLE : Cette citation et la précédente sont tirées du Prométhée enchaîné (...)' >8</a>]</p> <p class="spip">Dans le calendrier philosophique, Prométhée occupe le premier rang parmi les saints et les martyrs.</p> <div style="text-align:right;">Berlin, mars 1841</div> <div style="text-align:right;">K.-H. <span style="font-variant: small-caps">Marx<sc/></div> <div style="text-align:center;">.</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">PREMIÈRE PARTIE</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">Différence, au point de vue général,</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">de la philosophie de la nature</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">chez Démocrite et Épicure</strong></div> <div style="text-align:center;">*</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">I. Objet de la dissertation</strong></div> <p class="spip">Il semble advenir à la philosophie grecque ce qui ne doit pas advenir à une bonne tragédie : un dénouement faible. Avec Aristote, l'Alexandre macédonien de la philosophie grecque, il semble que se termine, en Grèce, l'histoire objective de la philosophie et que même les stoïciens, malgré leur force virile, ne réussissent pas, comme les Spartiates y avaient réussi dans leurs temples, à enchaîner Athéna à Héraklès de façon qu'elle ne pût s'enfuir.</p> <p class="spip">Épicuriens, stoïciens, sceptiques, on les considère comme un épilogue pour ainsi dire parasite, sans aucun rapport avec les puissants antécédents. La philosophie épicurienne serait un agrégat syncrétique de physique démocritéenne et de morale cyrénaïque ; le stoïcisme un amalgame du système cosmologique d'Héraclite, de la con­ception morale du monde des Cyniques, voire d'un peu de logique aristotélicienne ; le scepticisme enfin le mal nécessaire opposé à ces dogmatismes. On rattache ainsi, sans s'en rendre compte, ces philosophies à la philosophie alexandrine, en en faisant un éclectisme étroit et tendancieux. La philosophie alexandrine, enfin, est considérée comme une rêverie, une désagrégation absolues, — et dans cette confusion on pourrait tout au plus reconnaître l'universalité de l'intention.</p> <p class="spip">Or, une vérité fort banale nous dit bien que la naissance, l'épanouissement et la mort constituent le cercle d'airain où se trouve confinée toute chose humaine et qu'elle doit parcourir. Il n'y aurait donc rien d'étonnant à ce que la philosophie grecque, après avoir atteint l'apogée de son épanouissement, avec Aristote, se fût ensuite flétrie. Mais la mort des héros ressemble au coucher du soleil, et non pas à l'éclatement d'une grenouille qui s'est enflée. Et puis, naissance, épanouissement, mort sont des idées très générales, très vagues, où l'on peut bien tout faire entrer, mais qui ne font rien comprendre. La mort est elle-même préformée dans le vivant ; il faudrait donc, tout aussi bien que la forme de la vie, en définir la forme en un caractère spécifique.</p> <p class="spip">Enfin, si nous jetons un coup d'œil sur l'histoire, l'épicurisme, le stoïcisme, le scepticisme sont-ils des phénomènes spéciaux ? Ne sont-ils pas les prototypes de l'esprit romain, la forme sous laquelle la Grèce émigré à Rome ? Ne sont-ils pas d'une essence tellement caractéristique, intense et éternelle, que le monde moderne lui-même ait été forcé de leur concéder la plénitude du droit de cité intellectuel ?</p> <p class="spip">Je n'insiste sur ceci que pour remettre en mémoire l'importance historique de ces systèmes ; mais ce dont il s'agit ici, ce n'est pas leur importance générale pour l'histoire de la civilisation, c'est leur connexion avec la philosophie grecque antérieure.</p> <p class="spip">N'aurait-on pas dû, en raison de ce rapport, se sentir du moins incité à des recherches, en voyant la philosophie grecque finir par deux groupes différents de systèmes éclectiques, dont l'un constitue le cycle des philosophies épicurienne, stoïcienne et sceptique, et dont l'autre est connu sous le nom de spéculation alexandrine ? N'est-ce pas en outre un phénomène remarquable qu'après les philosophies platonicienne et aristotélicienne, qui s'élargissent jusqu'à l'universalité, apparaissent des systèmes nouveaux qui ne se rattachent pas à ces riches manifestations de l'esprit, mais qui, remontant plus haut, se tournent vers les écoles les plus simplistes, - les philosophes de la nature pour la physique, l'école socratique pour l'éthique ? D'où vient-il en outre que les systèmes postérieurs à Aristote trouvent en quelque sorte leurs fondements tout préparés dans le passé, qu'on rapproche Démocrite des Cyrénaïques et Héraclite des Cyniques ? Est-ce un hasard que, chez les épicuriens, les stoïciens et les sceptiques, tous les éléments de la conscience du moi soient représentés en totalité, mais chaque élément comme ayant une existence propre ? Que l'ensemble de ces systèmes forme la construction complète de la conscience ? Le caractère, enfin, par lequel la philosophie grecque débute, de façon mythique, avec les sept Sages, ce caractère qui s'incarne, pour ainsi dire comme le centre de cette philosophie, dans Socrate, son démiurge, je veux dire le caractère du sage, du σοφός (<i class="spip">sophós</i>), - est-ce fortuitement qu'il s'est affirmé dans ces systèmes comme la réalité de la science véritable ? Il me semble que, si les systèmes antérieurs sont plus significatifs et plus intéressants pour le fond de la philosophie grecque, les systèmes post-aristotéliciens, et principalement le cycle des écoles épicurienne, stoïcienne et sceptique, le sont davantage pour la forme subjective, le caractère de cette même philosophie. Or, c'est précisément la forme subjective, le support spirituel des systèmes philosophiques, que l'on a jusqu'ici presque entièrement oubliée pour ne considérer que leurs déterminations métaphysiques.</p> <p class="spip">Je me réserve d'exposer, dans une étude plus développée, les philosophies épicurienne, stoïcienne et sceptique dans leur ensemble et leur rapport total avec la philosophie grecque antérieure et postérieure.</p> <p class="spip">Il me suffira, pour le moment, de développer ce rapport en m'appuyant pour ainsi dire sur un exemple et en ne le considérant que sous un seul aspect, sa relation avec la spéculation antérieure.</p> <p class="spip">Je choisis comme exemple le rapport entre la philosophie de la nature d'Épicure et celle de Démocrite. Je ne crois pas que ce point de départ soit le plus commode. D'une part, en effet, c'est un vieux préjugé, admis partout, d'identifier les physiques de Démocrite et d'Épicure jusqu'à ne voir dans les modifications introduites par Épicure que des idées arbitraires ; et je suis forcé, d'autre part, d'entrer, pour le détail, dans des micrologies apparentes. Mais, précisément parce que ce préjugé est aussi ancien que l'histoire de la philosophie, parce que les divergences sont assez cachées pour ne se révéler pour ainsi dire qu'au microscope, le résultat sera d'autant plus important, si nous réussissons à démontrer qu'en dépit de leur connexion il existe, entre les physiques de Démocrite et d'Épicure, une différence essentielle s'étendant jusqu'aux moindres détails. Ce qui peut se démontrer en petit se laisse montrer plus facilement encore quand on prend les rapports avec de plus grandes dimensions, tandis qu'inversement des considérations très générales laissent subsister un doute sur le point de savoir si le résultat se confirmera dans le détail.</p> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">II. Jugements sur les rapports des physiques</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">démocritéenne et épicurienne.</strong></div> <p class="spip">Comment mes vues se déterminent en général par rapport aux précédentes, cela sautera aux yeux en passant rapidement en revue les jugements des anciens sur les rapports des physiques de Démocrite et d'Épicure.</p> <p class="spip">Posidonius le stoïcien, Nicolaos et Sotion reprochent à Épicure d'avoir donné comme sienne la théorie de Démocrite sur les atomes et celle d'Aristippe sur le plaisir [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-9" name="nh6-9" id="nh6-9" class="spip_note" title='[9] Diogène Laërce, Vies, X, 4.' >9</a>]. Cotta l'académicien demande chez Cicéron : « <i class="spip">Que pourrait-il bien y avoir dans la physique d'Épicure qui n'appartint à Démocrite ? Il modifie bien quelques détails, mais la plupart du temps il ne fait que la répéter</i>. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-10" name="nh6-10" id="nh6-10" class="spip_note" title='[10] Cicéron, De Natura Deorum (De la Nature des dieux), I, xxvi (...)' >10</a>]</p> <p class="spip">Et Cicéron dit lui-même :</p> <p class="spip">« <i class="spip">En physique, où il affiche le plus de prétentions, Épicure n'est qu'un parfait profane. La majeure partie appartient à Démocrite ; dès qu'il s'écarte de lui ou veut le corriger, il l'altère et le fausse.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-11" name="nh6-11" id="nh6-11" class="spip_note" title='[11] Cicéron, De Finibus bonorum et malorum (Des finalités des biens et des (...)' >11</a>]</p> <p class="spip">Cependant, bien que beaucoup d'auteurs reprochent à Épicure d'avoir déclamé contre Démocrite, Léontius, d'après Plutarque, affirme au contraire qu'Épicure avait de l'estime pour Démocrite, parce que celui-ci avait, avant lui, professé la vraie doctrine et découvert antérieurement les principes de la nature. Dans le traité <i class="spip">De placitis philosophorum</i>, il est dit qu'Épicure fait de la philosophie d'après Démocrite. Plutarque, dans son <i class="spip">Adversus Coloten</i>, va plus loin. Comparant successivement Épicure avec Démocrite, Empédocle, Parménide, Platon, Socrate, Stilpon, les Cyrénaïques et les Académiques, il s'efforce de prouver « <i class="spip">que, dans toute la philosophie grecque, Épicure s'est approprié le faux et n'a pas compris le vrai</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-12" name="nh6-12" id="nh6-12" class="spip_note" title='[12] Plutarque, Contre Colotès, [1112-1120] et sqq.' >12</a>] ; et le traité <i class="spip">De eo quod secundum Epicurum non beate vivi possit</i> fourmille d'insinuations malveillantes du même genre [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-13" name="nh6-13" id="nh6-13" class="spip_note" title='[13] NDLE : Marx cite ici probablement de mémoire le titre de Plutarque, (...)' >13</a>].</p> <p class="spip">Cette opinion défavorable des auteurs anciens se retrouve chez les pères de l'Église. Je ne cite en note qu'un passage de Clément d'Alexandrie [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-14" name="nh6-14" id="nh6-14" class="spip_note" title='[14] Clément d'Alexandrie, Stromates, liv. VI : « Épicure a aussi volé ses (...)' >14</a>], un Père de l'Église qui mérite d'être, de préférence à tout autre, mentionné à propos d'Épicure parce que, interprétant les paroles où l'apôtre saint Paul met les fidèles en garde contre la philosophie en général, il en fait une mise en garde contre la philosophie d'Épicure, sous le prétexte que celle-ci n'a même pas fait entrer dans ses élucubrations la Providence, etc. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-15" name="nh6-15" id="nh6-15" class="spip_note" title='[15] Clément d'Alexandrie, Id., « “Prenez garde qu'il ne se trouve quelqu'un (...)' >15</a>] Mais la tendance que l'on avait en général de taxer Épicure de plagiat apparaît de la façon la plus frappante chez Sextus Empiricus, qui veut faire de quelques passages absolument inadéquats d'Homère et d'Épicharme les sources principales de la philosophie épicurienne. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-16" name="nh6-16" id="nh6-16" class="spip_note" title='[16] Sextus Empiricus, Contre les professeurs [I, 273]. Épicure a été reconnu (...)' >16</a>]</p> <p class="spip">II est connu que, dans leur ensemble, les écrivains modernes font également d'Épicure, en tant que philosophe de la nature, un simple plagiaire de Démocrite. La parole ci-après de Leibniz peut représenter ici leur opinion en général :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Nous ne savons presque de ce grand homme (Démocrite), que ce qu'Épicure en a emprunté, qui n'était pas capable d'en prendre toujours le meilleur.</i>* » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-17" name="nh6-17" id="nh6-17" class="spip_note" title='[17] Lettre de Leibniz à M. Des Maizeaux, 8 juillet 1711, in [Opera omnia] (...)' >17</a>]</p> <p class="spip">Ainsi donc, tandis que Cicéron reproche à Épicure de gâter la doctrine de Démocrite, mais lui laisse au moins la volonté de l'améliorer et la faculté d'en voir les défectuosités ; tandis que Plutarque le taxe d'inconséquence et d'un penchant prédéterminé pour le pire, et va jusqu'à suspecter ses intentions [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-18" name="nh6-18" id="nh6-18" class="spip_note" title='[18] Plutarque, Contre Colotès, [1111] « Démocrite est donc répréhensible, non (...)' >18</a>], Leibniz lui dénie jusqu'à la capacité de faire avec habileté des extraits de Démocrite.</p> <p class="spip">Mais tous s'accordent à dire qu'Épicure a emprunté sa physique à Démocrite.</p> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">.</div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">III. Difficultés relatives à l'Identité des philosophies</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">démocritéenne et épicurienne de la nature.</strong></div> <p class="spip">En outre des témoignages historiques, bien des arguments plaident l'identité des physiques de Démocrite et d'Épicure. Les principes - atomes et vide - sont incontestablement les mêmes. Ce n'est qu'en certains détails qu'il semble y avoir une divergence arbitraire, donc accessoire.</p> <p class="spip">Mais il reste alors une énigme singulière, insoluble. Deux philosophes enseignent absolument la même science, absolument de la même façon ; mais - quelle inconséquence ! - ils sont en opposition diamétrale pour tout ce qui concerne la vérité, la certitude, l'application de cette science, et, d'une manière générale, le rapport entre la pensée et la réalité. Je dis qu'ils sont en opposition diamétrale. C'est ce que je vais essayer de démontrer.</p> <p class="spip"><strong class="spip">A. -</strong> Il semble difficile de fixer l'opinion de Démocrite sur <i class="spip">la vérité et la certitude du savoir humain</i>. Nous nous trouvons en présence de passages contradictoires ; ou plutôt, ce ne sont pas les passages, mais les idées de Démocrite, qui sont contradictoires. En effet, l'affirmation de Trendelenburg, dans son commentaire de la psychologie d'Aristote, que seuls les auteurs postérieurs relèvent cette contradiction, mais qu'Aristote l'ignore, est en fait inexacte. Il est dit, en effet, dans la <i class="spip">Psychologie</i> d'Aristote : « <i class="spip">Démocrite considère l'âme et l'entendement comme une seule et même chose, le phénomène étant le vrai</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-19" name="nh6-19" id="nh6-19" class="spip_note" title='[19] Aristote, De l'âme, I, 2, §5 (404a) : « Démocrite identifie absolument (...)' >19</a>], et, dans la <i class="spip">Métaphysique</i>, nous lisons au contraire : « <i class="spip">Démocrite prétend qu'il n'y a pas de vérité ou qu'elle nous est cachée.</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-20" name="nh6-20" id="nh6-20" class="spip_note" title='[20] Aristote, Métaphysique, Γ, 5, §§8-9 (1009b) : « C'est pourquoi Démocrite (...)' >20</a>] » Ces passages d'Aristote ne sont-ils pas contradictoires ? Si le phénomène est le vrai, comment le vrai peut-il être caché ? Le fait d'être caché ne commence qu'au moment où phénomène et vérité se séparent. Or, Diogène Laërce rapporte qu'on a rangé Démocrite parmi les sceptiques. Il cite sa maxime : « <i class="spip">En vérité, nous ne savons rien, car la vérité demeure au fond du puits.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-21" name="nh6-21" id="nh6-21" class="spip_note" title='[21] Diogène Laërce, Vies, IX, 72 : « Bien plus, suivant ceux dont nous (...)' >21</a>] Des affirmations analogues se rencontrent chez Sextus Empiricus [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-22" name="nh6-22" id="nh6-22" class="spip_note" title='[22] Ritter, Geschichte der alten Philosophie [Histoire de la philosophie (...)' >22</a>].