Société chauvinoise de philosophie
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[J. D’Hondt 1992b-fr] Le meilleur des mondes de Marx

dimanche 26 avril 2009

Le meilleur des mondes de Marx, in Albert Heinekamp, André Robinet (dir.), Leibniz, le meilleur des mondes, table ronde au domaine de Seillac (Loir-et-Cher), 7 au 9 juin 1990, Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Gesellschaft, Centre national de la recherche scientifique, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1992, pp. 271-294.

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dhondt1992b-fr.pdf

Document en version française (dhondt1992b-fr.pdf) téléchargeable.

N.B. : n’hésitez pas à nous signaler les fautes et coquilles que vous constateriez !



[Extraits]

« Il ne s’agit donc pas, chez Marx, du meilleur des mondes possibles, mais de la possibilité d’un monde meilleur. Quant à l’accès à ce monde meilleur, Marx a toujours considéré qu’il serait long, difficile, dramatique, douloureux.

[...]

Leibniz appelait lui aussi un progrès humain, et un avenir différent du présent : ne disait-il pas que « le présent est gros de l’avenir (Die Gegenwart ist schwanger mit der Zukunft) » ? Aux hommes à qui il conseillait d’unir la pratique à la théorie (Theoria cum praxi) il savait donner l’exemple de l’activité créatrice, novatrice, d’une manière éminente.

À y bien réfléchir, on découvre alors une parenté peut-être plus profonde entre Marx et Leibniz. Dans chaque monde qui périt de son inconvénient propre, Marx sait lire les prémisses d’un monde meilleur. L’« inconvénient » d’un monde est la condition de possibilité de ce qu’il y aura de meilleur chez son successeur. De ce point de vue global, le monde réel qui offre au genre humain toutes les possibilités d’action et de pensée n’est-il pas en fin de compte, malgré ses tourments, ou même à cause d’eux, le meilleur possible ? Il l’est aussi en ce sens que les hommes se montrent tout-à-fait incapables d’en imaginer un autre, qui serait radicalement différent. Liés à son destin, ils font inéluctablement partie de ce monde, et leur imagination même la plus débridée ne peut puiser qu’en lui son élan et ses matériaux.

Cette vue reste bien sûr très difficile à soutenir pour ceux qui en subissent les horreurs monstrueuses.

Le théoricien, lui, semble les assumer, en alléguant sans doute qu’il ne peut faire autrement : mais il n’en reconnaît pas moins une bonté du mal.

[...]

Alors, quand nous entendons déclarer textuellement : « Plus le capital se renforce, plus se renforce aussi la classe des salariés, et plus se rapproche donc la fin de la domination des capitalistes. Je nous souhaite donc, à nous autres Allemands, un allègre développement de l’économie capitaliste, et pas du tout sa stagnation dans l’immobilité », ou encore, plus crûment : « Sans esclavage antique, pas de socialisme moderne » – alors nous nous surprenons à redouter que Marx et Engels ne finissent par entonner le cantique fameux : « O felix culpa » ... ! Ils l’avaient bien un peu accompagné, en sourdine... »


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