</p> <p class="spip">Cette opinion de Démocrite, sceptique, incertaine et au fond contradictoire avec elle-même, est simplement développée davantage <i class="spip">dans la façon</i> dont est déterminé <i class="spip">le rapport de l'atome et du monde sensible</i>.</p> <p class="spip">D'une part, le phénomène sensible n'appartient pas aux atomes eux-mêmes. Ce phénomène n'est pas une <i class="spip">apparition objective</i>, <i class="spip">mais une apparence subjective</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-23" name="nh6-23" id="nh6-23" class="spip_note" title='[23] NDLE : le texte allemand écrit : « Nicht objektive Erscheinung ist sie, (...)' >23</a>]. « <i class="spip">Les principes</i> véritables<i class="spip">, ce sont l'atome et le vide ;</i> tout le reste est opinion, apparence. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-24" name="nh6-24" id="nh6-24" class="spip_note" title='[24] Diogène Laërce, Vies, IX, 44.' >24</a>] » - « <i class="spip">Ce n'est que dans l'opinion qu'il existe du chaud, qu'il existe du froid ; en vérité, il n'y a que les atomes et le vide.</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-25" name="nh6-25" id="nh6-25" class="spip_note" title='[25] Diogène Laërce, Vies, IX, 72.' >25</a>] » Il ne résulte donc pas <i class="spip">un</i> objet de la pluralité des atomes, mais, « <i class="spip">par la combinaison des atomes, tout objet</i> paraît <i class="spip">devenir un</i>. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-26" name="nh6-26" id="nh6-26" class="spip_note" title='[26] Simplicius, Schol. in Arist.' >26</a>] » Par conséquent, il ne faut considérer par la raison que les principes qui, à cause même de leur petitesse, sont inaccessibles à l'œil sensible ; c'est pourquoi on les appelle même idées [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-27" name="nh6-27" id="nh6-27" class="spip_note" title='[27] Plutarque, Contre Colotès, p. 1111.' >27</a>]. Seulement, d'autre part, le phénomène sensible est le seul objet véritable, et l'αἲσθησις (<i class="spip">aìsthesis</i>) est φρόνησις (<i class="spip">phrónesis</i>) [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-28" name="nh6-28" id="nh6-28" class="spip_note" title='[28] NDLE : L'aìsthesis est phrónesis : la « sensation » est « sagesse pratique (...)' >28</a>] : mais ce vrai est changeant, instable, phénoménal. Or, dire que le phénomène est le vrai est contradictoire [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-29" name="nh6-29" id="nh6-29" class="spip_note" title='[29] Cf. Aristote, loc. cit.' >29</a>]. À tour de rôle, chacun des deux côtés devient donc subjectif et objectif. La contradiction semble ainsi dissipée, parce qu'elle est répartie entre deux mondes. Démocrite réduit donc la réalité sensible à l'apparence subjective ; mais l'antinomie, bannie du monde des objets, existe dans sa propre conscience du moi, où le concept de l'atome et la perception sensible se rencontrent en ennemis.</p> <p class="spip">Démocrite n'échappe donc pas à l'antinomie. Ce n'est pas encore ici le lieu de l'expliquer. Il suffit qu'on ne puisse en nier l'existence.</p> <p class="spip">Écoutons par contre Épicure. « <i class="spip">Le sage</i>, dit-il, se comporte dogmatiquement et non pas <i class="spip">sceptiquement</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-30" name="nh6-30" id="nh6-30" class="spip_note" title='[30] Diogène Laërce, Vies, X, 124 : « δογματιεῖν τε καὶ οὐκ ἀπορήσειν (...)' >30</a>] ». Bien mieux, ce qui lui assure précisément l'avantage sur tous, c'est de savoir avec conviction [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-31" name="nh6-31" id="nh6-31" class="spip_note" title='[31] Plutarque, Contre Colotès, [1117] : « C'est un des dogmes d'Épicure que (...)' >31</a>]. « <i class="spip">Tous les sens sont des hérauts de la vérité.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-32" name="nh6-32" id="nh6-32" class="spip_note" title='[32] Cicéron, De Nat. Deor. I, xxv [70]. Cf. Id. De Finibus, I, vii, et (...)' >32</a>] - « Rien ne peut réfuter la perception sensible ; <i class="spip">ni le semblable le semblable, à cause de leur similitude de valeur, ni le dissemblable le dissemblable, car ils ne jugent pas du même objet, ni la raison, car la raison dépend des perceptions sensibles</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-33" name="nh6-33" id="nh6-33" class="spip_note" title='[33] Diogène Laërce, Vies, X, 31 : « Donc, dans le Canon, Épicure affirme qu'il (...)' >33</a>], est-il dit dans le <i class="spip">Canon</i>. Mais, tandis que Démocrite réduit le monde sensible à l'<i class="spip">apparence subjective</i>, Épicure en fait un phénomène <i class="spip">objectif</i>. Et c'est sciemment qu'il se différencie sur ce point, car il prétend partager les <i class="spip">mêmes principes</i>, mais ne pas faire des qualités sensibles de <i class="spip">simples opinions</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-34" name="nh6-34" id="nh6-34" class="spip_note" title='[34] Plutarque, Contre Colotès, [1110-1111] : « [Colotès] attribue à Démocrite (...)' >34</a>].</p> <p class="spip">Une fois admis donc que la perception sensible fut le critérium d'Épicure et que le phénomène objectif y correspond, il faut bien considérer comme exacte la conséquence qui fait hausser les épaules à Cicéron :</p> <p class="spip">« <i class="spip">Le soleil paraît grand à Démocrite, parce qu'il est un savant parfaitement versé en géométrie ; il paraît à Épicure d'environ deux pieds de diamètre, car Épicure juge qu'il est aussi grand qu'il</i> paraît. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-35" name="nh6-35" id="nh6-35" class="spip_note" title='[35] Cicéron, De Finibus, I, vi, [20] : « Démocrite, qui était habile en (...)' >35</a>] »</p> <p class="spip"><strong class="spip">B. -</strong> Cette <i class="spip">différence dans les jugements théoriques</i> de Démocrite et d'Épicure sur la certitude de la science et la vérité de ses objets, nous la trouvons <i class="spip">réalisée</i> dans <i class="spip">l'énergie et la pratique scientifiques disparates</i> de ces hommes.</p> <p class="spip">Démocrite, pour qui le principe ne devient pas phénomène et reste sans réalité ni existence, a, par contre, en face de lui, comme monde réel et plein de contenu, <i class="spip">le monde de la perception sensible</i>. Ce monde est, à vrai dire, une apparence subjective, mais, par là même, détachée du principe et laissée dans sa réalité indépendante ; mais il est, en même temps, l'unique objet réel, et c'est à ce titre qu'il a valeur et signification. C'est pourquoi Démocrite est poussé à <i class="spip">l'observation empirique</i>. Ne trouvant pas sa satisfaction dans la philosophie, il se jette dans les bras de la <i class="spip">connaissance positive</i>. Nous avons vu plus haut que Cicéron l'appelle un homme cultivé, <i class="spip">vir eruditus</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-36" name="nh6-36" id="nh6-36" class="spip_note" title='[36] NDLE : homme érudit, savant...' >36</a>]. Il est versé en physique, en éthique, en mathématique, dans les disciplines encyclopédiques, dans toutes les sciences [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-37" name="nh6-37" id="nh6-37" class="spip_note" title='[37] Diogène Laërce, Vies, IX, 37 : « [Démocrite] entendait la physique, la (...)' >37</a>]. Le simple catalogue de ses livres, donné par Diogène Laërce, témoigne de son érudition [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-38" name="nh6-38" id="nh6-38" class="spip_note" title='[38] Diogène Laërce, Vies, IX, 46-49.' >38</a>]. Or, l'érudition a pour caractéristique de s'étendre en largeur, d'amasser et de faire des recherches au dehors ; aussi voyons-nous Démocrite parcourir la moitié du monde pour recueillir des expériences, des connaissances, des observations.</p> <p class="spip">« <i class="spip">De tous mes contemporains</i>, se vante-t-il, <i class="spip">c'est moi qui ai parcouru la plus grande partie de la terre et exploré les pays les plus lointains ; j'ai vu la plupart des climats et des pays, entendu les hommes les plus des savants, et dans la composition des figures avec démonstration personne ne m'a surpassé, pas même ceux que chez les Égyptiens on appelait les Arpedonaptes</i>. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-39" name="nh6-39" id="nh6-39" class="spip_note" title='[39] Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, X, iv : « Lorsque parlant de (...)' >39</a>]</p> <p class="spip">Demetrios dans les <i class="spip">Ὁμωνύμοις</i> (<i class="spip">Homonumois</i>) et Antisthènes dans les <i class="spip">Διαδοχαῖς</i> (<i class="spip">Diadokhais</i>) [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-40" name="nh6-40" id="nh6-40" class="spip_note" title='[40] NDLE : Homonymes : il s'agit d'un ouvrage (perdu) consacré aux auteurs de (...)' >40</a>] rapportent qu'il se rendit en Égypte auprès des prêtres pour apprendre la géométrie, auprès des Chaldéens en Perse et qu'il poussa jusqu'à la Mer Rouge. D'aucuns affirment qu'il s'est également rencontré avec les gymnosophistes aux Indes [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-41" name="nh6-41" id="nh6-41" class="spip_note" title='[41] NDLE : Gymnosophistes aux Indes : une tradition assimile ces (...)' >41</a>] et qu'il est allé en Éthiopie [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-42" name="nh6-42" id="nh6-42" class="spip_note" title='[42] Diogène Laërce, Vies, IX, 35 : « Demetrios, dans son livre des Homonymes, (...)' >42</a>]. Ce qui le pousse au loin, c'est, d'une part, le désir d'apprendre qui ne lui laisse ni cesse ni trêve, et c'est, d'autre part, le fait de ne pas trouver de satisfaction dans le savoir véritable, c'est-à-dire <i class="spip">philosophique</i>. La science qu'il tient pour vraie manque de contenu ; la science qui lui offre un contenu manque de vérité. Elle a beau être une fable, l'anecdote des anciens est une fable vraie, parce qu'elle exprime la contradiction de la nature de Démocrite : Démocrite se serait lui-même privé de la vue, pour que la <i class="spip">lumière sensible</i> n'obscurcit pas chez lui la <i class="spip">pénétration de l'esprit</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-43" name="nh6-43" id="nh6-43" class="spip_note" title='[43] Cicéron, Tusculanes, V, xxxix : Lorsque Démocrite perdit la vue... « Ce (...)' >43</a>]. C'est le même homme qui, d'après Cicéron, avait parcouru la moitié du monde. Mais il n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait.</p> <p class="spip">Une figure tout opposée nous apparaît dans Épicure. Il trouve sa <i class="spip">satisfaction</i> et sa <i class="spip">félicité</i> dans la philosophie.</p> <p class="spip">« <i class="spip">C'est la philosophie</i>, dit-il, <i class="spip">qu'il te faut servir pour que la vraie liberté soit ton partage. Il n'a pas à longtemps attendre, celui qui s'est soumis et donné à la philosophie ; il est immédiatement émancipé. Car c'est cela même : servir la philosophie, qui est la liberté</i>. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-44" name="nh6-44" id="nh6-44" class="spip_note" title='[44] Sénèque, Lettres à Lucilius, VIII, 26 : « c'est encore Epicure que je (...)' >44</a>] - « <i class="spip">Que le jeune homme</i>, enseigne-t-il en conséquence, <i class="spip">n'hésite pas à philosopher et que le vieillard ne renonce pas à philosopher. Car nul n'est trop jeune, nul n'est trop mûr, pour recouvrer actuellement la santé de l'âme. Mais quiconque dit que le temps de philosopher n'est pas encore venu ou qu'il est passé, ressemble à celui qui prétend que le moment d'être heureux n'est pas encore venu ou qu'il est passé</i>. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-45" name="nh6-45" id="nh6-45" class="spip_note" title='[45] Diogène Laërce, Vies, X, 122 : « Même jeune, on ne doit pas hésiter à (...)' >45</a>]</p> <p class="spip">Tandis que Démocrite, la philosophie ne l'ayant pas satisfait, se jette dans les bras de la connaissance positive, Épicure <i class="spip">méprise les sciences positives</i>, parce qu'à son avis elles ne contribuent en rien à la perfection véritable [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-46" name="nh6-46" id="nh6-46" class="spip_note" title='[46] Sextus Empiricus, Contre les professeurs, I, 1.' >46</a>]. On l'appelle <i class="spip">ennemi de la science</i>, contempteur de la grammaire [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-47" name="nh6-47" id="nh6-47" class="spip_note" title='[47] Ibid., p. [I, 491] et [I, 272]. Cf. Plutarque, Non posse suaviter vivi (...)' >47</a>]. On le taxe même d'ignorance ; « mais, dit un Épicurien chez Cicéron, ce n'est pas Épicure qui manquait d'érudition ; mais ceux-là sont des ignorants qui croient que ce qu'il est honteux pour l'enfant de ne pas savoir, le vieillard doit encore le ressasser. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-48" name="nh6-48" id="nh6-48" class="spip_note" title='[48] Cicéron, De Finibus, I, xxi.' >48</a>]</p> <p class="spip">Mais, tandis que Démocrite cherche à s'instruire auprès des prêtres égyptiens, des Chaldéens de la Perse et des gymnosophistes indiens, Épicure se vante de n'avoir pas eu de maître, d'être un autodidacte [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-49" name="nh6-49" id="nh6-49" class="spip_note" title='[49] Diogène Laërce, Vies, X, 13 : « Apollodore dit dans ses Chroniques qu'il (...)' >49</a>]. Certains, dit-il d'après Sénèque, poursuivent la vérité sans la moindre aide. C'est dans les rangs de ceux-ci qu'il s'est lui-même frayé son chemin. Et c'est de ceux-ci, les autodidactes, qu'il fait les plus grands éloges. Les autres, à l'en croire, ne seraient que des cerveaux de second plan [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-50" name="nh6-50" id="nh6-50" class="spip_note" title='[50] Sénèque, Lettres à Lucilius, LII, 41-42 : « Certains hommes, dit Épicure, (...)' >50</a>]. Tandis que Démocrite est entraîné dans toutes les contrées du monde, c'est à peine si Épicure quitte deux ou trois fois son jardin d'Athènes et se rend en Ionie, non pour s'y livrer à des recherches, mais pour rendre visite à des amis [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-51" name="nh6-51" id="nh6-51" class="spip_note" title='[51] Diogène Laërce, Vies, X, 10 : « Malgré les troubles qui affligèrent alors (...)' >51</a>]. Tandis qu'enfin Démocrite, désespérant de la science, s'ôte lui-même la vue, Épicure, sentant approcher l'heure de la mort, se met dans un bain chaud, réclame du vin pur et recommande à ses amis de rester fidèles à la philosophie [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-52" name="nh6-52" id="nh6-52" class="spip_note" title='[52] Id., X, 15-16 : « Hermippe dit qu'il se mit dans une baignoire de bronze (...)' >52</a>].</p> <p class="spip"><strong class="spip">C. -</strong> Les différences ci-dessus développées, il ne faut pas les attribuer à l'individualité accidentelle des deux philosophes ; ce sont deux tendances opposées qui prennent corps. Nous voyons comme différence d'énergie pratique ce qui, plus haut, se manifeste comme divergence de la conscience théorique.</p> <p class="spip">Nous considérons enfin la <i class="spip">forme de réflexion</i>, qui exprime la <i class="spip">relation de la pensée et de l'être, leur rapport réciproque</i>. Dans la relation générale que le philosophe établit entre le monde et la pensée, il ne fait qu'objectiver pour lui-même le rapport de sa conscience particulière et du monde réel.</p> <p class="spip">Or, comme forme de réflexion de la réalité, Démocrite emploie la <i class="spip">nécessité</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-53" name="nh6-53" id="nh6-53" class="spip_note" title='[53] Cicéron, De Fato, X [22, 23] : « Épicure [pense] pouvoir échapper à la (...)' >53</a>]. Parlant de lui, Aristote dit qu'il ramène tout à la nécessité [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-54" name="nh6-54" id="nh6-54" class="spip_note" title='[54] Aristote, De la Génération des animaux, V, 8, 789b2-3 : « Democrite... (...)' >54</a>]. Diogène Laërce rapporte que le tourbillon des atomes, origine de tout, est la nécessité de Démocrite [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-55" name="nh6-55" id="nh6-55" class="spip_note">55</a>]. Des explications plus satisfaisantes nous sont fournies à ce sujet par l'auteur du <i class="spip">De placitis philosophorum</i> :</p> <p class="spip">« <i class="spip">La nécessité serait, d'après Démocrite, le destin et le droit, la providence et la créatrice du monde</i> » ; mais « <i class="spip">la substance de cette nécessité serait l'antitypie, le mouvement, l'impulsion de la matière.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-56" name="nh6-56" id="nh6-56" class="spip_note" title='[56] [Plutarque], Opinions des philosophes, I, xxv (884e) : « Parménide et (...)' >56</a>]</p> <p class="spip">Un passage analogue se trouve dans les <i class="spip">Églogues physiques</i> de Stobée [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-57" name="nh6-57" id="nh6-57" class="spip_note" title='[57] Stobée, Églogues physiques, I, 8.' >57</a>] et au livre VI de la <i class="spip">Praeparatio evangelica</i> d'Eusèbe [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-58" name="nh6-58" id="nh6-58" class="spip_note" title='[58] Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, VI, vii : « [Fatalité que (...)' >58</a>]. Dans les <i class="spip">Églogues éthiques</i> de Stobée se trouve conservée la sentence suivante de Démocrite [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-59" name="nh6-59" id="nh6-59" class="spip_note" title='[59] Stobée, Églogues éthiques, II, 4.' >59</a>], reproduite à peu près sous la même forme au livre XIV d'Eusèbe [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-60" name="nh6-60" id="nh6-60" class="spip_note" title='[60] Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, XIV, xxvii : « ainsi [Démocrite] (...)' >60</a>] : les hommes ont imaginé le fantôme du destin, manifestant ainsi leur propre perplexité, car le hasard [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-61" name="nh6-61" id="nh6-61" class="spip_note" title='[61] NDLE : Le terme allemand est ici Zufall.' >61</a>] est en lutte avec une pensée forte. De même Simplicius rapporte à Démocrite un passage où Aristote parle de la vieille doctrine qui supprime le hasard [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-62" name="nh6-62" id="nh6-62" class="spip_note" title='[62] Simplicius, loc. cit.' >62</a>].</p> <p class="spip">Épicure écrit au contraire :</p> <p class="spip">« <i class="spip">La</i> nécessité<i class="spip">, dont certains font la maîtresse absolue, </i>n'est pas<i class="spip"> ; il est quelques choses </i>fortuites<i class="spip">, d'autres dépendent de notre</i> arbitraire<i class="spip">. La nécessité est impossible à persuader, le hasard, au contraire, est instable. Il vaudrait mieux suivre le mythe relatif aux dieux que d'être esclave de l'</i>εἱμαρμένη <i class="spip">(</i>heimarménè<i class="spip">)</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-63" name="nh6-63" id="nh6-63" class="spip_note" title='[63] NDLE : Heimarménè : ce qui a été « décrété », le destin.' >63</a>] <i class="spip">des physiciens. Car le premier laisse l'espoir de la miséricorde pour avoir honoré les dieux ; mais la seconde n'est que l'inexorable nécessité. Mais c'est le hasard qu'il faut admettre, et non pas la divinité, comme la foule le croit.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-64" name="nh6-64" id="nh6-64" class="spip_note" title='[64] Diogène Laërce Vies, X, 133, 134.' >64</a>] « <i class="spip">C'est un malheur de vivre dans la nécessité, mais vivre dans la nécessité n'est pas une nécessité. Partout sont ouvertes les voies qui mènent à la liberté, nombreuses, courtes, aisées. Remercions donc les dieux que personne ne puisse être retenu en vie. Dompter la nécessité elle-même est chose permise.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-65" name="nh6-65" id="nh6-65" class="spip_note" title='[65] Sénèque, Lettres à Lucilius, XII.' >65</a>]</p> <p class="spip">L'épicurien Velléius s'exprime de même, chez Cicéron, à propos de la philosophie stoïcienne : « <i class="spip">Que penser d'une philosophie pour laquelle, comme pour les vieilles femmes ignorantes, tout semble arriver grâce au</i> fatum<i class="spip"> ?... Épicure nous a émancipés et mis en liberté.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-66" name="nh6-66" id="nh6-66" class="spip_note" title='[66] Cicéron, De Nat. Deor., I, xx.' >66</a>]</p> <p class="spip">C'est ainsi qu'Épicure <i class="spip">nie jusqu'au jugement disjonctif</i>, afin de n'être pas contraint de reconnaître une nécessité quelconque [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-67" name="nh6-67" id="nh6-67" class="spip_note" title='[67] Cicéron, De Nat. Deor., I, xxv, [70] : « De même dans sa controverse avec (...)' >67</a>].</p> <p class="spip">On prétend aussi, il est vrai, que Démocrite a fait intervenir le hasard ; mais des deux passages qui, chez Simplicius [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-68" name="nh6-68" id="nh6-68" class="spip_note" title='[68] Simplicius, loc. cit.' >68</a>], se rencontrent à ce sujet, l'un rend l'autre suspect, car il montre jusqu'à l'évidence que ce n'est pas Démocrite qui a fait usage des catégories du hasard, mais Simplicius qui les lui a attribuées comme conséquence. Il dit, en effet, que Démocrite n'indique aucune raison de la création en général, et qu'il <i class="spip">semble</i> donc faire du hasard cette raison. Mais il ne s'agit pas en ce passage de la <i class="spip">détermination du contenu</i>, mais de la <i class="spip">forme</i> que Démocrite a <i class="spip">consciemment</i> employée. Il en va de même du témoignage d'Eusèbe : Démocrite aurait érigé le hasard en maître absolu de l'universel et du divin et prétendu qu'ici il régit tout, tandis qu'il l'aurait écarté de la vie humaine et de la nature empirique et traité d'insensés les partisans du hasard [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-69" name="nh6-69" id="nh6-69" class="spip_note" title='[69] Eusèbe de Césarée, loc. cit. : « partant d'une supposition erronée et d'un (...)' >69</a>].</p> <p class="spip">Nous avons, dans ces affirmations, pour une part, simplement un désir de l'évêque chrétien Denys de forcer les conclusions, et, pour une autre part, là où commencent l'universel et le divin, le concept démocritéen de la nécessité cesse d'être distinct de celui du hasard.</p> <p class="spip">Un point est donc historiquement certain : Démocrite fait intervenir la <i class="spip">nécessité</i>, Épicure le <i class="spip">hasard</i>, et chacun d'eux repousse avec l'âpreté de la polémique l'opinion contraire à la sienne.</p> <p class="spip"><i class="spip">La conséquence la plus importante de cette différence se montre dans la façon d'expliquer les divers phénomènes physiques</i>.</p> <p class="spip">La nécessité apparaît, en effet, dans la nature finie comme <i class="spip">nécessité relative</i>, comme <i class="spip">déterminisme</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-70" name="nh6-70" id="nh6-70" class="spip_note" title='[70] NDLE : Le terme allemand est ici Determinismus.' >70</a>]. La nécessité relative ne peut être déduite que de la <i class="spip">possibilité réelle</i>, c'est-à-dire c'est un ensemble de conditions, de causes, de motifs, etc., qui servent d'intermédiaire à cette nécessité. La possibilité réelle est l'explication de la nécessité relative. Et nous la trouvons employée par Démocrite. Nous citons à l'appui quelques passages empruntés à Simplicius.</p> <p class="spip">Qu'un homme soit altéré, qu'il boive et qu'il guérisse, ce n'est pas le hasard que Démocrite donnera comme cause, mais la soif. En effet, bien qu'il ait eu l'air, à propos de la création du monde, de faire intervenir le hasard, il affirme cependant que, dans les cas particuliers, il n'est la cause de rien, et il ramène à d'autres causes. C'est ainsi, par exemple, que l'action de creuser la terre est la cause de la découverte d'un trésor et la croissance la cause de l'olivier [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-71" name="nh6-71" id="nh6-71" class="spip_note" title='[71] Simplicius, loc. cit.' >71</a>].</p> <p class="spip">L'enthousiasme et le sérieux avec lesquels Démocrite introduit ce mode d'explication dans l'étude de la nature, l'importance qu'il attache à la théorie de la recherche des causes s'expriment avec naïveté dans cette déclaration :</p> <p class="spip">« <i class="spip">J'aime mieux trouver une nouvelle étiologie que de ceindre la couronne royale de Perse.</i> » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-72" name="nh6-72" id="nh6-72" class="spip_note" title='[72] Eusèbe de Césarée, loc. cit.' >72</a>]</p> <p class="spip">Une fois de plus, Épicure est directement opposé à Démocrite. Le hasard est une réalité qui n'a que la valeur de la possibilité ; mais la <i class="spip">possibilité abstraite</i> est précisément <i class="spip">l'antipode de la possibilité réelle</i>. Cette dernière est enfermée dans des limites précises, comme l'intellect ; l'autre ne connaît pas de limites, comme l'imagination. La possibilité réelle cherche à démontrer la nécessité et la réalité de son objet ; la possibilité abstraite ne s'occupe pas de l'objet qui est expliqué, mais du sujet qui explique. Ce qu'il faut simplement, c'est que l'objet soit possible, concevable. Ce qui est possible abstraitement, Ce qui peut être conçu, ne constitue pour le sujet pensant ni un obstacle, ni une limite, ni une pierre d'achoppement. Peu importe que cette possibilité soit également réelle, car l'intérêt ne se porte pas ici sur l'objet comme tel.</p> <p class="spip">Épicure procède donc avec une nonchalance sans bornes dans l'explication des divers phénomènes physiques.</p> <p class="spip">Ceci ressortira plus nettement de la <i class="spip">Lettre à Pythoclès</i> que nous examinerons plus loin. Il nous suffira ici de faire remarquer son attitude vis-à-vis des opinions des physiciens antérieurs. Dans les passages où l'auteur du <i class="spip">De placitis philosophorum</i> et Stobée citent les diverses opinions des philosophes sur la substance des astres, la grandeur et la figure du soleil, etc., il est toujours dit d'Épicure : Il ne rejette aucune de ces opinions, toutes <i class="spip">pouvant</i> être exactes, car il s'en tient au <i class="spip">possible</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-73" name="nh6-73" id="nh6-73" class="spip_note" title='[73] [Plutarque], De Placitis philosophorum, II, xiii (889a) : « Épicure ne (...)' >73</a>]. Bien plus, Épicure <i class="spip">polémique</i> même contre le mode d'explication par la possibilité réelle qui, pour ses déterminations, fait appel à la raison et est donc précisément, par là même, unilatéral.</p> <p class="spip">C'est ainsi que Sénèque dit dans ses <i class="spip">Quaestiones naturales</i> : Épicure prétend que toutes ces causes peuvent exister, et essaie, en outre, maintes autres explications ; il <i class="spip">critique</i> ceux qui soutiennent que l'une quelconque de ces causes est la bonne ; car c'est de la témérité que de porter un jugement apodictique sur ce qui ne peut, se déduire que de conjectures [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-74" name="nh6-74" id="nh6-74" class="spip_note" title='[74] Sénèque, Questions naturelles, VI, xx : « Épicure admet la possibilité de (...)' >74</a>].</p> <p class="spip">On le voit, il n'y a point d'intérêt à rechercher les causes réelles des objets. Il ne s'agit que de tranquilliser le sujet qui explique. Du moment que tout le possible est admis comme possible, ce qui répond au caractère de la possibilité abstraite, il est évident que le <i class="spip">hasard de l'être</i> est simplement traduit dans le <i class="spip">hasard de la pensée</i>. L'unique règle prescrite par Épicure, « <i class="spip">que l'explication ne doit pas être</i> en contradiction <i class="spip">avec la perception sensible</i> » s'entend d'elle-même ; car le possible abstrait consiste précisément dans le fait d'être exempt de contradiction ; c'est pourquoi il faut éviter la contradiction [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-75" name="nh6-75" id="nh6-75" class="spip_note" title='[75] Cf. IIe partie, chapitre 5. Diogène Laërce, Vies, X, 88 : « Il faut (...)' >75</a>]. Enfin Épicure avoue que son mode d'explication ne se propose que l'<i class="spip">ataraxie de la conscience de soi</i>, et <i class="spip">non la connaissance de la nature en soi et pour soi</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-76" name="nh6-76" id="nh6-76" class="spip_note" title='[76] Diogène Laërce, Vies, X, 80 : « Il faut d'abord penser que l'étude de ces (...)' >76</a>].</p> <p class="spip">Nous n'avons probablement pas besoin d'exposer longuement qu'ici encore il se trouve en opposition absolue avec Démocrite.</p> <p class="spip">Nous voyons donc que les deux hommes s'opposent pas à pas. L'un est sceptique, l'autre dogmatique ; l'un tient le monde sensible pour une apparence subjective, l'autre pour un phénomène objectif. Celui qui tient le monde sensible pour une apparence objective s'adonne à la science empirique de la nature et aux connaissances positives, et représente l'inquiétude de l'observation qui expérimente, apprend partout et parcourt le monde. L'autre, qui tient pour réel le monde phénoménal, méprise l'empirisme ; le calme de la pensée qui trouve sa satisfaction en elle-même, l'indépendance qui puise son savoir <i class="spip">ex principio interno</i>, sont incarnés en lui. Mais la contradiction va plus loin encore. Le <i class="spip">sceptique</i> et <i class="spip">empirique</i>, qui tient la nature sensible pour une apparence subjective, la considère au point de vue de la nécessité et cherche à expliquer et à comprendre l'existence réelle des choses. Le <i class="spip">philosophe</i> et <i class="spip">dogmatique</i>, au contraire, qui tient le phénomène pour réel, ne voit partout que du hasard, et son mode d'explication tend plutôt à supprimer toute réalité objective de la nature. Ces contradictions semblent renfermer une certaine absurdité.</p> <p class="spip">Mais à peine peut-on encore présumer que ces hommes, partout en contradiction, s'attacheront à une seule et même doctrine. Et cependant ils semblent enchaînés l'un à l'autre.</p> <p class="spip">Étudier leur relation générale, tel est l'objet du prochain chapitre. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb6-77" name="nh6-77" id="nh6-77" class="spip_note" title='[77] NDLE : Ce chapitre, intitulé d'après le manuscrit « Différence générale (...)' >77</a>]</p> <hr class="spip" /> <p class="spip"><a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article95" class="spip_in">Karl Marx, <i class="spip">Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Épicure</i> (deuxième partie)</a></p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-1" name="nb6-1" class="spip_note" title="info notes 6-1">1</a>] NDLE : Dédicace de Karl Marx à son futur beau-père.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-2" name="nb6-2" class="spip_note" title="info notes 6-2">2</a>] NDLE : Pierre Gassendi, <i class="spip">Animadversiones in decimum librum Diogenis Laertii, qui est De Vita, Moribus, Placitisque Epicuri</i>, Lyon, 1649.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-3" name="nb6-3" class="spip_note" title="info notes 6-3">3</a>] NDLE : Marx n'a pas donné suite à ce projet.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-4" name="nb6-4" class="spip_note" title="info notes 6-4">4</a>] NDLE : Les mots ou expressions en français dans le texte sont composés en italiques et suivis d'un astérisque.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-5" name="nb6-5" class="spip_note" title="info notes 6-5">5</a>] NDLE : <i class="spip">Friedrich der Grosse und seine Widersacher</i> (Frédéric le Grand et ses adversaires), Leipzig, 1840 : « Épicurisme, stoïcisme et scepticisme sont les muscles nerveux et le système des entrailles de l'organisme antique, dont l'unité immédiate, naturelle, a conditionné la beauté et la moralité de l'antiquité, et qui s'est désagrégé avec la décrépitude de celle-ci » (p. 39). Friedrich Köppen avait dédié son ouvrage à Karl Marx.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-6" name="nb6-6" class="spip_note" title="info notes 6-6">6</a>] NDLE : David Hume, <i class="spip">Traité de la nature humaine</i>. Livre I « De l'entendement », Quatrième partie, section 5, « De l'immatérialité de l'âme ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-7" name="nb6-7" class="spip_note" title="info notes 6-7">7</a>] NDLE : Lettre d'Épicure à Ménécée, in Diogène Laërce, <i class="spip">Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres</i>, X.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-8" name="nb6-8" class="spip_note" title="info notes 6-8">8</a>] NDLE : Cette citation et la précédente sont tirées du <i class="spip">Prométhée enchaîné</i> d'Eschyle (vers 965-966 et 956-959).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-9" name="nb6-9" class="spip_note" title="info notes 6-9">9</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 4.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-10" name="nb6-10" class="spip_note" title="info notes 6-10">10</a>] Cicéron, <i class="spip">De Natura Deorum</i> (De la Nature des dieux), I, <span style="font-variant: small-caps">xxvi</span> [73].</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-11" name="nb6-11" class="spip_note" title="info notes 6-11">11</a>] Cicéron, <i class="spip">De Finibus bonorum et malorum</i> (Des finalités des biens et des maux), I, <span style="font-variant: small-caps">iv</span> [21] et [17]-[18].</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-12" name="nb6-12" class="spip_note" title="info notes 6-12">12</a>] Plutarque, <i class="spip">Contre Colotès</i>, [1112-1120] et sqq.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-13" name="nb6-13" class="spip_note" title="info notes 6-13">13</a>] NDLE : Marx cite ici probablement de mémoire le titre de Plutarque, dont la traduction latine courante (celle d'Henri Estienne, 1572), est <i class="spip">Non posse suaviter vivi secundum Epicurum</i>, « on ne peut vivre agréablement selon Épicure ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-14" name="nb6-14" class="spip_note" title="info notes 6-14">14</a>] Clément d'Alexandrie, <i class="spip">Stromates</i>, liv. VI : « Épicure a aussi volé ses dogmes principaux à Démocrite » [livre VI, chap. ii, 24].</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-15" name="nb6-15" class="spip_note" title="info notes 6-15">15</a>] Clément d'Alexandrie, Id., « “Prenez garde qu'il ne se trouve quelqu'un pour vous réduire en esclavage par le vain leurre de la “philosophie” selon une tradition toute humaine, selon les éléments du monde, et non selon le Christ” (Épître aux Colossiens, 2:8)... désignant non toute philosophie, mais l'épicurienne, que Paul mentionne dans les Actes des apôtres (17:18), qui abolit la providence (...) et toute autre philosophie qui idolâtre les éléments, au lieu de placer au-dessus d'eux la cause efficiente, et ignore le Créateur » [<i class="spip">Stromates</i>, Livre I, chap. xi, 50, 5 et 6].</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-16" name="nb6-16" class="spip_note" title="info notes 6-16">16</a>] Sextus Empiricus, <i class="spip">Contre les professeurs</i> [I, 273]. Épicure a été reconnu coupable d'avoir volé le meilleur de ses dogmes aux poètes. Car il a été démontré qu'il avait pris sa définition de l'intensité des plaisirs - qui est « la suppression de toute douleur », - de ce vers : « Et quand ils ont chassé la soif et l'appétit » (Homère, <i class="spip">Iliade</i>, I, 469). Et à propos de la mort, qu'« elle n'est rien pour nous », Épicharme le lui avait déjà indiqué en disant : « Mourir ou être mort ne me concerne pas ». Il vola également l'idée que les corps morts n'avaient pas de sensation à Homère, qui écrit : « Car c'est une argile insensible qu'il [<i class="spip">Achille</i>] outrage dans sa fureur » (<i class="spip">Iliade</i>, XXIV, 54).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-17" name="nb6-17" class="spip_note" title="info notes 6-17">17</a>] Lettre de Leibniz à M. Des Maizeaux, 8 juillet 1711, in [<i class="spip">Opera omnia</i>] ed. L. Dutens, Vol. 2, pp. 66-67. NDLE : Probablement cité de mémoire (en français dans le texte), l'édition Dutens donnant : « De ce grand homme, nous ne savons guère que ce que lui a emprunté Épicure, qui n'était pas capable de prendre toujours le meilleur. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-18" name="nb6-18" class="spip_note" title="info notes 6-18">18</a>] Plutarque, <i class="spip">Contre Colotès</i>, [1111] « Démocrite est donc répréhensible, non pour avouer les conséquences de ces principes, mais pour avoir admis des principes qui donnent lieu à de telles conséquences.</i> (...) <i class="spip">Car c'est ainsi qu'en détruisant l'idée de la Providence, il dit qu'il conserve la piété envers les dieux ; qu'en ne cherchant dans l'amitié d'autre fin que la volupté, il veut cependant qu'on supporte pour ses amis les douleurs les plus cruelles ; qu'en supposant l'univers infini, il lui laisse un espace supérieur et un espace inférieur.</i> »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-19" name="nb6-19" class="spip_note" title="info notes 6-19">19</a>] Aristote, <i class="spip">De l'âme</i>, I, 2, §5 (404a) : « Démocrite identifie absolument (ἁπλῶς) âme et entendement (ψυχὴν καὶ νοῦν), puisque selon lui, le vrai est le phénomène (τὸ φαινόμενον) ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-20" name="nb6-20" class="spip_note" title="info notes 6-20">20</a>] Aristote, <i class="spip">Métaphysique</i>, Γ, 5, §§8-9 (1009b) : « C'est pourquoi Démocrite dit que, de toute façon, il n'y a rien de vrai, ou que la vérité, du moins, ne nous est pas accessible. - Et, en général, c'est parce qu'ils [ces philosophes] supposent la pensée à la sensation, et celle-ci étant une altération, que ce qui apparaît aux sens est nécessairement, selon eux, la vérité. C'est en effet pour ces raisons qu'Empédocle, que Démocrite, et pour ainsi dire tous les autres sont tombés dans de telles opinions. C'est ainsi qu'Empédocle dit que, quand on change d'état (ἕξιν), on change de pensée (φρόνησιν) ». [Karl Marx ajoute :] Ainsi la contradiction est-elle exprimée dans ce passage même de la <i class="spip">Métaphysique</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-21" name="nb6-21" class="spip_note" title="info notes 6-21">21</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, IX, 72 : « Bien plus, suivant ceux dont nous parlons, Xénophane, Zénon d'Élée et Démocrite ont été eux-mêmes philosophes sceptiques. (...) Démocrite [dit] : « en réalité nous ne savons rien, car la vérité est au fond d'un puits ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-22" name="nb6-22" class="spip_note" title="info notes 6-22">22</a>] Ritter, <i class="spip">Geschichte der alten Philosophie</i> [Histoire de la philosophie ancienne], t. I, p. 579 sq.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-23" name="nb6-23" class="spip_note" title="info notes 6-23">23</a>] NDLE : le texte allemand écrit : « Nicht <i class="spip">objektive Erscheinung</i> ist sie, sondern <i class="spip">subjektiver Schein</i>. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-24" name="nb6-24" class="spip_note" title="info notes 6-24">24</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, IX, 44.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-25" name="nb6-25" class="spip_note" title="info notes 6-25">25</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, IX, 72.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-26" name="nb6-26" class="spip_note" title="info notes 6-26">26</a>] Simplicius, Schol. in Arist.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-27" name="nb6-27" class="spip_note" title="info notes 6-27">27</a>] Plutarque, Contre Colotès, p. 1111.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-28" name="nb6-28" class="spip_note" title="info notes 6-28">28</a>] NDLE : L'aìsthesis est phrónesis : la « sensation » est « sagesse pratique ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-29" name="nb6-29" class="spip_note" title="info notes 6-29">29</a>] Cf. Aristote, loc. cit.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-30" name="nb6-30" class="spip_note" title="info notes 6-30">30</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 124 : « δογματιεῖν τε καὶ οὐκ ἀπορήσειν ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-31" name="nb6-31" class="spip_note" title="info notes 6-31">31</a>] Plutarque, <i class="spip">Contre Colotès</i>, [1117] : « C'est un des dogmes d'Épicure que personne, le sage seul excepté, ne doit s'attacher à une opinion au point de ne jamais en revenir ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-32" name="nb6-32" class="spip_note" title="info notes 6-32">32</a>] Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor</i>. I, <span style="font-variant: small-caps">xxv</span> [70]. Cf. Id. <i class="spip">De Finibus</i>, I, vii, et [Plutarque], <i class="spip">De Placitis philosophorum</i>, IV, <span style="font-variant: small-caps">ix</span> [899f] : « Épicure tient que [les sensations et les imaginations] sont toujours vraies ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-33" name="nb6-33" class="spip_note" title="info notes 6-33">33</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 31 : « Donc, dans le <i class="spip">Canon</i>, Épicure affirme qu'il y a trois critères de la vérité : les sensations, les anticipations et les affections... » 32 : Il n'y a rien non plus qui puisse réfuter une sensation ou la convaincre d'erreur : « une sensation semblable ne peut réfuter une autre sensation, parce qu'elles ont une force égale ; non plus qu'une sensation hétérogène n'en peut rectifier une semblable, parce que les objets dont elles jugent ne sont pas les mêmes. [...] On ne peut pas même dire que la raison conduise les sens, puisqu'elle dépend d'eux. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-34" name="nb6-34" class="spip_note" title="info notes 6-34">34</a>] Plutarque, <i class="spip">Contre Colotès</i>, [1110-1111] : « [Colotès] attribue à Démocrite d'avoir dit que c'est par des lois de convention que nos sens distinguent la couleur, la douceur et l'amertume. Et il ajoute que celui qui soutient cette opinion ne peut pas s'assurer lui-même s'il existe et s'il vit. Je n'ai rien à opposer à cette assertion ; mais ce que je puis dire, c'est que cette opinion est aussi intimement liée aux dogmes d'Épicure que la figure et la pesanteur sont, suivant les épicuriens mêmes, inséparables des atomes. En effet, que dit Démocrite ? Qu'il y a des substances infinies en nombre, indivisibles, impassibles, qui sont sans différence, sans qualité, qui se meuvent dans le vide, où elles sont disséminées ; que lorsqu'elles s'approchent les unes des autres, qu'elles s'unissent et s'entrelacent, elles forment, par leur agrégation, de l'eau, du feu, une plante ou un homme ; que toutes ces substances, qu'il appelait atomes, étaient de pures formes [ou : atomes, “idées”, comme il les appelle], et rien autre chose. Car on ne peut rien produire de ce qui n'existe pas, et ce qui est ne peut rentrer dans le néant, parce que les atomes, à raison de leur solidité, ne peuvent éprouver ni changement ni altération. Ainsi on ne peut faire une couleur de ce qui est sans couleur, ni une substance ou une âme de ce qui est sans âme et sans qualité. [...] Démocrite est donc répréhensible, non pour avouer les conséquences de ces principes, mais pour avoir admis des principes qui donnent lieu à de telles conséquences. » ... Épicure soutient les mêmes principes [que Démocrite, NDLE], mais il ne dit pas qu'il n'y ait de couleurs « que par convention », et ainsi des autres qualités.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-35" name="nb6-35" class="spip_note" title="info notes 6-35">35</a>] Cicéron, De Finibus, I, <span style="font-variant: small-caps">vi</span>, [20] : « Démocrite, qui était habile en géométrie, croit que le soleil est d'une grandeur immense ; [Épicure] lui donne environ deux pieds, et il le juge tel que nous le voyons, un peu plus ou un peu moins grand ». Cf. [Plutarque], De Placitis philosophorum, II.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-36" name="nb6-36" class="spip_note" title="info notes 6-36">36</a>] NDLE : homme érudit, savant...</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-37" name="nb6-37" class="spip_note" title="info notes 6-37">37</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, IX, 37 : « [Démocrite] entendait la physique, la morale, les humanités, les mathématiques, et avait beaucoup d'expérience dans les arts. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-38" name="nb6-38" class="spip_note" title="info notes 6-38">38</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, IX, 46-49.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-39" name="nb6-39" class="spip_note" title="info notes 6-39">39</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangélique</i>, X, <span style="font-variant: small-caps">iv</span> : « Lorsque parlant de lui-même avec orgueil, il [Démocrite] dit : “De tous mes contemporains, c'est moi qui ai parcouru la plus grande partie de la terre, exploré les pays les plus lointains ; j'ai vu la plupart des climats et des pays, entendu les hommes les plus savants, et dans la composition des figures avec démonstration personne ne m'a surpassé, pas même ceux que chez les Égyptiens on appelait les Arpedonaptes, ayant consacré quatre-vingts ans de ma vie à visiter l'étranger”. En effet, il avait parcouru la Babylonie, la Perse et l'Égypte, où il fut l'élève des prêtres. NDLE : Arpédonaptes, ou harpédonaptes : « noueurs de cordeaux », arpenteurs ou « géomètres » de l'Égypte ancienne, leur présence (en tant que fonctionnaires royaux) sur les chantiers de construction est attestée dans les textes et représentations (peintes ou sculptées).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-40" name="nb6-40" class="spip_note" title="info notes 6-40">40</a>] NDLE : <i class="spip">Homonymes</i> : il s'agit d'un ouvrage (perdu) consacré aux auteurs de même nom. Quant aux <i class="spip">Diadokhai</i>, ou <i class="spip">Successions</i>, il s'agit d'un ouvrage concernant les successions de philosophes des différentes écoles (attribué à Antisthène de Rhodes, mais l'ouvrage de Démétrios ayant été perdu...).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-41" name="nb6-41" class="spip_note" title="info notes 6-41">41</a>] NDLE : Gymnosophistes aux Indes : une tradition assimile ces gymnosophistes aux <i class="spip">yogi</i> de l'Inde ancienne (le recueil d'aphorismes qui composent le <i class="spip">Yoga-Sûtra</i> remonte approximativement au <span style="font-variant: small-caps">ii</span><sup>e</sup> siècle, mais renvoie probablement à une pratique et à une transmission orale plus ancienne, qui peut être contemporaine de Démocrite).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-42" name="nb6-42" class="spip_note" title="info notes 6-42">42</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, IX, 35 : « Demetrios, dans son livre des <i class="spip">Homonymes</i>, et Antisthène dans ses <i class="spip">Successions</i>, disent qu'il alla trouver en Égypte les prêtres de ce pays, qu'il apprit d'eux la géométrie, qu'il se rendit en Perse auprès des philosophes chaldéens, et pénétra jusqu'à la mer Rouge. Il y en a qui assurent qu'il passa dans les Indes, qu'il conversa avec des gymnosophistes, et fit un voyage en Éthiopie. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-43" name="nb6-43" class="spip_note" title="info notes 6-43">43</a>] Cicéron, <i class="spip">Tusculanes</i>, V, <span style="font-variant: small-caps">xxxix</span> : Lorsque Démocrite perdit la vue... « Ce grand homme croyait même que la vue était un obstacle aux opérations de l'âme ; et en effet, tandis que les autres voyaient à peine ce qui était à leurs pieds, son esprit parcourait l'univers, sans trouver de borne qui l'arrêtât. » Id., <i class="spip">De Finibus</i>, V, <span style="font-variant: small-caps">xxix</span>, rapporte que Démocrite s'est crevé les yeux ; « que ce fait soit vrai au non, il est certain [qu'il la fait] pour être le moins possible détourné de ses profondes méditations. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-44" name="nb6-44" class="spip_note" title="info notes 6-44">44</a>] Sénèque, <i class="spip">Lettres à Lucilius</i>, VIII, 26 : « c'est encore Epicure que je feuillette [...] Fais-toi l'esclave de la philosophie, pour jouir de la vraie liberté. Elle n'ajourne pas celui qui se soumet, qui se livre à elle. Il est tout d'abord affranchi ; car le service de la philosophie c'est la liberté. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-45" name="nb6-45" class="spip_note" title="info notes 6-45">45</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 122 : « Même jeune, on ne doit pas hésiter à philosopher. Ni, même au seuil de la vieillesse, se fatiguer de l'exercice philosophique. Il n'est jamais trop tôt, qui que l'on soit, ni trop tard pour l'assainissement de l'âme. Tel, qui dit que l'heure de philosopher n'est pas venue ou qu'elle est déjà passée, ressemble à qui dirait que pour le bonheur, l'heure n'est pas venue ou qu'elle n'est plus. Sont donc appelés à philosopher le jeune comme le vieux. Le second pour que, vieillissant, il reste jeune en biens par esprit de gratitude à l'égard du passé. Le premier pour que jeune, il soit aussi un ancien par son sang-froid à l'égard de l'avenir. » Cf. Clément d'Alexandrie, IV, 501.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-46" name="nb6-46" class="spip_note" title="info notes 6-46">46</a>] Sextus Empiricus, <i class="spip">Contre les professeurs</i>, I, 1.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-47" name="nb6-47" class="spip_note" title="info notes 6-47">47</a>] Ibid., p. [I, 491] et [I, 272]. Cf. Plutarque, <i class="spip">Non posse suaviter vivi secundum Epicurum</i>, 1094.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-48" name="nb6-48" class="spip_note" title="info notes 6-48">48</a>] Cicéron, <i class="spip">De Finibus</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxi</span>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-49" name="nb6-49" class="spip_note" title="info notes 6-49">49</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 13 : « Apollodore dit dans ses <i class="spip">Chroniques</i> qu'il fut élève de Nausiphane et de Praxiphane ; mais dans sa lettre à Euryloque, Épicure le nie et affirme s'être élevé lui-même. » Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxvi</span>, « puisqu'il [Épicure] se vante lui-même dans ses écrits de n'avoir pas eu de maître. Je le croirais volontiers, même s'il ne le disait pas... »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-50" name="nb6-50" class="spip_note" title="info notes 6-50">50</a>] Sénèque, <i class="spip">Lettres à Lucilius</i>, LII, 41-42 : « Certains hommes, dit Épicure, cheminent, sans que nul les aide, vers la vérité ; et il se donne comme tel, comme s'étant tout seul frayé la route. Il les loue sans réserve d'avoir pris leur élan, de s'être produits par leur propre force. D'autres, ajoute-t-il, ont besoin d'assistance étrangère ; ils ne marcheront pas qu'on ne les précède, mais ils sauront très-bien suivre ; et il cite Métrodore parmi ces derniers. Ce sont de beaux génies encore, mais de second ordre. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-51" name="nb6-51" class="spip_note" title="info notes 6-51">51</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 10 : « Malgré les troubles qui affligèrent alors la Grèce, il y passa toute sa vie ; il n'alla que deux ou trois fois en Ionie pour rendre visite à des amis. Il lui en venait cependant de partout pour vivre avec lui dans son jardin, dont Apollodore rapporte qu'il l'avait acquis pour quatre-vingt mines. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-52" name="nb6-52" class="spip_note" title="info notes 6-52">52</a>] Id., X, 15-16 : « Hermippe dit qu'il se mit dans une baignoire de bronze remplie d'eau chaude et demanda qu'on lui donnât du vin pur, qu'il but. Il exhorta ses amis présents à ne jamais oublier sa doctrine, et expira. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-53" name="nb6-53" class="spip_note" title="info notes 6-53">53</a>] Cicéron, <i class="spip">De Fato</i>, X [22, 23] : « Épicure [pense] pouvoir échapper à la nécessité [....] Démocrite [préfère] soumettre toutes choses à la fatalité. » Id., <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxv</span> [69] : « [Épicure] trouva le moyen d'échapper à cette nécessité (ce que Démocrite, de toute évidence, avait évité) ». Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, I, <span style="font-variant: small-caps">viii</span> : « Démocrite d'Abdère [dit que] toutes les choses passées, présentes et futures, sont de toute éternité soumises aux lois de la nécessité. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-54" name="nb6-54" class="spip_note" title="info notes 6-54">54</a>] Aristote, <i class="spip">De la Génération des animaux</i>, V, 8, 789b2-3 : « Democrite... rapporte à la nécessité tous les procédés de la nature ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-56" name="nb6-56" class="spip_note" title="info notes 6-56">56</a>] -[Plutarque], <i class="spip">Opinions des philosophes</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxv</span> (884e) : « Parménide et Démocrite [disent] que toutes choses se font par nécessité, et qu'elle est la même chose que le destin, la justice, la providence et la créatrice du monde » et <span style="font-variant: small-caps">xxvi</span> (884f) : « [la substance de la nécessité selon Démocrite], c'est l'antitypie, l'action et l'impulsion de la matière. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-57" name="nb6-57" class="spip_note" title="info notes 6-57">57</a>] Stobée, <i class="spip">Églogues physiques</i>, I, 8.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-58" name="nb6-58" class="spip_note" title="info notes 6-58">58</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangélique</i>, VI, <span style="font-variant: small-caps">vii</span> : « [Fatalité que Démocrite] fait dériver [...] de divers accidents, de ces petits atomes répandus dans l'espace, où ils s'élèvent, s'abaissent, se choquent et se séparent, s'unissent, se désunissent au gré de la nécessité. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-59" name="nb6-59" class="spip_note" title="info notes 6-59">59</a>] Stobée, <i class="spip">Églogues éthiques</i>, II, 4.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-60" name="nb6-60" class="spip_note" title="info notes 6-60">60</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">Préparation évangélique</i>, XIV, <span style="font-variant: small-caps">xxvii</span> : « ainsi [Démocrite] établissait-il le hasard pour souverain et roi de tout ce qui existe, même du divin, en montrant que rien ne se faisait que par lui ; et cependant il voulait le bannir, ce hasard, du commerce des hommes et de la vie commune, et traitait d'insensés tous ses adorateurs. Il dit au début de son enseignement : “les hommes ont créé eux-mêmes l'illusion du hasard pour excuser leur déraison : la prudence étant en effet l'ennemi du hasard, ils veulent que règne le plus fort adversaire de la prudence ; ou plutôt, ils voudraient la renverser et faire disparaître pour la remplacer par le hasard. Car ce n'est pas la prudence qu'ils valorisent, mais le hasard comme s'il était le plus raisonnable.” »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-61" name="nb6-61" class="spip_note" title="info notes 6-61">61</a>] NDLE : Le terme allemand est ici <i class="spip">Zufall</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-62" name="nb6-62" class="spip_note" title="info notes 6-62">62</a>] Simplicius, <i class="spip">loc. cit</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-63" name="nb6-63" class="spip_note" title="info notes 6-63">63</a>] NDLE : <i class="spip">Heimarménè</i> : ce qui a été « décrété », le destin.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-64" name="nb6-64" class="spip_note" title="info notes 6-64">64</a>] Diogène Laërce <i class="spip">Vies</i>, X, 133, 134.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-65" name="nb6-65" class="spip_note" title="info notes 6-65">65</a>] Sénèque, <i class="spip">Lettres à Lucilius</i>, XII.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-66" name="nb6-66" class="spip_note" title="info notes 6-66">66</a>] Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xx</span>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-67" name="nb6-67" class="spip_note" title="info notes 6-67">67</a>] Cicéron, <i class="spip">De Nat. Deor.</i>, I, <span style="font-variant: small-caps">xxv</span>, [70] : « De même dans sa controverse avec les logiciens : selon eux dans toutes les propositions disjonctives, où il est dit qu'une chose est ou qu'elle n'est pas, il faut que l'une des deux thèses soit vraie, mais Épicure a craint qu'en appliquant ce principe à une disjonction telle que celle-ci : demain, ou bien Épicure sera en vie ou bien il ne sera plus en vie, il en résultât que l'événement à venir, quel qu'il soit, est nécessaire. Il a donc rejeté le principe suivant lequel une chose est ou n'est pas. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-68" name="nb6-68" class="spip_note" title="info notes 6-68">68</a>] Simplicius, <i class="spip">loc. cit</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-69" name="nb6-69" class="spip_note" title="info notes 6-69">69</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">loc. cit.</i> : « partant d'une supposition erronée et d'un principe imaginaire, n'attribuant qu'au hasard la cause des êtres que le hasard ne saurait produire, il [Démocrite] était convaincu que la plus grande sagesse consistait à avoir imaginé le concours fortuit d'atomes dépourvus de prudence et de jugement, ne voyant pas le fondement et la nécessité universelle de la nature où ils sont ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-70" name="nb6-70" class="spip_note" title="info notes 6-70">70</a>] NDLE : Le terme allemand est ici <i class="spip">Determinismus</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-71" name="nb6-71" class="spip_note" title="info notes 6-71">71</a>] Simplicius, <i class="spip">loc. cit</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-72" name="nb6-72" class="spip_note" title="info notes 6-72">72</a>] Eusèbe de Césarée, <i class="spip">loc. cit</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-73" name="nb6-73" class="spip_note" title="info notes 6-73">73</a>] -[Plutarque], <i class="spip">De Placitis philosophorum</i>, II, </span>xiii</span> (889a) : « Épicure ne rejette aucune de celles-ci [Marx ajoute : c'est-à-dire les opinions des philosophes sur la substance des astres], il s'en tient au possible. ». <i class="spip">Ibid.</i>, II, <span style="font-variant: small-caps">xxi</span> (890c), et <span style="font-variant: small-caps">xxii</span> (890d) : « Épicure regarde ces opinions pour vraisemblables ». Stobée, <i class="spip">Églogues Physiques</i>, I : « Épicure ne rejette aucune de ces opinions et s'en tient au possible. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-74" name="nb6-74" class="spip_note" title="info notes 6-74">74</a>] Sénèque, <i class="spip">Questions naturelles</i>, VI, </span>xx</span> : « Épicure admet la possibilité de toutes ces causes, et en propose plusieurs autres : il blâme ceux qui se prononcent pour une seule, vu qu'il est téméraire de donner comme certain ce qui ne peut être qu'une conjecture ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-75" name="nb6-75" class="spip_note" title="info notes 6-75">75</a>] Cf. IIe partie, chapitre 5. Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 88 : « Il faut cependant observer chaque phénomène tel qu'il se présente, et ensuite tous ceux qui se présentent avec lui et qui peuvent sans contradiction avec les faits de notre expérience recevoir plusieurs explications. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-76" name="nb6-76" class="spip_note" title="info notes 6-76">76</a>] Diogène Laërce, <i class="spip">Vies</i>, X, 80 : « Il faut d'abord penser que l'étude de ces matières n'a pas d'autre but que celle des autres phénomènes, qu'on les étudie pour eux-mêmes ou en relation avec d'autres ; leur connaissance n'a d'autre but que notre tranquillité (<i class="spip">ataraxia</i>) et notre bonheur. »</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh6-77" name="nb6-77" class="spip_note" title="info notes 6-77">77</a>] NDLE : Ce chapitre, intitulé d'après le manuscrit « Différence générale entre les principes des philosophies démocritéenne et épicurienne de la nature », a été perdu, ainsi que le suivant et dernier de la première partie, « Résultat ».</p></div> Karl Marx | Le Manifeste philosophique de l'école de droit historique http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article98 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article98 2009-01-22T19:20:09Z text/html fr Secrétariat > > Marx et Engels [ ; Avertissement de l'éditeur ; ] <br />[ ; * ; ] Nous reproduisons ici, avec quelques modifications mineures (et sans doute insuffisantes), la traduction par J. Molitor de cet article de Marx, traduction parue en 1946 au tome I des Œuvres philosophiques, dans la collection qui se présentait alors comme celle des « Œuvres complètes de Karl Marx », aux éditions A. Costes. <br />Cette édition se présentait alors sans aucun appareil critique. Nous avons tenté de compléter assez sommairement cette édition, sur la base (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique42" rel="directory">> > Marx et Engels</a> <div class='rss_chapo'><hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">Avertissement de l'éditeur</div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">*</div> <i class="spip">Nous reproduisons ici, avec quelques modifications mineures (et sans doute insuffisantes), la traduction par J. Molitor de cet article de Marx, traduction parue en 1946 au tome I des</i> Œuvres philosophiques<i class="spip">, dans la collection qui se présentait alors comme celle des « Œuvres complètes de Karl Marx », aux éditions A. Costes. <p class="spip">Cette édition se présentait alors sans aucun appareil critique. Nous avons tenté de compléter assez sommairement cette édition, sur la base d'éditions scientifiques allemande (</i>Marx-Engels Werke<i class="spip">, I) et anglaise (</i>Karl Marx & Frederick Engels Collected Works<i class="spip">, t. I).</i></p> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;">Extrait de l'introduction de l'édition de 1946</div> <div style="text-align:center;">*</div> <div class='spip_document_123 spip_documents spip_documents_left' style='float:left;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/png/KMOP1CM.png" type="image/png" title='PNG - 399.5 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-98x150/KMOP1CM-98x150.png' width='98' height='150' alt='PNG - 399.5 ko' /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Œuvres philosophiques I (1946)</strong></div></div> <p class="spip">[...] Le « Manifeste philosophique de l'école de droit historique » a paru dans le n° 221 de la <i class="spip">Gazette rhénane</i>, le 9 août 1942. Il avait été d'abord destiné, avec d'autres restés en projet, aux <i class="spip">Anekdota</i> publiés [...] par Arnold Ruge. Des lettres de celui-ci (14 mai) et de Marx (27 avril et 9 juillet) l'attestent, sans faire d'ailleurs saisir le motif qui l'a plutôt dirigé sur le journal.</p> <p class="spip">Riazanov (t. I de <i class="spip">Marx-Engels Ausgabe</i>, p. <span style="font-variant: small-caps">l</span>) [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-1" name="nh7-1" id="nh7-1" class="spip_note" title='[1] David Borisovitch Riazanov (1870-1938), savant et militant bolchevik, (...)' >1</a>] a raison de penser que l'occasion n'en fut pas, ainsi que l'avait dit Mehring, le cinquantième anniversaire de l'élévation au doctorat du professeur chevalier von Hugo (10 mai 1838), fêté par Savigny comme initiateur de l'école que lui-même illustrait. Cette occasion fut plutôt la nomination (février 1842) de Savigny comme ministre de la justice du royaume de Prusse. Il s'agissait, en remontant à la source première d'où l'école se flattait publiquement de dériver, de prémunir contre le caractère réactionnaire qu'on pouvait attendre de son célèbre représentant.</p> <p class="spip">Faite naturellement sur le texte complet de l'édition Mehring (<i class="spip">Gesammelte Schriften</i>, t. I), la traduction du regretté Molitor était publiée quand on put connaître, par une découverte du professeur J. Hansen, le manuscrit de l'article, qui avait été soumis à la censure prussienne et où celle-ci avait biffé un paragraphe relatif au mariage. Nous donnons donc ici une traduction de cet inédit, tel que l'a reproduit Riazanov [...].</p> <hr class="spip" /> <div class='spip_document_125 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/pdf/Karl_Marx_le_manifeste_philosophique_de_l_ecole_du_droit_historique.pdf" type="application/pdf" title='PDF - 236 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/ecrire/img_pack/icones/pdf-dist.png' width='48' height='52' alt='PDF - 236 ko' /></a></div> <p class="spip"><i class="spip">Ce paragraphe sur le mariage est inséré dans l'introduction de la réédition de 1946 du t. I des </i>Œuvres philosophiques de Karl Marx<i class="spip">. Nous l'avons replacé ci-dessous entre les chapitres « De la liberté » et « De l'éducation », conformément aux éditions courantes.</p> <div style="text-align:right;"><i class="spip">Cliquer sur l'icône "pdf" ci-dessus pour télécharger le texte.</i></div> <div style="text-align:right;">S<sup>té</sup>.ch.phil.</i></div> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div></div> <div class='rss_texte'><hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">KARL MARX</strong></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">LE MANIFESTE PHILOSOPHIQUE</strong></div> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">DE L'ÉCOLE DE DROIT HISTORIQUE</strong></div> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><sup>*</sup></div> <hr class="spip" /> <p class="spip">L'opinion vulgaire considère l'<i class="spip">école historique</i> comme une <i class="spip">réaction</i> contre l'<i class="spip">esprit frivole</i> du <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle. Cette opinion est répandue en raison inverse de sa vérité. Pour dire vrai, le <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle ne nous a légué qu'un seul produit dont la frivolité soit le <i class="spip">caractère essentiel</i> ; et ce produit frivole unique, c'est l'<i class="spip">école historique</i>.</p> <p class="spip">L'école historique a fait de l'étude des textes sa « tarte à la crème » ; elle a poussé sa passion des sources à un tel point qu'elle demande au navigateur de voguer non pas sur le fleuve, mais sur la source du fleuve. Elle trouvera donc justifié que nous remontions à <i class="spip">ses sources</i>, le <i class="spip">droit naturel de Hugo</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-2" name="nh7-2" id="nh7-2" class="spip_note" title='[2] Gustav von Hugo (1764-1844), juriste allemand, fondateur de l'école (...)' >2</a>]. <i class="spip">Sa philosophie précède</i> son développement ; c'est donc en vain que, dans son développement, on cherchera de la philosophie.</p> <p class="spip">Une fiction qui avait cours au <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle considérait l'état naturel comme le véritable état de la nature humaine. On voulait, de ses yeux, voir les idées de l'homme, et l'on créa des <i class="spip">hommes naturels</i>, des « papagenos » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-3" name="nh7-3" id="nh7-3" class="spip_note" title='[3] Papageno : personnage d'oiseleur de la Flûte enchantée de Mozart, (...)' >3</a>], dont la naïveté s'étendait jusqu'à leur peau emplumée. Dans les dernières années du <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle, on pressentait de la sagesse primitive chez les <i class="spip">peuples à l'état de nature</i>. Et l'on entendait, de tous côtés, des oiseleurs imiter les mélodies des Iroquois, des Indiens, etc., espérant, de cette façon, piper les oiseaux eux-mêmes. Toutes ces excentricités reposaient sur cette idée juste, que l'état <i class="spip">primitif</i> est la naïve peinture flamande de l'état <i class="spip">réel</i>.</p> <p class="spip"><i class="spip">L'homme primitif de l'école historique</i>, l'homme qui n'a pas encore été léché par la culture romantique, c'est <i class="spip">Hugo</i>. Son manuel du <i class="spip">droit naturel</i> est l'<i class="spip">Ancien testament</i> de l'école historique. L'opinion de Herder, que les hommes primitifs sont des <i class="spip">poètes</i>, et que les livres sacrés des peuples primitifs sont des livres <i class="spip">poétiques</i>, n'a rien qui nous puisse gêner, bien que Hugo écrive la prose la plus vulgaire, la plus incolore. En effet, chaque siècle, de même qu'il possède sa nature propre, produit ses hommes primitifs propres. Si Hugo ne fait donc pas de la <i class="spip">poésie</i>, il fait du moins de la <i class="spip">fiction</i>, et la fiction est la <i class="spip">poésie de la prose</i>, correspondant à la nature prosaïque du <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle.</p> <p class="spip">En désignant M. Hugo comme l'ancêtre et le créateur de l'école historique, nous abondons dans le <i class="spip">propre sens</i> de cette école, ainsi que le prouve le programme élaboré, pour le jubilé de Hugo, par le juriste historique le plus fameux [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-4" name="nh7-4" id="nh7-4" class="spip_note" title='[4] Référence de Marx à l'écrit de F. C. von Savigny à l'occasion du jubilé de (...)' >4</a>]. En voyant dans M. Hugo un enfant du <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle, nous procédons en conformité absolue avec l'<i class="spip">esprit</i> de M. Hugo, comme celui-ci en témoigne lui-même, puisqu'il se dit <i class="spip">élève</i> de Kant et nous donne son droit naturel comme un rejeton de la <i class="spip">philosophie kantienne</i>. Nous reprenons son <i class="spip">manifeste</i> à ce point.</p> <p class="spip">Par une <i class="spip">fausse interprétation</i>, Hugo fait dire à son maître Kant que, ne pouvant connaître le <i class="spip">vrai</i>, nous devons logiquement admettre avec sa <i class="spip">pleine valeur</i> le <i class="spip">faux</i>, pourvu qu'il <i class="spip">existe</i>. Hugo fait le <i class="spip">sceptique</i> à l'égard de l'<i class="spip">essence nécessaire</i> des choses, pour en accepter, tel un courtier, l'apparition accidentelle. Il ne cherche donc nullement à démontrer que le <i class="spip">positif</i> est <i class="spip">rationnel</i> ; il cherche, au contraire, à démontrer que le positif est <i class="spip">irrationnel</i>. De toutes les contrées du monde il apporte à grand'peine, mais avec une ironie pleine de suffisance, des raisons qui doivent montrer jusqu'à l'évidence que les institutions positives, par exemple la propriété, la constitution de l'État, le mariage, etc., ne sont vivifiées par aucune nécessité rationnelle, qu'elles sont même <i class="spip">en contradiction</i> avec la raison, et peuvent tout au plus donner lieu à des bavardages pour ou contre. Mais on aurait grandement tort d'attribuer cette <i class="spip">méthode</i> à son individualité accidentelle ; c'est, tout au contraire, la <i class="spip">méthode de son principe</i>, la méthode <i class="spip">franche</i>, <i class="spip">naïve</i>, <i class="spip">brutale</i> de l'école historique. Si le positif doit <i class="spip">valoir parce qu'il est</i> positif, il me faut <i class="spip">prouver</i> que <i class="spip">ce n'est pas parce qu'il est rationnel</i> que le positif <i class="spip">vaut</i> ; et comment le pourrais-je avec plus d'évidence qu'en démontrant que l'irrationnel est positif et que le positif n'est pas rationnel, en démontrant que le positif existe non <i class="spip">par la raison</i>, mais <i class="spip">malgré</i> la raison ? Si la raison était la <i class="spip">mesure du positif</i>, le positif ne serait pas la <i class="spip">mesure de la raison</i>. « Bien que ce soit de l'idiotie, c'est tout de même de la méthode. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-5" name="nh7-5" id="nh7-5" class="spip_note" title='[5] Shakespeare, Hamlet, II, 2.' >5</a>] Hugo <i class="spip">profane</i> donc tout ce que l'homme juridique, moral et politique considère comme sacré ; mais il ne brise ces statues que pour en faire des <i class="spip">reliques historiques</i> ; il ne les déshonore aux <i class="spip">yeux de la raison</i> que pour pouvoir, après coup, les rendre honorables aux yeux de l'histoire, mais aussi, pour mettre en honneur les <i class="spip">yeux</i> [<i class="spip">de l'école</i>] <i class="spip">historique</i>.</p> <p class="spip">Comme son principe, l'argumentation de Hugo est positive, <i class="spip">non critique</i>. Il ne connaît pas de <i class="spip">distinctions</i>. Pour lui, <i class="spip">toute existence</i> est <i class="spip">une autorité</i>, et toute autorité est un argument. Et c'est ainsi que, dans le même paragraphe, il cite Moïse et Voltaire, Richardson et Homère, Montaigne et Ammon, le <i class="spip">Contrat social</i> de Rousseau et la <i class="spip">Cité de Dieu</i> de saint Augustin. Le Siamois, qui considère comme un ordre éternel de la nature que son roi fasse coudre la bouche à un bavard et la fasse fendre jusqu'aux oreilles à un orateur maladroit, est, au jugement de Hugo, aussi <i class="spip">positif</i> que l'Anglais qui compte au nombre des paradoxes politiques que son roi établisse de son propre chef un impôt d'un penny. Le Conci sans pudeur, qui se promène tout nu et se couvre tout au plus de boue, est aussi positif que le Français qui, non content de s'habiller, s'habille élégamment. L'Allemand qui élève sa fille comme le bijou de la famille n'est pas plus positif que le Râjput [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-6" name="nh7-6" id="nh7-6" class="spip_note" title='[6] Habitants du nord de l'Inde, principalement de l'act. Rajasthan.' >6</a>] qui la tue pour ne pas l'avoir à nourrir. En un mot, <i class="spip">l'exanthème est aussi positif que la peau</i>.</p> <p class="spip">Ici, telle chose est positive, là, telle autre ; l'un est aussi irrationnel que l'autre ; accepte ce qui te convient.</p> <p class="spip">Hugo est un <i class="spip">sceptique achevé</i>. Le <i class="spip">scepticisme du <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle</i> à l'égard de la <i class="spip">rationalité de ce qui existe</i> apparaît chez lui comme scepticisme à l'égard de <i class="spip">l'existence de la raison</i>. Il accepte les Lumières : il ne voit <i class="spip">plus rien de rationnel dans le positif</i>, mais à seule fin de ne <i class="spip">plus rien voir de positif dans le rationnel</i>. Il est d'avis qu'on a éteint jusqu'à l'apparence de la raison dans le positif, afin de reconnaître le positif <i class="spip">sans</i> l'apparence de la raison ; il est d'avis qu'on a effeuillé les <i class="spip">fausses fleurs</i> des chaînes, afin de pouvoir porter de <i class="spip">vraies chaînes</i> sans fleurs. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-7" name="nh7-7" id="nh7-7" class="spip_note" title='[7] À rapprocher bien sûr des formules célèbres de la Contribution à la (...)' >7</a>]</p> <p class="spip">Hugo est, par rapport aux autres <i class="spip">Aufklärer</i> du <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> siècle, à peu près ce que la <i class="spip">dissolution de l'État français</i> à la <i class="spip">cour dépravée du régent</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-8" name="nh7-8" id="nh7-8" class="spip_note" title='[8] Philippe d'Orléans : neveu de Louis XIV, régent pendant la minorité de (...)' >8</a>] est par rapport à la dissolution de l'État français à l'<i class="spip">Assemblée nationale</i>. Des deux côtés il y a dissolution. Là, elle apparaît comme <i class="spip">frivolité dépravée</i>, qui comprend et raille le vide et le manque d'idées de l'état de chopes existant, mais uniquement pour, débarrassée de toutes les entraves rationnelles et morales, <i class="spip">s'amuser</i> avec les ruines déliquescentes et être poussée et désagrégée par le jeu de ces ruines. C'est la <i class="spip">putréfaction de la société d'alors qui jouit d'elle-même</i>. À l'<i class="spip">Assemblée nationale</i>, au contraire, la <i class="spip">dissolution</i> apparaît comme le <i class="spip">détachement de l'esprit nouveau</i> des <i class="spip">anciennes formes</i> qui n'étaient plus <i class="spip">dignes</i> ni <i class="spip">capables</i> de le contenir. C'est la <i class="spip">vie nouvelle qui prend conscience d'elle-même</i> ; elle <i class="spip">brise</i> ce qui <i class="spip">déjà était brisé</i>, et <i class="spip">rejette</i> ce qui <i class="spip">déjà était rejeté</i>. Si l'on peut considérer à juste titre la philosophie de Kant comme la théorie allemande de la révolution française, on peut voir dans le droit naturel de Hugo la théorie allemande de l'<i class="spip">ancien régime</i>* [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-9" name="nh7-9" id="nh7-9" class="spip_note" title='[9] En français dans le texte.' >9</a>] français. Nous trouvons chez lui toute la frivolité de ces <i class="spip">roués</i>* [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-10" name="nh7-10" id="nh7-10" class="spip_note" title='[10] Idem. Le Trésor de la langue française T.L.F. apporte cette précision (...)' >10</a>], le scepticisme <i class="spip">vulgaire</i> qui, insolent envers les idées, très respectueux envers les évidences, ne se rend compte de sa perspicacité que lorsqu'elle a tué l'<i class="spip">esprit du positif</i>, pour posséder comme résidu le positif pur et se délecter dans cet état <i class="spip">bestial</i>. Et même lorsqu'il pèse l'importance des motifs, Hugo trouve, avec un instinct sûr et infaillible, que ce qu'il y a de rationnel et de moral dans les institutions est <i class="spip">douteux</i> pour la raison. Seul l'<i class="spip">élément animal</i> apparaît à <i class="spip">sa raison</i> comme <i class="spip">indubitable</i>. Mais écoutons notre <i class="spip">Aufklärer</i> du point de vue de l'<i class="spip">ancien régime</i>* ! Hugo seul peut exposer les idées de Hugo. À toutes ses combinaisons, il faut ajouter : αὐτος ἔφα [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-11" name="nh7-11" id="nh7-11" class="spip_note" title='[11] « Lui-même l'a dit ».' >11</a>]</p> <hr class="spip" /> <div style="text-align:center;"><strong class="spip">INTRODUCTION</strong></div> <hr class="spip" /> <p class="spip"><i class="spip">La seule caractéristique juridique de l'homme, c'est sa nature animale.</i></p> <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;"><i class="spip">Chapitre de la liberté</i></div> <p class="spip">« L'être raisonnable subit même une <i class="spip">limitation de sa liberté</i> du simple fait qu'<i class="spip">il ne peut cesser à son gré d'être un être raisonnable</i>, c'est-à-dire un être qui peut et doit agir raisonnablement. »</p> <p class="spip">« <i class="spip">Le manque de liberté</i> ne modifie <i class="spip">en rien</i> la nature animale et raisonnable des individus qui ne sont <i class="spip">pas libres</i> et des <i class="spip">autres hommes</i>. <i class="spip">Tous les devoirs de conscience</i> subsistent. L'<i class="spip">esclavage</i> est possible non seulement <i class="spip">par nature</i>, mais encore <i class="spip">d'un point de vue rationnel</i>. Et dans toute recherche qui nous révèle le contraire, il y a eu forcément quelque malentendu. Mais il n'est pas <i class="spip">absolument juridique</i>, c'est-à-dire qu'il ne découle ni de la nature animale, ni de la nature rationnelle, ni de la nature civile. Mais qu'il puisse être <i class="spip">provisoirement légal</i>, <i class="spip">tout aussi bien que n'importe quel régime</i> admis par ses adversaires, c'est ce que montre la comparaison avec le <i class="spip">droit privé</i> et avec le <i class="spip">droit public</i>. » La preuve : « Pour ce qui est de la nature <i class="spip">animale</i>, l'homme <i class="spip">appartenant</i> à un riche qui subirait un dommage en le perdant et qui s'aperçoit de sa détresse est évidemment plus à l'abri du besoin que le pauvre que ses concitoyens exploitent aussi longtemps que possible, etc. » - « Le droit de <i class="spip">maltraiter</i> et de <i class="spip">mutiler</i> des esclaves n'est pas essentiel ; mais, le cas échéant, il n'est <i class="spip">guère pire</i> que le sort que les pauvres sont forcés de subir ; et même, si nous ne parlons que du <i class="spip">corps</i>, tout cela est moins mauvais que la <i class="spip">guerre</i> dont les esclaves, comme tels, doivent partout être exempts. La <i class="spip">beauté</i> même se trouve plutôt chez <i class="spip">une esclave circassienne</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-12" name="nh7-12" id="nh7-12" class="spip_note" title='[12] Circassien : nom donné en Occident aux peuples du nord-ouest du Caucase (...)' >12</a>] que chez <i class="spip">une mendiante</i>. » (Vieux paillard, va !)</p> <p class="spip">« Pour ce qui est de la nature <i class="spip">rationnelle</i>, l'esclavage présente sur la pauvreté cet avantage que le propriétaire dépensera plutôt quelque chose ne fût-ce que par <i class="spip">intérêt bien compris</i>, pour l'instruction d'un esclave, qui montre des aptitudes, qu'on ne le ferait pour un enfant mendiant. Sous une <i class="spip">constitution</i>, c'est précisément l'esclave qui échappe à bien des espèces d'oppression. L'esclave est-il plus malheureux que le prisonnier de guerre, avec qui son escorte n'a pas d'autre lien que d'être un certain temps responsable de lui ; ou plus malheureux que le prisonnier ordinaire, à qui le gouvernement a donné un geôlier ? »</p> <p class="spip">« L'esclavage est-il avantageux ou préjudiciable à la <i class="spip">propagation de l'espèce</i> ? La question est toujours en discussion. »</p> <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;"><i class="spip">Chapitre du mariage.</i></div> <p class="spip">« Le <i class="spip">mariage</i> a déjà souvent, dans la considération <i class="spip">philosophique</i> du droit positif, été regardé comme <i class="spip">beaucoup plus essentiel</i> et <i class="spip">beaucoup plus rationnel</i> qu'il n'apparaît à un <i class="spip">examen tout à fait libre</i>. »</p> <p class="spip">À la vérité, la <i class="spip">satisfaction de l'instinct sexuel</i> dans le mariage convient à M. Hugo. Il tire même de ce fait <i class="spip">une morale salutaire</i> : « D'après cela, comme d'après d'innombrables autres rapports, on <i class="spip">aurait dû voir</i> qu'il n'est pas toujours immoral de <i class="spip">traiter le corps d'un être humain comme un moyen en vue d'une fin</i>, selon l'interprétation fausse qu'on a, et même sans doute <i class="spip">Kant lui-même</i>, donné de cette formule. »</p> <p class="spip">Mais la sanctification de l'instinct sexuel par l'<i class="spip">exclusivité</i>, le refrènement de l'instinct par les lois, la <i class="spip">beauté morale</i> qui idéalise le commandement de la nature en motif de liaison spirituelle - l'<i class="spip">essence spirituelle</i> du mariage [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-13" name="nh7-13" id="nh7-13" class="spip_note" title='[13] Références aux paragraphes sur le mariage des Principes de la (...)' >13</a>] - c'est cela qui, pour M. Hugo, est le côté <i class="spip">inquiétant</i> du mariage. Mais avant de poursuivre plus avant sa <i class="spip">frivole impudeur</i>, écoutons un instant, vis-à-vis de l'Allemand <i class="spip">historien</i>, le Français <i class="spip">philosophe</i> :</p> <p class="spip">« C'est en renonçant pour un seul homme à cette réserve mystérieuse dont la règle divine est imprimée dans son cœur, que la femme se voue à cet homme, pour lequel elle suspend, dans un abandon momentané, cette pudeur qui ne la quitte jamais, pour lequel seul elle écarte les voiles qui sont d'ailleurs son asile et sa parure. De là cette confiance intime dans son époux, résultat d'une relation exclusive qui ne peut exister qu'entre elle et lui sans qu'aussitôt elle se sente flétrie ; de là dans cet époux la reconnaissance pour un sacrifice et ce mélange de désir et de respect qui, même en partageant ses plaisirs, ne semble encore que lui céder ; de là tout ce qu'il y a de <i class="spip">régulier</i> dans notre <i class="spip">ordre social</i>. » [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-14" name="nh7-14" id="nh7-14" class="spip_note" title='[14] Cité en français dans le texte, de Benjamin Constant, De la Religion, (...)' >14</a>]</p> <p class="spip">Ainsi parle le libéral philosophe français Benjamin Constant ! Et maintenant, écoutons le servile historien allemand :</p> <p class="spip">« Bien plus <i class="spip">inquiétante</i> est déjà la seconde circonstance, qu'<i class="spip">en dehors du mariage, la satisfaction de cet instinct</i> n'est <i class="spip">pas</i> permise ! <i class="spip">La nature animale est contraire à cette délimitation</i>. La nature <i class="spip">rationnelle</i> l'est encore davantage, parce que... (devinez !)... parce qu'un être humain devrait être <i class="spip">presque omniscient</i> pour prévoir quel en sera le succès, parce que c'est donc <i class="spip">tenter Dieu</i> que de s'obliger à ne satisfaire un des instincts les plus véhéments de la nature que lorsqu'on le peut avec une certaine autre personne ! » « Le <i class="spip">sentiment du beau</i>, qui est <i class="spip">libre</i> par la nature, serait limité, et ce qui dépend de lui en serait complètement séparé ! »</p> <p class="spip">Voyez à <i class="spip">quelle école</i> sont allés nos <i class="spip">Jeunes Allemands</i> !</p> <p class="spip">« Cette institution se heurte avec la nature de la <i class="spip">société civile</i> en ce qu'en somme... la <i class="spip">police</i> assume une <i class="spip">tâche quasi inexécutable</i> ! »</p> <p class="spip">Maladroite philosophie de n'avoir pas de ce genre d'attentions pour la <i class="spip">police</i> !</p> <p class="spip">« Tout ce qui va se présenter dans la suite des dispositions de détail du droit matrimonial nous enseigne que le mariage, quels que soient les principes qu'on y admette, demeure une <i class="spip">institution bien imparfaite</i>. »</p> <p class="spip">« Cette limitation de l'instinct sexuel au mariage a d'ailleurs <i class="spip">aussi</i> ses avantages <i class="spip">considérables</i>, en ce que, grâce à elle, seront habituellement <i class="spip">évitées des maladies contagieuses</i>. Le <i class="spip">mariage</i> épargne au gouvernement une vaste extension. Enfin entre encore en ligne de compte cette <i class="spip">considération</i> pourtant si importante, que l'élément <i class="spip">droit privé</i> y est décidément <i class="spip">le seul habituel</i>. » « <i class="spip">Fichte dit</i> : La personne non mariée n'est un être humain <i class="spip">qu'à moitié</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-15" name="nh7-15" id="nh7-15" class="spip_note" title='[15] In Système de l'éthique.' >15</a>]. J'ai, moi (Hugo, bien entendu), un véritable regret à devoir déclarer qu'un bel apophtegme comme celui-là, qui me mettrait d'ailleurs moi-même bien au-dessus du Christ, de Fénelon, de Kant, est une <i class="spip">monstrueuse exagération</i>. »</p> <p class="spip">« En ce qui concerne la mono- et polygamie, ce qui importe est <i class="spip">évidemment</i> la nature <i class="spip">animale</i> de l'être humain. » ( !!)</p> <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;">Chapitre de l'éducation</div> <p class="spip">Nous apprenons immédiatement « que l'art de l'éducation n'a pas à faire moins d'objections aux conditions juridiques de l'éducation familiale que l'<i class="spip">art d'aimer</i> n'en a à en faire au <i class="spip">mariage</i> ».</p> <p class="spip">« La difficulté qui provient de ce qu'on ne peut faire de l'éducation que dans ces conditions est beaucoup moins grande que lorsqu'il s'agit de satisfaire l'instinct sexuel. Il est permis, en effet, de confier, par contrat, l'éducation à un tiers. De telle sorte que quiconque se sent vraiment poussé de ce côté peut facilement arriver à satisfaire son désir, mais pas toujours, il est vrai, avec la <i class="spip">personne particulière</i> de son choix. Mais il est déjà contraire à la raison qu'une personne, à qui l'on ne confierait certainement jamais d'enfant, puisse, en vertu de cet accord, diriger l'éducation et en exclure autrui. Enfin il peut, même dans ce système, y avoir contrainte, soit que le droit positif ne permette pas à l'éducateur de dénoncer cet accord, soit que l'enfant à élever se trouve obligé de se confier précisément aux soins de tel ou tel maître. » « La réalité de ce rapport est fondée, la plupart du temps, sur le <i class="spip">simple hasard</i> de la naissance qui, par le <i class="spip">mariage</i>, établit un lien avec le <i class="spip">père</i>. De toute évidence, ce <i class="spip">mode d'origine</i> n'est pas très rationnel : il se produit d'ordinaire une <i class="spip">préférence</i> qui, à elle seule, fait obstacle à une bonne éducation. Ce mode n'est d'ailleurs pas absolument nécessaire : n'élève-t-on pas des enfants dont les parents sont morts ? »</p> <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;"><i class="spip">Chapitre du droit privé</i></div> <p class="spip">Au paragraphe 107 nous apprenons que « <i class="spip">la nécessité du droit privé n'est somme toute qu'une nécessité imaginaire</i> ».</p> <div style="text-align:center;">*</div> <div style="text-align:center;"><i class="spip">Chapitre du droit public</i></div> <p class="spip">« C'est un <i class="spip">devoir sacré de conscience d'obéir à l'autorité qui détient le pouvoir</i>. » - « Pour ce qui est de la <i class="spip">répartition du pouvoir de gouvernement</i>, il est évident que <i class="spip">nulle</i> constitution particulière n'est absolument légale ; mais elle <i class="spip">toute</i> constitution l'est <i class="spip">provisoirement</i>, quelle que soit la <i class="spip">répartition du pouvoir de gouvernement</i>. »</p> <p class="spip">Hugo n'a-t-il pas démontré que l'homme peut secouer jusqu'à la <i class="spip">dernière entrave de la liberté</i>, celle d'être un <i class="spip">être raisonnable</i> ?</p> <p class="spip">Ces quelques extraits, tirés du <i class="spip">manifeste philosophique de l'école historique</i>, suffisent, croyons-nous, à remplacer par un verdict historique les imaginations nullement historiques, les vagues rêveries sentimentales et les fictions délibérées, relatives à l'école historique. Ils suffisent à décider si les <i class="spip">successeurs de Hugo</i> ont la <i class="spip">mission</i> d'être les <i class="spip">législateurs de notre époque</i>. [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-16" name="nh7-16" id="nh7-16" class="spip_note" title='[16] Référence au titre de l'opuscule de F. C. von Savigny : Vom Beruf unserer (...)' >16</a>]</p> <p class="spip">Ce <i class="spip">grossier arbre généalogique</i> de l'école historique a été, il est vrai, dans le cours du temps et de la culture, enveloppé de brume par les <i class="spip">élucubrations fumeuses du mysticisme</i> ; le <i class="spip">romantisme</i> y a apporté toutes sortes de fioritures fantaisistes ; la <i class="spip">spéculation</i> lui a inoculé son virus ; et tous les fruits de l'<i class="spip">érudition</i>, on les a fait tomber de l'arbre, séchés et entassés avec ostentation dans le magasin, aux provisions de l'érudition allemande. Mais il suffit d'un tout petit peu de <i class="spip">critique</i> pour retrouver, derrière toutes les phrases modernes aux agréables senteurs, les vieilles idées malpropres de notre philosophe d'<i class="spip">ancien régime</i>* [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-17" name="nh7-17" id="nh7-17" class="spip_note" title='[17] En français dans le texte.' >17</a>], et derrière toutes ces exagérations onctueuses, sa trivialité de mauvais aloi.</p> <p class="spip">Lorsque Hugo dit : « L'élément <i class="spip">animal</i> est la caractéristique <i class="spip">juridique</i> de l'<i class="spip">homme</i> », donc : le droit est un droit <i class="spip">animal</i>, les <i class="spip">modernes</i> cultivés emploient, à la place de l'expression franche et brutale droit « animal », cette autre expression droit « organique ». Quel est, en effet, l'homme qui, en parlant d'<i class="spip">organisme</i>, pense immédiatement à l'<i class="spip">organisme animal</i> ? Lorsque Hugo dit que, dans le <i class="spip">mariage</i> et les autres institutions de <i class="spip">droit moral</i>, il n'y a <i class="spip">pas de raison</i>, les <i class="spip">modernes</i> disent que ces institutions, tout en <i class="spip">n'étant pas des créations de la raison humaine</i>, sont des reflets d'une raison « positive » supérieure ; et ainsi de suite sur les autres chapitres. Il n'est <i class="spip">qu'un</i> résultat que <i class="spip">tous</i> énoncent avec la même brutalité : <i class="spip">le droit du pouvoir arbitraire</i>.</p> <p class="spip">Les théories juridiques et historiques de Haller, Stahl, Léo et consorts ne sont en somme que des <i class="spip">codices rescripti</i> [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb7-18" name="nh7-18" id="nh7-18" class="spip_note" title='[18] Palimpsestes.' >18</a>] du <i class="spip">droit naturel de Hugo</i>, et où l'<i class="spip">analyse critique</i> a tôt fait de dévoiler, très lisible, le vieux <i class="spip">texte original</i>.</p> <p class="spip">Et toutes les <i class="spip">tentatives de palliation</i> restent d'autant plus vaines que nous possédons toujours le <i class="spip">vieux manifeste</i> qui, s'il n'est pas <i class="spip">intelligent</i>, est du moins très <i class="spip">intelligible</i>.</p> <div style="text-align:center;">*</div></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-1" name="nb7-1" class="spip_note" title="info notes 7-1">1</a>] David Borisovitch Riazanov (1870-1938), savant et militant bolchevik, il a consacré une grande partie de sa vie à l'édition des œuvres de Marx et Engels, et initia à Moscou la première édition complète de leurs écrits (<i class="spip">Marx-Engels Gesammt-Ausgabe</i> ou M.E.G.A.). Il édita également Diderot, Hegel... Il périt (fusillé) à la suite des purges des années 30.</p><p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-2" name="nb7-2" class="spip_note" title="info notes 7-2">2</a>] Gustav von Hugo (1764-1844), juriste allemand, fondateur de l'école historique du droit principalement représentée à sa suite par Friedrich Carl von Savigny (1779-1861), professeur de droit puis (à partir de 1843) ministre de la Justice de la Prusse. Avec von Haller, Hugo et Savigny sont les principaux adversaires de Hegel (dans les <i class="spip">Principes de la philosophie du droit</i>, 1821) et de Gans (dont les ouvrages sur le droit de succession (1824) et sur la propriété (1829) s'opposent directement à ceux de Hugo et Savigny).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-3" name="nb7-3" class="spip_note" title="info notes 7-3">3</a>] Papageno : personnage d'oiseleur de la <i class="spip">Flûte enchantée</i> de Mozart, représenté vêtu de plumes.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-4" name="nb7-4" class="spip_note" title="info notes 7-4">4</a>] Référence de Marx à l'écrit de F. C. von Savigny à l'occasion du jubilé de Hugo (cinquante ans d'enseignement, 1838).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-5" name="nb7-5" class="spip_note" title="info notes 7-5">5</a>] Shakespeare, <i class="spip">Hamlet</i>, II, 2.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-6" name="nb7-6" class="spip_note" title="info notes 7-6">6</a>] Habitants du nord de l'Inde, principalement de l'act. Rajasthan.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-7" name="nb7-7" class="spip_note" title="info notes 7-7">7</a>] À rapprocher bien sûr des formules célèbres de la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel : « <i class="spip">La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple.</i> [...] <i class="spip">La critique a effeuillé les fleurs imaginaires qui couvraient la chaîne, non pas pour que l'homme porte la chaîne prosaïque et désolante, mais pour qu'il secoue la chaîne et cueille la fleur vivante.</i> » En août 1842, Marx ne pouvait espérer publier de telles formules, dans un journal soumis à la censure prussienne (et qui en périra un an plus tard) : si l'histoire célèbre de la saisie, par la douane, de la moitié des exemplaires des <i class="spip">Annales franco-allemandes</i> où figuraient ces formules, prête aujourd'hui à sourire, elle souligne encore la précarité de cette situation éditoriale.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-8" name="nb7-8" class="spip_note" title="info notes 7-8">8</a>] Philippe d'Orléans : neveu de Louis XIV, régent pendant la minorité de Louis XV (de 1715 à 1722).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-9" name="nb7-9" class="spip_note" title="info notes 7-9">9</a>] En français dans le texte.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-10" name="nb7-10" class="spip_note" title="info notes 7-10">10</a>] Idem. Le <i class="spip">Trésor de la langue française</i> <a href="http://atilf.atilf.fr/tlf.htm" class="spip_out">T.L.F.</a> apporte cette précision historique : « Les roués. Compagnons de plaisir du régent Philippe d'Orléans ; ceux qui eurent la même conduite à cette époque. “La débauche alors [sous Mazarin] était tout aussi monstrueuse qu'elle avait été au temps des mignons, ou qu'elle fut plus tard au temps des roués” (Sainte-Beuve, <i class="spip">Portr. femmes</i>, 1844, p. 6). [...] Personne sans principes et sans mœurs, notamment dans les relations amoureuses mais généralement de manières distinguées et spirituelles. “La corruption, les mauvaises mœurs, les élégances de roué sont naturelles et ne s'apprennent pas” (Chateaubriand, <i class="spip">Mém.</i>, t. 2, 1848, p. 704).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-11" name="nb7-11" class="spip_note" title="info notes 7-11">11</a>] « Lui-même l'a dit ».</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-12" name="nb7-12" class="spip_note" title="info notes 7-12">12</a>] Circassien : nom donné en Occident aux peuples du nord-ouest du Caucase (littoral entre Mer Noire et Abkhazie), jusqu'à leur dispersion, dans la seconde moitié du <span style="font-variant: small-caps">xix</span><sup>e</sup> siècle, du fait de la conquête russe.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-13" name="nb7-13" class="spip_note" title="info notes 7-13">13</a>] Références aux paragraphes sur le mariage des <i class="spip">Principes de la philosophie du droit</i> de Hegel (§§161-169).</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-14" name="nb7-14" class="spip_note" title="info notes 7-14">14</a>] Cité en français dans le texte, de Benjamin Constant, <i class="spip">De la Religion</i>, Paris, 1826, livre II, chap. 2, pp. 172-173.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-15" name="nb7-15" class="spip_note" title="info notes 7-15">15</a>] In <i class="spip">Système de l'éthique</i>.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-16" name="nb7-16" class="spip_note" title="info notes 7-16">16</a>] Référence au titre de l'opuscule de F. C. von Savigny : <i class="spip">Vom Beruf unserer Zeit für Gesetzgebung und Rechtswissenschaft</i> [De la Vocation de notre temps pour la législation et la jurisprudence] (1814), où est exposée sa théorie du droit, et à la récente nomination du même Savigny comme ministre de la Justice (« Grand Chancelier ») de Prusse, dont il réforme le droit.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-17" name="nb7-17" class="spip_note" title="info notes 7-17">17</a>] En français dans le texte.</p> <p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh7-18" name="nb7-18" class="spip_note" title="info notes 7-18">18</a>] Palimpsestes.</p></div> Patrick KESSEL http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article92 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article92 2008-11-14T09:45:59Z text/html fr Secrétariat La bibliothèque Patrick KESSEL à Chauvigny Neveu du romancier Joseph Kessel, Patrick Kessel, né le 14 septembre 1929, fut pendant plusieurs années journaliste d'abord à France-Soir puis successivement à Paris-Match, L'Express, Libération (de la première époque), France Observateur (entre 1948 et le début des années 1960). Écrivain, son premier roman paraît chez Julliard (Le Bénéfice du doute, 1955). Le second, Les Ennemis publics (Julliard, 1957, rééd. L'Harmattan, 2003), restitue son itinéraire dans le milieu du journalisme et provoque de nombreux (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique23" rel="directory">La bibliothèque Patrick KESSEL à Chauvigny</a> <div class='rss_texte'><div class='spip_document_119 spip_documents spip_documents_left' style='float:left;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/jpg/PK.jpg" type="image/jpeg" title='JPG - 29.7 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-112x150/PK-112x150-112x150.jpg' width='112' height='150' alt="JPG - 29.7 ko" /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Patrick Kessel </strong></div></div> <p class="spip">Neveu du romancier Joseph Kessel [<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nb8-1" name="nh8-1" id="nh8-1" class="spip_note" title='[1] Jean Patrick Kessel du côté de son état civil n'a rien à voir avec Patrick (...)' >1</a>], Patrick Kessel, né le 14 septembre 1929, fut pendant plusieurs années journaliste d'abord à <i class="spip">France-Soir</i> puis successivement à <i class="spip">Paris-Match</i>, <i class="spip">L'Express</i>, <i class="spip">Libération</i> (de la première époque), <i class="spip">France Observateur</i> (entre 1948 et le début des années 1960). Écrivain, son premier roman paraît chez Julliard (<i class="spip">Le Bénéfice du doute</i>, 1955). Le second, <i class="spip">Les Ennemis publics</i> (Julliard, 1957, rééd. L'Harmattan, 2003), restitue son itinéraire dans le milieu du journalisme et provoque de nombreux commentaires. Il dénonce dans plusieurs articles - dont certains censurés - la guerre d'Algérie et signe un petit ouvrage consacré au général Bugeaud, « soldat de l'ordre » (EFR, 1958). Cet intérêt pour la lutte du peuple algérien débouche sur un travail commun avec l'Italien Giovanni Pirelli, <i class="spip">Le Peuple algérien et la guerre</i> (Maspéro, 1963, rééd. L'Harmattan, 2003), recueil de témoignages dans la lignée de ses articles parus quelques années plus tôt. Au début des années 1960 il est l'administrateur de Révolution (1963-1965) lancée par Jacques Vergès, revue solidaire des combats des pays du Tiers-Monde et une des premières à introduire des textes « pro-chinois ».</p> <div class='spip_document_120 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/png/pkpfam.png" type="image/png" title='PNG - 241.5 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-128x150/pkpfam-128x150-128x150.png' width='128' height='150' alt="PNG - 241.5 ko" /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:128px;'><strong>Le Prolétariat français avant Marx - 1</strong></div></div> <p class="spip">Pendant ces mêmes années, il s'intéresse de près à l'histoire de la Révolution française et des mouvements ouvriers du <span style="font-variant: small-caps">xix</span><sup>e</sup> siècle. Il est l'auteur d'une histoire remarquée de <i class="spip">La Nuit du 4 août 1789</i> (1969, Arthaud). Albert Soboul comme Jean Tulard reconnurent la qualité de cet ouvrage, le seul en français de ce type consacré à la célèbre nuit de l'abolition des privilèges. Il élabore une vaste fresque de l'histoire du prolétariat du <span style="font-variant: small-caps">xviii</span><sup>e</sup> au <span style="font-variant: small-caps">xx</span><sup>e</sup> siècle dont seul le premier tome paraîtra (<i class="spip">Le Prolétariat français avant Marx</i>, Plon, 1968). En parallèle il débute une collaboration régulière avec Christian Bourgois en publiant plus d'une dizaine d'ouvrages dans la collection « 10/18 » tout au long des années 1970. Ces recueils de textes sont essentiellement tournés vers l'histoire des mouvements révolutionnaires, depuis la révolution française (<i class="spip">Les « Gauchistes » de 89</i>, 1969) jusqu'aux débats les plus contemporains (<i class="spip">Le Mouvement « maoïste » en France</i>, deux tomes, 1972-1978 ; <i class="spip">Les Communistes albanais contre le révisionnisme</i>, 1974), en passant par une grande variété de textes historiques (sur la Commune de Paris, l'échange de correspondances entre Sacco et Vanzetti...). Il est alors proche d'une sensibilité dite « marxiste-léniniste » à laquelle il restera fidèle. Lui-même éditeur à partir de 1972 avec le « Nouveau Bureau d'Édition », il publie de nombreux ouvrages de cette mouvance avec une importante ouverture sur l'international (Chine, Albanie, Chili, Guadeloupe, Allemagne...). Il ouvre dans le même temps à partir de 1978 « La Librairie internationale » (rue Boulard, dans le 14e arrondissement de Paris) et édite un <i class="spip">Bulletin international</i> (1ère série) qui cesse de paraître en même temps que ferme la librairie en 1985-86.</p> <p class="spip">Jamais membre, à l'exception d'une brève période, d'un parti politique, il concevait son engagement éditorial et politique comme « compagnon de route » d'une cause mais en gardant toujours une indépendance qui lui permit d'être l'éditeur, le journaliste, le militant, l'historien que l'on connaissait.</p> <div class='spip_document_121 spip_documents spip_documents_right' style='float:right;'> <a href="http://philosophie-chauvigny.org/IMG/jpg/pkgacsr.jpg" type="image/jpeg" title='JPG - 15.4 ko'><img src='http://philosophie-chauvigny.org/IMG/cache-99x150/pkgacsr-99x150-99x150.jpg' width='99' height='150' alt="JPG - 15.4 ko" /></a> <div class='spip_doc_titre' style='width:120px;'><strong>Guerre d'Algérie - Ecrits censurés, saisis, refusés</strong></div></div> <p class="spip">Habitant en Sarthe depuis le début des années 1990, il reprenait la publication du <i class="spip">Bulletin international</i> (2e série) et animait un collectif qui visait à fonder un centre d'études sur les mouvements ouvriers et paysans à l'aide d'une importante bibliothèque qu'il avait constituée tout au long de son existence. Il avait récemment publié ses textes sur la guerre d'Algérie jadis censurés (<i class="spip">Guerre d'Algérie. Écrits censurés, saisis, refusés</i>, L'Harmattan, 2003). Il continua jusqu'à ses derniers jours à porter un grand intérêt à l'histoire, notamment à celle du Parti communiste français. Il préparait un ouvrage volumineux, <i class="spip">Aux couleurs de la France : le gâchis communiste</i> où il devait traiter du rapport du PCF aux questions nationales et coloniales.</p></div> <hr /> <div class='rss_notes'><p class="spip_note">[<a href="http://philosophie-chauvigny.org/#nh8-1" name="nb8-1" class="spip_note" title="info notes 8-1">1</a>] Jean Patrick Kessel du côté de son état civil n'a rien à voir avec Patrick Kessel, journaliste et ancien grand maître du Grand Orient de France.</p></div> M. Patrick KESSEL - une brève présentation du fonds http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article89 http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?article89 2008-10-12T16:42:16Z text/html fr Secrétariat La bibliothèque Patrick KESSEL à Chauvigny Extraits d'un entretien avec Patrick Kessel : <br />« ... cette bibliothèque n'est pas le fruit d'une accumulation sauvage. Elle est issue de différents événements, dont le plus ancien est un petit livre sur Bugeaud “soldat de l'ordre” publié en 1958 chez les Éditeurs Français Réunis. Viennent ensuite deux projets : le premier sur La Nuit du 4 août 1789 (Arthaud 1969) puis une Histoire du prolétariat français avant Marx (Plon 1968). Ce livre devait avoir une suite … ce qui explique une première accumulation (...) - <a href="http://philosophie-chauvigny.org/spip.php?rubrique23" rel="directory">La bibliothèque Patrick KESSEL à Chauvigny</a> <div class='rss_texte'><hr class="spip" /> <p class="spip"><i class="spip">Extraits d'un entretien avec Patrick Kessel :</i></p> <p class="spip">« ... cette bibliothèque n'est pas le fruit d'une accumulation sauvage. Elle est issue de différents événements, dont le plus ancien est un petit livre sur <i class="spip">Bugeaud “soldat de l'ordre”</i> publié en 1958 chez les Éditeurs Français Réunis. Viennent ensuite deux projets : le premier sur <i class="spip">La Nuit du 4 août 1789</i> (Arthaud 1969) puis une <i class="spip">Histoire du prolétariat français avant Marx</i> (Plon 1968). Ce livre devait avoir une suite … ce qui explique une première accumulation concernant la fin du 19e siècle et le début du 20e.</p> <p class="spip">Ce projet fut abandonné jusqu'à aujourd'hui et commença une série de livres publiés en 10/18 de 1969 à 1978 : textes choisis sur La Commune de Paris, Staline, Lénine (avec le texte de Kautsky), Mao Tse-toung, Liou Shao-Chi, une histoire du mouvement “maoïste” (2 volumes couvrant la période 1963 à 1968), deux livres sur l'Albanie, les “gauchistes de 89”…</p> <p class="spip">En 1962 un gros volume de documents algériens (<i class="spip">Le Peuple algérien et la guerre</i>) aux Éditions Maspero et republié chez l'Harmattan avec un “roman”, <i class="spip">Les Ennemis publics</i>, de fait une charge contre <i class="spip">Match</i> (traduit en russe, albanais, tchèque).</p> <p class="spip">Un autre événement a été l'achat dans une librairie d'occasions d'archives sur les démocraties populaires provenant de la bibliothèque de <i class="spip">l'Humanité</i> : en gros des années 1947 jusqu'en 1957 comprenant notamment les bulletins en français des CC, particulièrement de Pologne. Cette partie de la bibliothèque a été complétée par des livres, des brochures concernant la Yougoslavie, et des fonds spécifiques sur Cuba (brochures, journaux en français) les USA et le Canada.</p> <p class="spip">Dans le cadre d'un travail particulier sur le PCF - inachevé - j'ai eu également l'opportunité d'acheter brochures et journaux par exemple lors de ventes réservées provenant des archives de l'Institut Maurice-Thorez et organisées Bd Blanqui. Collection développée par des acquisitions de revues : Cahiers du Bolchevisme, Cahiers du Communisme, La Pensée, Démocratie nouvelle, La Nouvelle Critique … le plus souvent à partir des numéros 1. Collection de brochures, 650 dont 140 d'avant-guerre.</p> <p class="spip">Mon activité fin des années 70 début des années 80 en tant que libraire très spécialisé m'a mis en rapport avec des organisations d'Afrique et d'Amérique du Sud (notamment Chili) ainsi qu'avec la Guadeloupe. Le résultat est l'existence de nombreux journaux, revues. De même acquisition de journaux et brochures de pays de l'Europe de l'Ouest, principalement RFA, Espagne, Italie, Portugal, Angleterre… Cette diversité était également due, en dehors de mes intérêts particuliers, à la mise en place d'une association, le Centre d'Etude sur le Mouvement Ouvrier et Paysan International, Association dont les activités furent mises en sommeil après la fermeture de la librairie.</p> <p class="spip">Un secteur particulièrement important concerne l'URSS. Un autre la Chine, l'Albanie... Pour l'URSS beaucoup de livres - une partie d'avant 1941 - journaux et revues, brochures, Editions de Moscou. Et des textes sur l'URSS.</p> <p class="spip">La France n'est bien entendu pas oubliée, y compris largement le mouvement syndical. Un spectre large. Par exemple des bulletins intérieurs d'organisations nées des scissions de la SFIO (1956) jusqu'à la création du Parti Socialiste.</p> <p class="spip">Les différents listings disponibles permettent certainement de mieux évaluer cette “accumulation” ! »</p></div>